Sophia Hoare, née Sophia Johnson le à Manchester et morte le à San Francisco, est une photographe britannique, active à Tahiti du milieu des années 1870 jusqu'en 1904.
Biographie
Jeunesse et famille
Sophia[Note 1] Johnson naît en à Manchester, fille de James Johnson, cordonnier, et de son épouse Octavia[1]. En 1853, elle se marie avec Charles Burton Hoare, emballeur[2]. Le couple, établi 15 Camden Street à Hulme dans la banlieue de Manchester, a trois filles — Elizabeth Ann, Octavia et Louisa Grace — et un fils, Charles Henry, probablement mort en bas âge[3],[Note 2].
En , une annonce parue dans le Messager de Tahiti informe que « par jugement par défaut du Tribunal civil de première instance de Papeete, île Tahiti, Océanie, en date du seize juin mil huit cent soixante-quinze, enregistré, la dame Sophie Johnson, épouse du sieur Charles Hoare, photographe, avec lequel elle demeurait à Papeete, rue de la Petite-Pologne, a été déclarée séparée de corps et de biens d’avec son mari[4]. »
Parcours
En , les Hoare embarquent à Londres, à bord du navire Télégraphe, à destination d'Auckland en Nouvelle-Zélande[2]. Jusqu'en 1866, Charles B. Hoare y tient un atelier de photographie, d'abord avec un associé sous l'enseigne Hoare & Wooster, puis seul à partir de 1866. En , il ouvre un nouveau studio dans College Street à Papeete, sur l'île de Tahiti où il vit désormais[5], mais on ignore quand Sophia Hoare et leurs filles le rejoignent. La famille s'installe ensuite rue de la Petite-Pologne, une artère commerçante, où l'atelier est aussi transféré.
On perd la trace de Charles B. Hoare après [6] et, à partir du mois suivant, Sophia Hoare commence à réceptionner en son nom propre des livraisons de marchandises et de matériel arrivant à Papeete[7],[Note 3]. Elle prend dès lors les rênes de l'atelier, acquérant une excellente réputation de portraitiste et une large clientèle, notamment parmi les notables et les personnalités de Tahiti[2]. En 1877, elle photographie plusieurs aquarelles de la voyageuse et peintre écossaise Constance Gordon-Cumming, qui séjourne alors à Papeete.
Sous le règne du roi Pōmare V, qui gouverne l’île jusqu'en 1880, Sophia Hoare obtient le titre de photographe officielle de la cour et, en 1886, le gouverneur français Isidore Chessé offre une de ses photographies du roi à la Société de géographie à Paris[8]. Elle réalise par ailleurs de très nombreuses photos-cartes de jeunes Tahitiens et Tahitiennes[9], dont la diffusion en grand nombre se charge, selon le père O'Reilly, de « chanter, aux quatre coins du monde, la gloire de Tahiti et l'habilité photographique de Madame Hoare[10]. »
La photographe signe ses clichés « Mrs. S. Hoare » puis « Madame S. Hoare »[2],[Note 4], après qu'elle a exposé, en 1889, lors de l'Exposition universelle à Paris[11]. Selon Jean-Yves Tréhin[12], il est possible que le peintre Paul Gauguin ait vu à cette occasion les clichés qu'elle présentait, cette découverte ayant joué dans sa décision de se rendre à Tahiti deux ans plus tard. Son manuscrit Noa Noa, rapporté en France en 1893, contient d'ailleurs une des photographies du roi Pōmare prise par Sophie Hoare.
En 1891, quelques-uns des clichés de la photographe sont publiés dans le journal L'Illustration, accompagnant un article sur la remise du drapeau tahitien aux autorités françaises[13]. Au tournant du siècle, elle poursuit son activité et devient une des premières à produire des cartes postales de Tahiti[14]. En 1900, elle reçoit une médaille de bronze lors de l'Exposition universelle de Paris[15]. Mais en , une violente tempête fait plus de 500 morts dans les îles Tuamotu, situées à environ 200 kilomètres au nord-est de Tahiti[2]. Cet épisode dramatique, qui a traumatisé les populations polynésiennes jusqu’à Tahiti, a pu pousser Sophia Hoare à quitter l'île. Il est possible que son fonds photographique ait été racheté par Francis Homes, un bijoutier photographe arrivé sur l'île en 1880[13],[source insuffisante]. En , âgée de 68 ans, Sophia Hoare embarque avec sa fille Elizabeth sur le S.S. Mariposa, pour émigrer à San Francisco[16],[17]. Les deux femmes, rejointes par la cadette Louisa — désormais mariée sous le patronyme Dominie —, s'établissent dans une maison située au 626 Cole Street, dans le quartier de Haight Ashbury[18],[19].
Sophia Hoare meurt d'un cancer de l'utérus en , en son domicile du 626 Cole Street à San Francisco[20],[Note 5]. Elle est incinérée deux jours plus tard au crématorium de Cypress Lawn, à Colma.
Publications
Paul Huguenin, Raiatea la Sacrée : îles sous le vent de Tahiti (Océanie française) : avec 24 planches en couleur, reproduction des aquarelles originales de l'auteur, 8 dessins à la plume de F. Huguenin-Lassauguette, d'après des croquis de l'auteur, de nombreuses reproductions de dessins et lavis, et de photographies de Madame Hoare, à Tahiti ; des cartes dressées par Maurice Borel ; des chants notés par H. Plumhof et A. Roth de Markus, à Vevey, Neuchâtel, Paul Attinger, (lire en ligne)
↑Catalogue général officiel de l'exposition universelle de 1889. Tome 2 / Exposition universelle internationale de 1889, à Paris, (lire en ligne), p. 18
↑Jean-Yves Trehin, Tahiti, l’Eden à l’épreuve de la photographie, Paris, Papeete, Gallimard, Musée de Tahiti et des îles, 2003
↑Liste des récompenses : Exposition universelle de 1900, à Paris / République française, Ministère du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes, (lire en ligne), p. 161
↑Liste de passagers, S.S. Mariposa, port de San Francisco, , disponible sur FamilySearch [lire en ligne]
↑Hoare Sophia, widow, Crocker-Langley San Francisco directory, 1909, p. 788, disponible sur FamilySearch [lire en ligne]
↑Sophia Hoare, "California, San Francisco Area Funeral Home Records", San Francisco, 1915, J.S. Godeau, Record Book, book 17, p. 1-404, image 201; San Francisco Public Library, San Francisco History and Archive Center, disponible sur FamilySearch [lire en ligne] [avec notice nécrologique issue de la presse]