À l’époque médiévale, plusieurs sous-ensembles composent le territoire de la principauté talmondaise : le Curzonnais, le Brandois, le pays des Olonnes et le Talmondais stricto sensu[2].
Divisions administratives et intercommunales
Aussi, il existe un Talmondais administratif et politique qui intègre l’ensemble des communes du canton de Talmont[Note 1]. Ce sujet, à cheval entre le Bocage, le Marais et la Plaine, a fait l’objet d’une étude de cas dans le Tableau politique d’André Siegfried (1913), représentant, selon lui, une miniature du département de la Vendée au regard des comportements électoraux de ses habitants en fonction de leur mode d’occupation des sols[5].
Dans une dimension géographique plus restreinte, le Pays talmondais se définit d’abord par le littoral. Il est l’un des petits pays côtiers traditionnels de la Vendée, situé entre le pays des Olonnes et celui de La Tranche-sur-Mer, voire celui de Jard-sur-Mer, suivant les définitions[9],[10]. À l’arrière-pays, ses contours sont en revanche plus flous pour Jean Renard, même si l’on admet que le Marais poitevin constitue sa borne paysagèreméridionale[3]. Néanmoins, dans son article sur le territoire talmondais publié dans les Cahiers nantais en 2001 (nos 55 et 56), le géographe cite Angles ainsi que toutes les communes du canton de Talmont-Saint-Hilaire dans le périmètre du pays[Note 2].
Dans la Notitia Galliarum, Adrien de Valois suggère que le nom viendrait de Talamundus, le premier détenteur du territoire. Quant au pouillé de dom Fonteneau, il évoque un Talamonum Castrum (« château de Talmont ») vers 1020, et donne au toponyme une origine celtique signifiant « hauteur » et « courbure de rivière »[15]. Pour le spécialiste de l’onomastique Stéphane Gendron, l’étymologie de Talmont en « talon du monde » est fantaisiste[16].
Le pays désignant la région autour de Talmont est appelé le Talmondais[17].
Près des côtes, du XVIIIe siècle au XXe siècle, des érudits et des scientifiques ont découvert plusieurs traces géologiques anciennes. Une mine d’argent et de plomb est par exemple découverte en 1775 aux Sarts, sur la paroisse de Saint-Hilaire-de-Talmont[23]. En 1935, menant une étude sur la côte de Bourgenay, l’érudit Edmond Bocquier (1881-1935) découvre des traces assimilées à celles de pieds. Elles ont fait l’objet d’une présentation par l’ingénieur Gilbert Bessonat à l’Institut géologique Albert-de-Lapparent, en 1963. Pour deux de ses membres, les empreintes rappelaient celle du dinosaureCheirotherium[24].
La zone sud est marquée par un maraisquaternaire traversé en partie par le Lay, des environs du Bouil, extrémité sud-ouest de la côte de Longeville-sur-Mer, à Moricq, à Angles. Entre celle-ci et le bocage sur socle ancien, au nord du Talmondais — borné approximativement par une ligne courbée allant de Port-Bourgenay, à Talmont-Saint-Hilaire, aux Rabretières, sur la commune du Bernard —, s’étend un couloir de plainecalcaire d’une dizaine de kilomètres de largeur[25].
Économie
Agriculture
Au Moyen Âge, les activités sont concentrées autour des rives des marais côtiers (Payré, ruisseau de l’Île-Bernard), autour de villages. Elles sont diversifiées et incluent l’agriculture, la saunerie et la viticulture. Après la guerre de Cent Ans, les activités se tournent en revanche vers l’intérieur des terres, alors que sont opérés des défrichements jusqu’à la fin du XIXe siècle[26].
Contrairement aux régions du nord-est et du nord du département, dopées respectivement par la nébuleuse choletaise et par Nantes, le Talmondais est resté à l’écart de l’industrialisation embrayée à partir des années 1960, à l’instar du littoral et du sud de la Vendée ; dans le premier cas, les activités ont été presque exclusivement consacrées au développement des stations balnéaires[28]. Celui-ci a même été un facteur de désindustrialisation, mis à part dans le secteur du bâtiment[29]. L’absence de dynamisme industriel s’explique notamment par un taux de natalité relativement bas et par le faible niveau du nombre de jeunes dans les communes rurales du littoral[30]. Toutefois, à Talmont, un espace qui tend à devenir un « bourg-relais » dans le maillage urbain départemental à partir du milieu des années 1950[31], des ateliers de confection sont installés par des entreprises de la nébuleuse choletaise[29].
