« Je ne parviens pas à me souvenir si, d'abord j'ai choisi mon pseudonyme pour le donner ensuite à mon bateau ; ou si je possédais un bateau appelé Sirius, qui m'a inspiré dans le choix de mon pseudonyme. »
Puis il collabore à La Libre Belgique pour son supplément Le Patriote illustré[7] où il anime une rubrique intitulée Le Point de vue de Sirius qu'il illustre également, il travaille aussi pour le quotidien bruxellois La Dernière Heure[1]. Il crée seul en 1938, pour Le Patriote illustré, Bouldaldar et Colégram, un petit garçon et une sorte de lutin, qu'il reprend dans plusieurs autres journaux : dans Bravo !, en 1943, sous le titre de Polochon ; puis dans La Libre junior, Pistolin[8], Spirou et Bonnes Soirées[1]. Cette série poétique et fantastique[9] revient bien plus tard dans Spirou en 1970 avec un court récit de 16 planches puis 10 ans plus tard avec un récit à suivre de 44 planchesArmande du lac des brumes qui sera encore suivi par deux autres courts récits jusqu'en 1981[10]. Cette création d'avant-guerre a pour particularité d'utiliser, parmi les premières, des phylactères à l'instar des bandes dessinées américaines[9].
Il crée ensuite, en 1942, le personnage de L'Épervier bleu dans les pages du journal de Spirou[1]. En 1953, à la suite de démêlés avec la censure[3], il doit interrompre cette série, qu’il ne reprendra que vingt ans plus tard, toujours dans Spirou[1]. En Effet, la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence ne concevait pas qu'un aventurier, accompagné d'un jeune adolescent, se posât sur la Lune à la poursuite de gangsters. À ses yeux, c'était invraisemblable et il ne fallait pas inculquer de fausses idées à la jeunesse. L'histoire retiendra que Tintin et Milou marcheront sur la Lune, dans le journal Tintin, en… 1953 ![11]. Sirius en éprouve un sentiment de dégoût à l'encontre de cette mesure protectionniste[5].
Il revient à la fantaisie poétique en , avec Caramel et Romulus, publié d'abord dans L’Espiègle au grand cœur, un supplément de Spirou[1],[12],[13], puis en 1944 dans Spirou. Puis il réalise, en 1946, une bande dessinée historique, Godefroid de Bouillon, un album est publié aux éditions Dupuis en 1950 et connaît une réédition dans une version tronquée du début du récit dans la collection « L'Histoire en Bandes Dessinées » chez le même éditeur et étrangement son titre en est modifié en ôtant la dernière lettre du prénom[14].
À partir de 1947, il illustre Coureur des mers et surtout Les Grands Combats de Cor des romans de Xavier Snoeck, dans la collection « L’Hebdomadaire des grands récits » des éditions Dupuis[15] . Cette dernière série préfigure Images de l’histoire du monde[3]. En 1953, sur une idée de Xavier Snoeck, il commence la grande saga des Timour, qui raconte l'histoire d'une famille à travers les âges et les pays pour Spirou[16]. La série s'échelonne sur trente-quatre volumes dont trente-deux chez l'éditeur historique du journal, et ne s’arrête que dans les années 1990[1].
En 1955, il passe ses vacances à Jávea au bord de la Méditerranée à naviguer à la voile sur son cotre Marconi de 8 m de long et il vient de s'offrir une seconde embarcation : un Snipe qu'il avoue avoir acheté pour le prix d'un tandem. Selon Jean Doisy alias Le Fureteur, il voue une passion dévorante aux bateaux, il ne manque jamais l'occasion de placer une séquence maritime dans Timour[17].
Dans Pilote, il crée en 1972, avec Gérald Forton, une série destinée à un public plus adulte : les aventures humoristiques, grinçantes et fantastiques de Pemberton, marin malchanceux[1]. Puis Forton émigre aux États-Unis. De 1974 à 1980, Sirius continue seul la série. En 1977, à l’occasion de la création du Trombone illustré, il parodie la série dans une aventure d'un certain Penthergast qui ressemble à s'y méprendre à Pemberton[1].
