Sa voix, ses compositions originales et complexes, sa vision de la musique ont teinté les réalisations d'Harmonium qui est passé d'un simple groupe folk à un groupe-culte, en seulement trois ans et trois albums.
Il participe au duo Fiori-Séguin et entame ensuite une carrière solo mais se fera plus discret même s'il maintient toujours un public fidèle.
Biographie
Né d'une mère francophone et d'un père issu de la communauté italienne de Montréal[1], Serge Fiori chante depuis l'âge de quatre ans dans l'orchestre jazz de son père Georges, le Ballroom Orchestra[2]. Autodidacte, ce musicien touche-à-tout, maîtrise déjà à 12 ans, les bases de la guitare, apprises à l’oreille. Dès l'âge de quinze ans, il se produit dans les clubs et les bars de la région, avec le groupe de son père. À seize ans, en 1968, il publie même un 45 tours, Jeune fille de couvent/L'Humanité au sein du groupe Les Comtes Harbourg[3],[4]. Rapidement, il gagne sa vie et paie ses études en communication avec sa musique. Avec son vieil ami, le batteur Réal Desrosiers et les musiciens Frank Dodman et Andy Harvey, ils forment le groupe Morphus qui, en 1971, accompagnera Guy Trépanier à l'enregistrement de son disque homonyme[5],[n 1]. L'année suivante, il est approché par Michel Normandeau pour produire la musique d'une pièce de théâtre de Claude Meunier. Le projet avorte mais Normandeau et Fiori se lient d'amitié et commencent à écrire des chansons[6]. L'aventure Harmonium débute. Au sein de la formation, Fiori sera guitariste et chanteur en plus de participer à la composition de pratiquement toutes les chansons. C'est ainsi qu'il s'établit rapidement comme le pilier du groupe. Il le mène d'album en album, de 1974 jusqu'en 1978, année où le groupe se sépare définitivement.
Le premier album, simplement intitulé Harmonium, sort en . L'album offre un son dominé par la guitare acoustique et contient notamment la chanson Pour un instant, co-écrite par Fiori et Normandeau. Énorme succès radiophonique, Pour un instant sera destinée à devenir un classique de la chanson québécoise. Le second disque du groupe, Si on avait besoin d'une cinquième saison, parait l'année suivante et s'éloigne de la sonorité folk du premier album pour prendre une inflexion certaine vers le rock progressif. Suivra L'Heptade, un album double assez ambitieux musicalement et conceptuellement qui poursuit dans la même veine progressive. L'Heptade sort en , au moment où le parti Québécois prend le pouvoir. Il connaît un succès immédiat, devenant disque de platine (100,000 copies) neuf mois après sa sortie. Ce sera pourtant le dernier album du groupe.
Hissé au rang de méga-vedette, Fiori fut victime d'une attention médiatique qui constitue un phénomène unique dans la chanson québécoise, particulièrement à la suite du lancement de l'album L'Heptade, qui comportait une dimension spirituelle et conféra à l'artiste un rôle de gourou, aussi encombrant qu'épuisant pour le principal intéressé. Fiori raconte comment, durant les années d'Harmonium, les gens venaient camper sur son terrain et s'abreuvaient de la moindre parole sortant de sa bouche[7].
L'année suivante, Fiori collabore avec Richard Séguin, une autre figure de proue de la chanson québécoise, sur l'album Deux cents nuits à l'heure. Vendu à plus de 200 000 exemplaires lors de sa sortie, cet album signé Fiori-Séguin, qui regroupait la plupart des musiciens de la dernière cuvée d'Harmonium[n 2], se mérita plusieurs trophées au premier gala de l'ADISQ en 1979. Fiori et les membres d'Harmonium sont invités par Neil Chotem sur l'album Live au El Casino enregistré principalement les 26 et et publié la même année[9]. Neil Chotem avait par ailleurs participé sur l'Heptade, comme pianiste et arrangeur.
Fiori renonce à la scène et depuis lors, protège farouchement sa vie privée. Il quitte pour Los Angeles où il étudiera la méditation, l'informatique et la composition[10]. À son retour au Québec, reclus dans son appartement, il en profite pour apprendre le piano et commence à faire des expérimentations sur le synthétiseur dont il a fait l'achat. En 1982, il participe à l'écriture de la musique du nouveau spectacle de l'humoriste Yvon Deschamps[11]. Après un retrait de quelques années de la scène artistique, il a composé la chanson Juste pour rire du populaire festival d'humour de Montréal[12]en 1985, et a participé à la production sonore du festival de 1984 à 1986. Puis il a lancé un album solo, Fiori, en 1986. Ce disque, plus branché sur les années 1980, a tout de même rejoint ses nombreux fans, qui l'attendaient impatiemment[réf. nécessaire]. Pour plusieurs années, un ressourcement et une réorientation de carrière ont toujours retardé le retour véritable de Serge Fiori sur disque, lui qui vit d'ailleurs très loin des projecteurs médiatiques.
