Sonita Alizadeh nait à Hérat en 1996, cadette d’une fratrie de sept enfants dans une famille traditionnelle afghane[1],[2].
Elle a dix ans quand elle échappe à son premier mariage forcé mais les talibans obligent la famille à fuir en Iran. Cette dernière se retrouve sans papiers et Alizadeh est obligée de vendre des babioles dans la rue pour survivre[2]. Après avoir entendu une chanson d'Eminem, elle décide de se mettre au rap, qu'elle considère comme « outil d’expression personnel et comme moyen de raconter [mon] histoire au monde entier »[3]. Elle fait du porte-à-porte pour tenter de vendre ses textes[1] bien que cela soit illégal en Iran pour les femmes de chanter[4].
À l'âge de 14 ans, elle rencontre la réalisatrice iranienne Rokhsareh Ghaemmaghami(en) qui décide de tourner un documentaire sur elle. Pendant le tournage, la mère d'Alizadeh arrive à Téhéran pour ramener sa fille au pays, qui vient d'être promise en mariage pour 9 000 dollars par sa famille. Pour lui permettre de rester six mois de plus à Téhéran, Rokhsareh Ghaemmaghami offre 2 000 dollars à la famille[4]. C'est lors de ce sursis qu'elles tournent le clip de Brides for Sale[1],[5]. Sa vidéo lui permet d'être repérée par l'association StrongHeart, organisation à but non lucratif travaillant sur l'impact des changements sociaux[6], et de partir étudier aux États-Unis où elle résidera ensuite[7],[8],[9].
En 2018, elle sort une chanson avec l'artiste japonais Miyavi intitulée Long Nights. Écrite par lui après la visite d'un camp de réfugiés au Liban, la chanson mélange l'anglais et le farsi[10].
En 2021, elle vit toujours aux États-Unis où elle étudie le droit dans une université de l'Utah[11] pour devenir avocate[12].
Militantisme
Elle milite contre le mariage forcé des jeunes filles[13],[8], ayant elle-même échappé par deux fois à des mariages que sa famille voulait lui imposer[1]. Sonita Alizadeh devient alors le symbole de la lutte contre le mariage forcé[9]. Bien qu'il soit interdit pour une femme de chanter publiquement en Iran, où elle réside alors[14], elle publie en sur YouTube une vidéo, Brides for Sale (Mariées à vendre)[15],[8]. Ce premier clip est vu plus de 600 000 fois sur le site web d'hébergement de vidéos[1].
Reconnaissance
En 2015, la cinéaste iranienne Rokhsareh Ghaemmaghami réalise un documentaire à son sujet, intitulé Sonita. Le film obtient le Grand prix du jury au festival américain de Sundance en [8] dans la catégorie World Cinema Documentary[16],[17].
Cette même année, elle est invitée au sommet annuel de l'association Women in the World à Londres[18]. En octobre de l'année suivante, plusieurs médias français la reçoivent à l'occasion de sa visite en France pour la sortie en salle du documentaire qui lui est consacré, y racontant son parcours[13],[1],[19].
En 2021, elle reçoit le Prix Liberté créé par la Région Normandie en collaboration avec l'Institut international des droits de l'Homme et de la Paix. La rappeuse engagée contre le mariage forcé a été élue par plus de 5 000 jeunes du monde entier.
Bibliographie
Pénélope Bagieu, « Sonita Alizadeh, rappeuse », dans Culottées 2 - Des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent, Gallimard, (ISBN9782075079846) (bande dessinée).
↑« VIDEO. À travers le rap, Sonita Alizadeh veut montrer au monde entier que le mariage forcé est “une tradition cruelle“ », Franceinfo, (lire en ligne, consulté le ).