Sur les littoraux des Pays-de-la-Loire, les investissements sont généralement captés par les activités liées au tourisme balnéaire, à l’exception de l’estuaire de la Loire. Les collectivités territoriales et l’État orientent notamment leurs efforts en direction d’équipements destinés aux touristes : construction de routes, mise en place de systèmes d’adduction d’eau, assainissement, etc. Les activités industrielles littorales se concentrent ainsi dans de petites structures (conserveries, chantiers navals)[32].
Tourisme
À l’instar du pays de Brem, le Talmondais est longtemps resté à l’écart du tourisme balnéaire, jusqu’au milieu des années 1950[20]. L’un des facteurs explicatifs de ce retard au regard des autres stations balnéairesvendéennes était la structure foncière des exploitations agricoles[33]. Éparpillées dans l’espace, les métairies du nord étaient généralement possédées en lots par de grands notables non-exploitants, comme dans les bocages, et n’étaient donc affectées que de façon réduite par l’économie touristique[34]. En revanche, au sud, à proximité de la côte et autour des hameaux et de petits bourgs, les exploitations, petites et morcelées, dégageant peu de revenus, se montraient plus promptes à la spéculation foncière touristique[35].
Aussi, la taille des communes a pu influer sur la mise en place d’équipements touristiques. Au nord du Talmondais, la vaste commune de Saint-Hilaire-de-Talmont (8 645 hectares) a freiné les tentatives d’implantations touristiques sur le littoral à la faveur des agriculteurs et des locataires métayers, représentant une part non négligeable de la population. Pourtant, plus au sud, dans des communes aux superficies plus réduites comme Jard-sur-Mer, la fixation des stations y a été plus aisée[36],[37]. Bien que les petites agglomérations rurales littorales aient prononcé des vœux « séparatistes » après la Seconde Guerre mondiale à Saint-Hilaire-de-Talmont[36], un tournant s’est opéré à la fin des années 1960 : avec l’exode rural et le peuplement de celles-ci, la municipalité a souhaité agir à partir de cette époque dans le sens du développement des embryons balnéaires[38].
L’urbanisation précoce des bourgs littoraux a entraîné une disposition anarchique de l’habitat, dispersé en raison de la vente graduelle de parcelles par des petits propriétaires locaux. En plus de risquer de mettre en danger les sites naturels du Talmondais, ce processus tendait à créer un hiatus entre d’une part, des stations balnéaires prospères, et, d’autre part, des exploitations agricoles grignotées par celles-ci et en régression économique[39].
Dans les années 1980, une nouvelle génération de stations balnéaires, envisagée à long terme, a été mise en perspective dans le Talmondais au travers de Port-Bourgenay, à Talmont-Saint-Hilaire[40]. Le projet, qui associait le conseil général, les communes, réunis en syndicat mixte, et le premier aménageur, le Groupe européen d’études et de réalisation (GEER), a été présenté comme exemplaire du point de vue environnemental et dans le rapprochement du littoral à l’arrière-pays[41]. Toutefois, alors que l’aménageur originel a été supplanté par le groupe Pierre et vacances en 1985, le projet, ralenti, a été couplé à une poussée mal supervisée de constructions de lotissements dans le cadre d’un plan d’occupation des sols (POS) non révisé, remettant en cause l’esprit initial de Port-Bourgenay[42].
En dépit de la loi Littoral, la constitution de lotissements se poursuit dans le voisinage du linéaire côtier du Talmondais, comme dans le reste du littoral vendéen ; elle est néanmoins arrêtée par la présence de forêts domaniales[43]. Cependant, l’État s’attache à préserver d’autres forêts et les marais de l’urbanisation du territoire en rendant certains espaces non constructibles. Le Conservatoire du littoral et le conseil général ont acquis, quant à eux, des forêts (celles du Payré, du Veillon et le bois de la Mine)[44].