Homme réservé, dédaignant honneurs et notoriété, Sirius s’est tenu à l’écart de l’agitation orchestrée autour de la bande dessinée après le succès d’Astérix[18]. Pour raisons de santé, il vit ses dernières années sur la Costa Blanca, dans le sud de l’Espagne, ce qui ne fait qu'accentuer la coupure avec son milieu professionnel et avec les médias.
Sirius a une fille prénommée Yvonne qui l'a accompagné pendant toutes ces années et qui l'a vu partir digne, calme en parfait gentleman jusqu'au bout[5].
Un créateur de personnages de papier
Les héros issus du crayon, des mains et de l'imaginaire foisonnant de Sirius sont nombreux. Ils relèvent de genres narratifs très différents :
Niki le lapin; Bouldaldar et Colégram; Célestin Virgule; Caramel et Romulus, Fred Morgan; L'Épervier Bleu, Éric accompagné de son ami Larsen et de Sheba, la famille Timour au fil des siècles; Pemberton et son cousin Penthergast; Godefroi de Bouillon; Simon le danseur; Gaspard la tisane.
Bandes dessinées prépubliées et publiées en album
Les bandes dessinées qu'il a publiées sont traitées dans les articles spécialisés indiqués ci-dessus.
Sirius est le créateur, scénariste et dessinateur de Bouldaldar depuis 1938[Note 1].
22 albums publiés regroupant 26 histoires.
Cliquez sur afficher pour voir la liste des albums
4. La Rivière enchantée (Libre Junior 2), Le Coffre à BD, Tournefeuille, octobre 2009 Scénario et dessin : Sirius - Couleurs : bichromie - (ISBN978-2-350-07126-8)
22. Ganymédiens Go home ! - La tourte - Silence on retourne (Spirou 3, 4, 5), Le Coffre à BD, Tournefeuille, mais 2012 Scénario et dessin : Sirius - Couleurs : quadrichromie - (ISBN978-2-350-07236-4)
L'Épervier bleu
Sirius est le créateur, scénariste et dessinateur de L'Épervier bleu depuis 1942[Note 2]. Près de 600 planches ont été publiées.
14 albums publiés de pagination variable. En 1966, Samedi-Jeunesse entame la publication en replacement et en noir et blanc de six chapitres de L'Épervier bleu totalisant 58 pages dans ses nos 105 à 110[19],[20].
Sirius est le créateur, scénariste et dessinateur de Pemberton depuis 1972. 231 planches ont été publiées.
6 albums dont un inédit publié en tirage limité à titre posthume regroupant 7 histoires.
5. Effiloches du crépuscule, Coffre à BD, Tournefeuille, décembre 2006 Scénario et dessin : Sirius - Couleurs : noir et blanc - (ISBN2-350-07042-5),
Tirage limité à 300 exemplaires numérotés accompagné d'un ex-libris couleur numéroté. Avec un carnet de croquis de 6 pages en fin d'album.
6. Pemberton, il est pas sérieux !, Coffre à BD ; Éd. du Topinambour, Tournefeuille ; Soissons, mars 2012 Scénario et dessin : Sirius - Couleurs : noir et blanc - (ISBN2-350-07038-7),
Contient 5 épisodes non achevés ou redessinés. Dossier de 8 pages par Thierry Martens À la rencontre de Sirius en début d'album. Dossier photos commentées par François Walthéry en fin d'album.
Fac-similé des planches originales. Contient un dossier d’introduction complet, abordant des aspects documentaires, historiques et biographiques réalisé par François Deneyer.
Autres œuvres publiées non apparentées à des séries
Ses autres créations prépubliées en histoire à suivre
Série parue dans le Journal de Spirou[22].
