Suzanne Gauchon est née à Lyon en 1907[2], d'une lignée de paysans dauphinois et d'industriels lyonnais[3]. Son père, fils d’un paysan qui tenait l’hôtel du village, a fait des études, est entré dans la marine en tant qu’officier mécanicien, puis a pris un emploi important dans une société industrielle du groupe Air liquide[4].
Suzanne Gauchon accompagne Raymond Aron à Berlin pour la fin de son séjour en Allemagne, puis, rentrés en France, ils s'épousent le [12], dans un mariage civil[13]. Roger Martin du Gard est témoin du mariage.
Marcel Mauss veut immédiatement faire connaissance avec sa nouvelle cousine et lui demande si elle sait cuire du riz[14].
Raymond et Suzanne Aron ont trois filles, Dominique Schnapper (Paris, 1934), Emmanuelle (Londres, 1944 - Paris, 1950), morte d'une leucémie foudroyante, et Laurence (Paris, 1950 - 2018), atteinte de la trisomie 21.
En 1939, elle reste quelque temps à Toulouse, quand son mari est rappelé comme sergent dans une section météorologique des Ardennes. En juin 1940, après s'être replié de Mézières à Bordeaux, Raymond Aron, pourtant chargé de famille, embarque pour Londres et s'engage dans la France libre sous un pseudonyme. Le doyen de l'université de Toulouse déclare Raymond Aron porté disparu aux armées, ce qui permet à Suzanne de toucher une partie du traitement de son mari jusqu'à la promulgation du statut des Juifs[15]. En novembre 1940, Suzanne Aron et sa fille Dominique se réfugient au Maroc, accueillies par la directrice du lycée de Rabat[16],[17]. Elles ne rejoignent Raymond Aron à Londres que le 14 juillet 1943, transportées dans un avion militaire américain grâce à une permission spéciale du général Eisenhower[18]. Suzanne Aron assiste à l'enterrement de Simone Weil le 30 août 1943[19]. Sa fille Emmanuelle naît à Londres en juin 1944[20]. Raymond Aron rentre en France dès que possible fin 1944. Suzanne Aron et ses deux filles regagnent Paris en .
Après la guerre
Le réseau amical d'avant-guerre ne se reconstitue pas, beaucoup d'intellectuels fuyant l'anti-communisme d'Aron dans les années 1950 et 1960. La famille est en outre durement touchée en 1950 par la naissance de Laurence, en juillet, atteinte de la trisomie 21 et la mort en décembre d'Emmanuelle, âgée de 6 ans, atteinte d'une leucémie diagnostiquée trois semaines auparavant[16].
Selon Pierre Vidal-Naquet, Suzanne Aron aurait, en 1957, signé une pétition visant à éviter la guillotine à Djamila Bouhired, encore peu connue à ce moment-là[21].