Servitude (droit foncier)En droit, une servitude, ou service foncier, est l'obligation pour le propriétaire d'un terrain de tolérer ou de s'abstenir de faire quelque chose à l'avantage d'un autre terrain (mais jamais l'obligation de faire quelque chose). Il s'agit d'un concept remontant au droit romain. Dans l'Ancien droit, il existait des services qui étaient « personnels », c'est-à-dire qui obligeaient quelqu'un personnellement plutôt que son terrain. Ce type de servitude est devenu une obligation. GénéralitésLorsque l'emprise de la population sur les territoires s'agrandît, la nature des différents terrains qu'elle occupait lui imposa les premières servitudes ; les familles se rapprochant, elles formèrent des hameaux, puis des villages, puis des villes, et ces rapprochements donnèrent naturellement lieu à des rapports de voisinage, d'où naquirent les servitudes conventionnelles. Par les échanges qu'elles faisaient avec leurs voisins, ces peuplades naissantes comprirent, les avantages de la culture et de la propriété, les anciens de la tribu durent délimiter la propriété par des bornes ; et, pour conserver autant que possible l'égalité dans les partages, qui avaient lieu, ex aequo et bono (sans aucune forme de procédure ni d'enregistrement) ces mêmes chefs de tribu accordèrent à ceux dont le terrain était privé d'eau la faculté d'en venir puiser dans le terrain voisin, plus favorisé par la nature. Ces colonies naissantes, venant à se développer, reconnurent bientôt l'utilité du tracé et de la conservation des routes, la nécessité de laisser un passage libre sur le long des cours d'eau, de déterminer l'espace qui devait exister entre certaines constructions, pour éviter les inconvénients qui pourraient résulter de leur voisinage: de là les servitudes légales. Une chose est considérée comme libre lorsque le propriétaire a seul droit à toute l'utilité qu'elle est susceptible de procurer ; elle est au contraire « esclave », lorsque le droit du propriétaire est restreint, soit parce qu'un tiers peut prendre une partie de l'utilité que fournit cette chose, soit parce qu'il peut empêcher le propriétaire d'en disposer d'une certaine manière. Le tiers est dit alors avoir un droit de servitude[1]. C'est en faveur de l'agriculture qu'ont été établis les premiers iura praediorum qui n'avaient pour but que de rendre plus facile et plus productive la culture des champs. Ce n'est que plus tard et probablement à la suite de beaucoup de difficultés que des servitudes furent créées en faveur des bâtiments. Les Romains, peuple essentiellement agricole considérèrent toujours comme d'un ordre supérieur les servitudes destinées à favoriser l'agriculture, ils les distinguèrent des servitudes dont pouvaient se prévaloir les bâtiments et établirent deux classes : les Iura praediorum rusticorum et les Iura praediorum urbanorum[2]. Droit françaisEn droit positif, la servitude est un service que rend un fonds (= terrain) dit servant à un fonds dit dominant. Il s'agit bien d'un service de fonds à fonds, quels que soient les propriétaires de ces fonds. La servitude constitue un droit réel (sur une chose) et non un droit de créance (droit de requérir une personne de faire ou ne pas faire une chose). Les « servitudes personnelles et réelles » (le servage) ont été abolies sur le domaine royal par une ordonnance d' de Louis XVI. L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert (article « servitude ») distinguait en effet les « servitudes réelles », qui « assujettissent un héritage à certaines choses envers un autre héritage » des « servitudes personnelles », lesquelles étaient divisées en deux types :
Les servitudes personnelles du premier type ont été définitivement abolies lors la Nuit du 4 août 1789. Les servitudes réelles se distinguaient quant à elles en servitudes « urbaines », et en « servitudes rurales ou rustiques ». Il y avait en outre, selon les auteurs de l'Encyclopédie, la « servitude réciproque », « lorsque deux personnes ont chacune un droit pareil à exercer l'une sur l'autre, soit sur leur personne ou sur leur héritage. » Saint Augustin parle du devoir conjugal en tant que servitude réciproque :
Il y a des servitudes légales et des servitudes « établies par le fait de l'homme ». Seules les servitudes à la fois continues et apparentes peuvent être établies par la prescription acquisitive. Le passage d’une canalisation ou d’un épandage de fosse septique, par exemple, ne peut donc être acquis que par convention de droit privé ou pour un passage sur un sol public par décision de l'autorité compétente. Quelques exemples de servitudes :
Exemple : lorsqu'une maison est enclavée (entourée de propriétés privées, sans aucun accès à un chemin public), par exemple, la servitude de passage oblige un propriétaire à accepter que son voisin (dont le terrain est enclavé) bénéficie d'un droit de passage sur son terrain afin de rejoindre les voies. L'Encyclopédie l'oppose à la « servitude continue », « dont l'usage est continuel, comme des vues subsistantes sur l'héritage voisin, à la différence des servitudes dont on n'use que de temps à autre, comme un droit de passage. »
Droit québécoisEn droit québécois, les articles 1177 à 1194 du Code civil du Québec énoncent les règles sur les servitudes. La servitude est notamment définie à l'article 1177 [4]du Code civil du Québec :
Droit suisseEn droit suisse, le titre XXIème du Code civil fixe les règles des servitude. L'art. 730 CC la définit comme suit :
Références
Voir aussi |
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