Scénario : les six premiers numéros sous le pseudonyme d’Yves Legros, les suivants sous le nom Xavier Snoeck :
L’Aile rouge à la rescousse, JdS 46_01 - 429, dessin : Sirius (1945)
Le Combat souterrain de l'Aile rouge, JdS 430 - 447, dessin : Sirius (1946)
La Naissance de l'Aile rouge, JdS Almanach 47, dessin : Sirius (1946)
« L’Hebdomadaire des grands récits »
Cliquez sur afficher pour voir la liste
2. Les Grands Combats de Cor : Cor à la chaîne, Dupuis, 1947
5. Les Grands Combats de Cor : Les Conquérants du Soleil, Dupuis, 1948
7. Coureurs des mers : Par forte brise au nord-est, Dupuis, 1948
9. Les Grands Combats de Cor : Face à la louve romaine, Dupuis, 1948
11. Coureurs des mers : Les Frères de la côte, Dupuis, 1948
13. Les Grands Combats de Cor : La Grande Invasion, Dupuis, 1948
15. Coureurs des mers : Jean le boucanier, Dupuis, 1948
17 Coureurs des mers : À l’abordage, Dupuis, 1948
18. Les Grands Combats de Cor : La Sanglante Chevauchée d'Attila, Dupuis, 1948
20. Coureurs des mers : Tête de mort sur pavillon noir, Dupuis, 1948
22. Les Grands Combats de Cor : La Francisque tailla leur route, Dupuis, 1948
24. Coureurs des mers : Ceux de la Tortue, Dupuis, 1948
26. Les Grands Combats de Cor : Les Hors-la-loi, Dupuis, 1948
28. Coureurs des mers : La Course des clippers, Dupuis, 1948
31. Les Grands Combats de Cor : Le Roi Samon, Dupuis, 1948
33. Coureurs des mers : La Boucanière, Dupuis, 1948
35. Les Grands Combats de Cor : La Défaite d'Allah !, Dupuis, 1948
37. Coureurs des mers : Traître à la flibuste, Dupuis, 1948
39. Les Grands Combats de Cor : Le Croissant Rouge, Dupuis, 1948
41. Coureurs des mers : Tempête sur le Pacifique, Dupuis, 1948
44. Les Grands Combats de Cor : Le Chef Manchot, Dupuis, 1948
46. Coureurs des mers : Coups du sort, Dupuis, 1948
48. Les Grands Combats de Cor : Le Massacre des chevaliers, Dupuis, 1948
50. Coureurs des mers : La Prise de Granada, Dupuis, 1948
52. Les Grands Combats de Cor : L'Appel rouge, Dupuis, 1949
54. Coureurs des mers : Perdus corps et biens, Dupuis, 1949
56. Les Grands Combats de Cor : Dernier espoir, Dupuis, 1949
58. Coureurs des mers : La Jument d’Arabie, Dupuis, 1949
61. Les Grands Combats de Cor : Famine, Dupuis, 1949
63. Coureurs des mers : Grand large, Dupuis, 1949
65. Les Grands Combats de Cor : Les Redresseurs de torts, Dupuis, 1949
67. Coureurs des mers : Typhon, Dupuis, 1949
69. Coureurs des mers : Pôle sud, Dupuis, 1949
70. Les Grands Combats de Cor : Au fil de l’épée, Dupuis, 1949
72. Coureurs des mers : Cap du monde, Dupuis, 1949
74. Les Grands Combats de Cor : Robert le Frison, Dupuis, 1949
76. Coureurs des mers : Je n’aimais pas Building
78. Les Grands Combats de Cor : Guerrier d’Ardennes
80. Coureurs des mers : La Mort de Cook
81. Les Grands Combats de Cor : La Guerre des tentes
83. Les Grands Combats de Cor : La Marche à la vie
85. Coureurs des mers : Aux îles sous la mer
87. Les Grands Combats de Cor : Pirates de mer, Dupuis, 1949
89. Coureurs des mers : Au cabaret du voilier fou
91. Les Grands Combats de Cor : Les Forteresses du Liban
93. Coureurs des mers : 3 Voiles par bâbord d’avant
95. Les Grands Combats de Cor : La Forteresse de Klarpout
97. Coureurs des mers : Corsaires du roi
99. Les Grands Combats de Cor : Les Révoltés d’Aertrijck
101. Coureurs des mers : Le Voilier fantôme
104. Les Grands Combats de Cor : Les Conquérants du Tage
Artbook. BD hommage à librairie Pepperland, titrée en page 1 : 80 chats pour Tania, 10 ans pour Pepperland. Elle présente un historique de la librairie, des photos, des strips et des dessins de chats.