En 1989, il produit l'album Changement d'adresse de Nanette Workman sur lequel il compose la plupart des chansons. Sur la pièce Ballons percés, qu'il interprète en duo avec Nanette, il écrit les paroles, joue le solo de guitare sur une musique de Serge Locat[13]. Il révèle d'ailleurs en 2013 dans sa biographie que Nanette Workman et lui ont entretenu une relation d'environ quatre ans qui est à peu près toujours demeurée secrète[14].
Il travaillera en collaboration sur plusieurs musiques de film avec Majoly, danseuse, auteure, compositrice interprète avec laquelle il partagera sa vie pendant plus de 10 ans. En 1997[10], le couple est victime d'une attaque lorsqu'ils se retrouvent face à un groupe de quatre jeunes femmes qui, à trois reprises, les assaillent de coups. La mésaventure continue lorsqu'en cour, ils font face à quatre avocats de la défense qui les dépeignent, à tort, comme des prestataires de l'aide sociale, accros à la drogue, et qui les accusent d'avoir provoqué la bagarre dans le but de recevoir des prestations de la CSST[16].
Le , Serge Fiori a été invité au balcon lors de son hommage, Salut à Serge Fiori, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des arts, à Montréal, dans le cadre des FrancoFolies[19]. Plusieurs artistes de la scène québécoise ont remanié ses chansons pour l'occasion : Éric Lapointe, Loco Locass, Marc Déry, Boom Desjardins, Marco Calliari, Stéphanie Lapointe, Mes Aïeux, Marie-Jo Thério et Catherine Durand. On y voit un Fiori profondément touché, émotif, mais en même temps mal à l'aise, en particulier lors de l'interprétation de la chanson Le corridor par Monique Fauteux, la conjointe du bassiste d'Harmonium, Louis Valois, et leur fille, Julie Valois[20]. Tous ces artistes, et quelques autres, se retrouvent d'ailleurs sur l'album « Fiori - Un musicien parmi tant d'autres » regroupant les chansons enregistrées en studio. Ce disque inclut aussi la version originale de la chanson Duodadieu, sur laquelle on entend Fiori, et une version sur scène de la chanson titre, toutes deux chantées par Diane Dufresne et enregistrées en 1977. On y retrouve aussi la longue pièce instrumentale Histoire sans paroles avec, entre autres, Marie-Jo Thério et Nanette Workman[21].
Biographie autorisée
En , Louise Thériault, une thérapeute en relation d'aide et psychosociologue qui a été pour un temps la conjointe de Fiori, publie la biographie Serge Fiori : s'enlever du chemin. Ce dernier s'y révèle et, par la suite, accepte plusieurs entrevues avec les médias. Il parle franchement de problèmes de santé reliés à un « bad trip » causée par une capsule de LSD prise à son insu qui l'a jeté dans un coma à l'adolescence. Il avoue aussi souffrir d'un dérèglement au niveau du cerveau qui lui fait vivre des périodes d'anxiété[22]. Enfin, il reconnaît avoir vécu des problèmes d'alcool, réglés depuis. Pendant la préparation et la promotion de ce livre, Fiori écrit, compose et enregistre de nouvelles chansons.
Album Serge Fiori
Vingt-huit ans après la sortie du disque Fiori, il lance, le , son second album homonyme[23]. Composé de 11 titres et publié par l'étiquette GSI Musique, cet album a été certifié platine (80 000 copies vendues au Québec)[24] et frôle 100 000 copies vendues avant la fin de l'année 2014[n 3],[25]. En , lors de son passage sur le plateau de Tout le monde en parle avec Louis Valois pour la promotion de leur album L'Heptade XL, il confirme que son disque dépasse les 120 000 copies vendues.
En 2019, la chanson Si bien est entendue pendant le spectacle Seul ensemble sans être incluse sur l'album associé.
Clips
Un vidéoclip de la chanson Le monde est virtuel a été produit par Dominique Laurence avec l'aide de séquences filmées par le public avec des webcams personnelles[29]. Ce clip s'est mérité une nomination au Gala de l’ADISQ de 2014[30]. Un second vidéoclip, cette fois de la chanson Jamais, a été créé par la chorégrapheMarie Chouinard et mettant en vedette les danseurs Sacha Ouellette-Deguire et Megan Walbaum[31].
Prix
Le disque s'est mérité trois prix Félix au Gala de l’ADISQ de 2014: Album de l’année (Adulte contemporain), Album de l’année (Meilleur vendeur) et celui du Réalisateur de l’année partagé avec Marc Pérusse[32] en plus des nominations pour Album de l'année – Choix de la critique et Interprète masculin de l'année[30].
Fiori a aussi été en nomination pour trois prix Juno : Album francophone de l'année, Prix du public et Album de l'année[33].
