Sazen Tange(丹下 左膳, Tange Sazen?) est un personnage de fiction de la littérature et du cinéma japonais. Le personnage désigne un samouraï du clan Sōma qui perd un œil et un bras à la suite d'une trahison et vit après cela comme un rōnin nihiliste en utilisant le pseudonyme « Sazen ».
Tange Sazen apparaît pour la première fois sous la plume de Hayashi Fubō — écrivain prolifique prématurément mort d'une crise cardiaque à 35 ans — comme personnage secondaire dans le roman Shinpan Ōoka seidan(ja) qui décrit les exploits du magistrat Ōoka Echizen, publié en feuilleton d' à dans les pages du Mainichi Shinbun[1],[2]. Hayashi Fubō s'inspire pour ce personnage d'un véritable samouraï handicapé du clan Date en recueillant des détails historiques auprès d'un spécialiste du jidai mono[1].
Personnage secondaire à la base, Tagen Sazen fascine les lecteurs du journal grâce aux illustrations de Tomiya Oda(ja) qui exaltent son « côté diabolique », si bien que Hayashi Fubō développe le personnage dans ses écrits tout en conservant une part de mystère quant à ses origines[1]. Au début Tange Sazen est donc un personnage plutôt négatif, dont les difformités induisaient une nature intrinsèquement diabolique, dépeint comme un samouraï incapable de contrôler ses émotions[1].
Tagen Sazen devient si populaire auprès du public que trois sociétés de production — Tōa Kinema(ja), Makino Production(ja) et Nikkatsu — réalisent conjointement des films à suite de ses aventures en 1928[3], les plus populaires d'entre eux sont dirigés par Daisuke Itō à la Nikkatsu, avec Denjirō Ōkōchi en vedette. Itō modifie quelque peu le personnage pour en faire le héros de sa trilogie, Tagen Sazen devient un samouraï que la trahison de son maître conduit à la folie et à l'accomplissement d'une meurtrière vengeance avec l'appui tacite du magistrat Ōoka Echizen. Il va au bout du caractère tragique du personnage en concluant son récit par son suicide[1].
En 1935, le film Le Pot d'un million de ryō devait initialement être réalisé par Daisuke Itō, mais le projet est soudainement confié à Sadao Yamanaka car Itō quitte la Nikkatsu pour la Daiichi Eiga[4]. Sadao Yamanaka adopte un style complètement différent de son prédécesseur et présente Denjirō Ōkōchi dans le rôle d'un Tange Sazen comique, parodie du personnage original. Le « monstre Sazen » devient un gentil qui aime les enfants, ce dont il a honte, si bien qu'il joue les durs pour essayer de montrer à la femme avec qui il vit qu'il les déteste[4].
Après la mort de Hayashi Fubō en 1935, l'écrivain et scénariste Matsutarō Kawaguchi prend la relève[2] et couche sur le papier les péripéties qui ont pu amener Tange Sazen à perdre son bras et son œil. Tange Sazen doit ses mutilations à un double sabre que son maître lui a ordonné de retrouver et qui envoûte peu à peu son esprit[1]. Recueilli et soigné par une jeune femme, il devient dès lors un rōnin, paria de la société féodale et finalement un « yakuza justicier »[1].
Le personnage de Kiyomasa Senji dans le manga Deadman Wonderland évoque sa ressemblance avec Tange Sazen à la suite de la perte de son bras droit et d'un œil[34].
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Tange Sazen » (voir la liste des auteurs).
↑ ab et c(en) Satsuo Yamamoto (trad. Chia-ning Chang), My Life as a Filmmaker : Numéro 80 de Michigan Monograph Series in Japanese Studies, Ann Arbor, Mich., University of Michigan Press, , 259 p. (ISBN978-0-472-05333-9, lire en ligne), p. 100