Suite d'Ehrenfeucht-MycielskiLa suite d'Ehrenfeucht-Mycielski (en anglais « Ehrenfeucht-Mycielski sequence » est une suite binaire qui a des propriétés qui ressemblent à celles de suites pseudo-aléatoires. Elle a été définie par Andrzej Ehrenfeucht et Jan Mycielski en 1992[1]. DéfinitionLa suite commence avec le bit 0 ; chaque bit est calculé en fonction des bits précédents : on cherche le plus long suffixe qui apparaît déjà une autre fois dans la suite, et on ajoute le bit qui ne suit pas cette autre occurrence (s'il y a plusieurs occurrences, on prend la dernière). Par exemple, pour la suite
le plus long suffixe qui apparaît déjà une autre fois dans ce mot est 0111 puisque l'on a :
Son occurrence autre que la dernière est suivie de 0, donc la suite continue par 1 et devient
Construction de la suiteLe principe décrit ci-dessus donne successivement les bits suivant :
Les premiers termes de la suite sont :
C'est la suite A038219 de l'OEIS. Une variante de la suite est obtenue en remplaçant (0,1) par (1,2) : c'est la suite A007061 de l'OEIS :
On a aussi calculé la suite de plages formée par des symboles identiques consécutifs (suite des runs du run-length encoding, c'est la suite A201881 de l'OEIS :
AlgorithmeL'algorithme naïf calcule un bit de la suite en comparant chaque suffixe à la séquence tout entière. Il prend un temps en O(n3) pour engendrer les n premiers termes. De fait, une structure de donnée similaire à un arbre des suffixes permet d'engendrer la suite en temps constant par bit engendré[2]. UniversalitéLa suite d'Ehrenfeucht-Mycielski est une suite univers ; elle a la propriété que toute suite finie de bits y apparaît comme facteur une infinité de fois[3]. Une telle suite est parfois appelée disjonctive. De manière équivalente, le nombre 0.01001101... dont la suite est le développement en base 2 est un nombre univers. Il a été calculé[2] que tout facteur de longueur i apparaît au moins j fois dans le préfixe de longueur A(4i,j) de la suite, où A est la fonction d'Ackermann, mais des observations expérimentales suggèrent une borne bien meilleure : la longueur d'un préfixe contenant tous les mots de longueur i en facteur semble être proche de la plus petite valeur possible, à savoir 2i + i, celle des suites de de Bruijn[4]. NormalitéEhrenfeucht et Mycielski[1] conjecturent que le nombre de bits égaux à 0 et à 1 bits est équilibré, et converge vers une densité limite de 1/2. Plus précisément, si f(i) est le nombre de bits égaux à 0 parmi les i premiers bits de la suite d'Ehrenfeucht–Mycielski, on devrait avoir :
Une hypothèse formulée par Irving John Good et mentionnée en appendice dans la note d'Ehrenfeucht et Mycielski précise cette conjecture : la vitesse de convergence de cette limite doit être nettement plus rapide que celle d'une suite aléatoire, pour laquelle la loi du logarithme itéré donne[1]
La conjecture d'équilibre d'Ehrenfeucht et Mycielski est un premier pas vers une affirmation plus forte, à savoir que le nombre univers 0.01001101... dont la suite est le développement binaire est un nombre normal en base 2. Cette conjecture est encore ouverte en 2009[2]; toutefois, on sait[5] que tout point limite de la suite des f(i)/i est dans l'intervalle [1/4,3/4]. Notes et références
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