Seul ensemble
Pour cette seizième création originale du Cirque Éloize, on utilise comme thème et trame musicale les chansons de Serge Fiori, annonçant au départ qu'on abordera toute sa carrière autant avec Harmonium qu'en solo. Dans les faits, seules Ça fait du bien et Viens danser, du disque Deux cents nuits à l'heure et Si bien de l'album Serge Fiori[n 4], ne seront pas tirées du répertoire de ce groupe. Les enregistrements originaux sont retravaillés par l'auteur, secondé par Louis-Jean Cormier et Alex McMahon. Le spectacle de la troupe québécoise est présenté au Théâtre St-Denis de Montréal du 6 au et pour ensuite se diriger au Théâtre Capitole de Québec du au [34]. Des supplémentaires ont été rajoutées à Montréal du au et le spectacle devait être de retour à Québec à partir du jusqu'au mais ont été repoussées une seconde fois due à la pandémie de la Covid-19[n 5],[35]. On y voit sur scène cinq danseurs et quinze acrobates[36],[37] mis en scène par Benoit Landry[38]. Quelques séquences filmées et de la narration de Fiori sont intégrées au spectacle.
Un album double, publié le [38], est réalisé et arrangé par Fiori avec Louis-Jean Cormier (guitares, synthétiseur, voix, percussions et basse), Alex McMahon (piano, claviers, basse, batterie, percussions et voix) et Guillaume Chartrain (basse, voix, prise de son et mixage) à partir des bandes maîtresse originales sur lesquelles d'autres instrumentations sont rajoutées; des ajouts par ces trois musiciens, des cuivres, des cordes et des chœurs[39]. La chanson De la chambre au salon, dans sa nouvelle version, est sortie le en single promotionnel[38].
Un album, enregistré à la Maison symphonique de Montréal sous la direction artistique de Nicolas Lemieux, est aussi disponible depuis le 17 novembre 2022. Les cinq mouvements empruntent les mélodies des chansons de Serge Fiori La moitié du monde, La vague, Étrange, Si bien, Laisse-moi partir, Seule et Jamais. Les notes biographiques du peintre, présentées dans le livret de l’album, sont rédigées par l’historien de l’art John R. Porter[42].
Discographie
Les Comtes Harbourg 45-tours inédit 1968 : Jeune fille de couvent / L'Humanité[3] (Sur le label Franco-Élite Inc. Distribué par Trans-Canada)[43].
Pour une blanche cérémonie (Serge Fiori, Michel Normandeau / Serge Fiori, Serge Locat)
L'appel (arr.: N. Chotem)
Le premier ciel (Serge Fiori, Michel Normandeau / Serge Fiori)
Sur une corde raide (arr.: N. Chotem)
L'exil (Serge Fiori)
Le corridor (Serge Fiori, Michel Normandeau / Serge Fiori)
Lumières de vie
Les premières lumières (arr.: N. Chotem)
Lumières de nuit (Serge Fiori, Michel Normandeau / Serge Fiori)
Éclipse (arr.: N. Chotem)
Lumière de jour (Serge Locat)
Lumière de vie (Serge Fiori, Serge Locat, Louis Valois)
Comme un sage (Serge Fiori, Neil Chotem)
Épilogue (arr.: N. Chotem)
Note : Les rubans originaux disparus, la réédition CD a été effectuée à partir d'un vinyle[6]. Ces bandes ont été retrouvées en 2015 lors du déménagement de la branche montréalaise de Sony Music Entertainment. L'édition remixée L'Heptade XL en sera tirée[44].
Toutes les chansons sont écrites par Serge Fiori sauf indications contraires. Il fait la réalisation du disque et y joue la guitare, la basse, le piano et les claviers. Serge Locat est aux claviers et au synthétiseurs
Shotgun (Paroles Serge Fiori / Musique Serge Locat)
Le soir tombe
Ballons percés - Duo de Nanette Workman et Serge Fiori (Paroles Serge Fiori / Musique Serge Locat)
Jeux d'enfants
Pays blanc
Je t’emmène
Sans ailes
Cinéma
D'accord
À quoi je joue?
Avec Peter Keogh
1994 : Le Mantra Maha Mrityunjaya (Publications & Enregistrements Galaxie[52])
Explication du Mantra
Récitation du Mantra
1994 : Le Mantra Gayatri (Publications & Enregistrements Galaxie[53])
↑Katherine Boulianne, « Une deuxième saison pour Chez Padré avec Serge Fiori », Le Quotidien, (lire en ligne, consulté le ).
↑Francois Blain, « Hommage à Fiori-Un musicien parmi tant d'autres », Radio-Canada Arts et spectacles, (lire en ligne, consulté le ).
↑Sylvain Cormier, « Salut à Serge Fiori à la salle Wilfrid-Pelletier de la PdA - Pour lui dire merci en personne », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le ).
↑Valérie Thérien, « Serge Fiori collabore avec Marie Chouinard: la chorégraphe signe le nouveau vidéoclip du chanteur », Voir, (lire en ligne, consulté le ).