En outre, le projet-pilote de Port-Bourgenay a assuré des retombées sur les communes du syndicat mixte par l’établissement de gîtes et de sites touristiques : les ruines du château de Talmont, à Talmont-Saint-Hilaire, le Centre archéologique d’initiation et de recherche sur le Néolithique (CAIRN), à Saint-Hilaire-la-Forêt[45], la Folie de Finfarine, à Poiroux[46], etc.[47]. Depuis le début des années 2000, le fait touristique touche également des communes rétro-littorales, dans un rayon de 20 kilomètres[48].
Le phénomène général induit une profonde recomposition des activités locales : aux activités agricoles et de pêche se substituent peu à peu des activités de loisirs, génératrices d’emplois dans le service à la personne, le commerce, et principalement, dans le secteur du bâtiment[49].
↑Jean Renard fournit un extrait de la contribution des Cahiers nantais dans le chapitre « Le Talmondais : un petit pays entre terre et mer » de l’ouvrage La Vendée (2005)[11].
↑De 1793 à 1999, le chiffre de la population est calculé à partir des recensements des communes suivantes :
Site de l’Institut national de la statistique et des études économiques (http://www.insee.fr/) Référence notée « Insee » dans le texte
↑« Commune de Talmont-Saint-Hilaire (85288) » [lire en ligne].
↑« Bassin de vie 2012 de Talmont-Saint-Hilaire (85288) » [lire en ligne].
↑« Populations légales 2006 du département de la Vendée, ses arrondissements, ses cantons et ses communes » [lire en ligne].
↑« Populations légales 2013 du département de la Vendée, ses arrondissements, ses cantons et ses communes » [lire en ligne].
Références
↑Armand-Désiré de La Fontenelle de Vaudoré, « Notes recueillies par les éditeurs », dans Antoine-René-Hyacinthe Thibaudeau, Histoire du Poitou, t. I, Niort, Robin et Compagnie, , 496 p. (lire en ligne), p. 427-428.
↑ a et bHenri Clouzot, « Topographie rabelaisienne (Poitou) », Revue des études rabelaisiennes, Paris, H. Champion, t. II, , p. 251 (ISSN0151-1815, lire en ligne).
↑ « Syndicat mixte pour l’étude et la réal. d’un aménagement touristique en Pays talmondais », mis à jour le , sur le site de la Base nationale sur l’intercommunalité [lire en ligne].
↑« Arrêté no 2016-DRCTAJ/3-360 prononçant la dissolution du syndicat mixte pour l’étude et la réalisation d’un aménagement touristique en Pays talmondais », Recueil des actes administratifs de la préfecture de la Vendée, no 37 (spécial), (lire en ligne [PDF]).
↑Renard 1996, p. 680 (figure 4, « Les bassins de vie en Vendée »).
↑Stéphane Gendron, Les Noms de lieux en France, Paris, Errance, coll. « Les Hespérides », , 319 p. (ISBN2-87772-261-9), p. 18.
↑Archives départementales de la Vendée et Société d’émulation de la Vendée, « Talmondais (le) », 2 juillet 2009, dans le Dictionnaire toponymique de la Vendée [lire en ligne].
Les Vendéens et la Mer : De la grande pêche au Vendée Globe, La Roche-sur-Yon, éditions du CVRH, , 743 p. (ISBN978-2-911253-37-9) (actes du colloque tenu aux Sables-d’Olonne, les 20, 21 et 22 septembre 2007)
Gaston Godard, « Histoire de la géologie en Talmondais (Vendée, France) », Le Naturaliste vendéen, La Chaize-le-Vicomte, Les Naturalistes vendéens, no 3, , p. 13-28 (ISSN1629-9221)
Roger Renard, « Les villes vendéennes, un réseau sous influences ? », Norois, Rennes, no 171 « Villes moyennes dans l’Arc atlantique », , p. 671-683
Alain Chauvet, « Le dynamisme industriel en Vendée », Norois, Rennes, no 89, , p. 73-86
Jean Renard, « Tourisme balnéaire et structures foncières : l’exemple du littoral vendéen », Norois, Rennes, no 73, , p. 67-79 (lire en ligne)
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