Christelle Pissavy-Yvernault et Bertrand Pissavy-Yvernault, Franquin, Morris, Jijé, Sempé... : 200 couvertures inédites pour le journal Le Moustique, Marcinelle, Dupuis, , 312 p., ill. ; 29,8 cm (ISBN978-2-8001-6571-4, présentation en ligne).
« Max Mayeu, surtout connu sous le nom de Sirius, fut l’un des piliers originels des éditions Dupuis, pratiquant avec énergie et originalité tous les genres, du réalisme à l’humour, en passant par l’onirisme. Par l’influence qu’il a eue sur de nombreux dessinateurs de l’hebdomadaire de Marcinelle, un peu à l’instar d’un Jijé (Joseph Gillain), on peut dire que son rôle a vraiment été déterminant […] »
Franz lui rend hommage et témoigne de son amitié avec celui avec lequel il demeura à Javea pendant sept ans[5] : « Quel type épatant. Quel gamin aussi, il avait toujours quinze ans dans sa tête... Un monsieur très sain, très marrant, qui bossait encore comme un tordu jusqu'à très récemment parce que cela l'amusait voilà tout.[...] Cher vieux Max... ».
↑La première aventure de Bouldaldar et Colegram publiée dans La Libre Belgique commence avec le numéro 1 et se poursuivra jusqu'au no 22 en 1951, à raison de 2 planches par numéro.
↑Les 3 premières planches de L’Épervier bleu ont été publiés en 1942.
↑Cette histoire de Niki Lapin a été réalisée en 1941 à la demande des papeteries de Genval
↑Aventure publiée initialement dans L'Espiègle au grand cœur en 1943 puis dans Spirou du numéro 1 de 1943
↑Série d'humour parue dans Le Moustique, (hebdomadaire consacré à la radio puis à la télévision).
↑Série parue dans Jeudi-Magazine et en dernière page d’un fascicule intitulé OK guerre et aventure de 1945 à 1946, série d’aventure qui sera reprise dans Curiosity Magazine de Michel Deligne du no 5 de à no 19 de .
↑Cette histoire de Godefroid de Bouillon a été réalisée entre 1946 et 1947. Elle sera partiellement redessinée entre 1977 et 1978 avant une nouvelle publication dans Spirou.
↑Cette histoire a bénéficié d'une publication dans un supplément de l'hebdomadaire Spirou - Album+.
↑Robert Rouyet, « Au beau temps des colonies...pénitentiaires : Il y eut des Timour esclaves : en voilà un bagnard », Le Soir, (lire en ligne, consulté le ).
Le Fureteur, « Le Fureteur vous parle de... Spirou 1000 : Photo de Sirius à dix-huit ans », Spirou, Dupuis, no 1000 (supplément), , p. 2 (lire en ligne, consulté le )
M. Archive alias Thierry Martens, « Dossier Spirou : À la rencontre de Sirius », Spirou (supplément), Dupuis, no 1856, , p. 30 (lire en ligne, consulté le )
Alain De Kuyssche, « Un amusant quiproquo.. : A l'occasion de l'ouverture de la maison de Spirou », Spirou, Dupuis, no 2227, , p. 3 (lire en ligne, consulté le )
Jean-Claude Faur, À la rencontre de la BD, Marseille, Bédésup (supplément au no 23), , ill. (présentation en ligne).
Hommage à Sirius - Catalogue de l’exposition à l’Elfe de Quiévrain (1986).