Saint-Jean-Saverne
Saint-Jean-Saverne (anciennement Saint Jean près Saverne et Saint Jean des Choux[1]) est une commune française située dans la circonscription administrative du Bas-Rhin et, depuis le , dans le territoire de la Collectivité européenne d'Alsace, en région Grand Est. Cette commune se trouve dans la région historique et culturelle d'Alsace et fait partie du parc naturel régional des Vosges du Nord. GéographieLocalisationSaint-Jean-Saverne se trouve en bordure du massif des Vosges. Géologie et reliefHydrogéologie et climatologie : Système d’information pour la gestion des eaux souterraines du bassin Rhin-Meuse :
Saint-Jean-Saverne se situe à l’extrémité occidentale du fossé rhénan. À ce titre, le territoire de la commune est coupé en deux, à la fois en matière de relief et de géologie, par une faille normale courant selon un axe sud-ouest-nord-est au pied du mont Saint-Michel. À l’ouest de cette faille prédomine donc une zone de montagne caractérisée par des grès, tandis qu’à l’est se trouve une zone de plaine au sous-sol composé d’abord de calcaires, puis de colluvions[2]. Du côté de la montagne, le grès est du Buntsandstein, ou grès bigarré, qui s’est formé au sein d’un ensemble fluviatile il y a 230 millions d’années, au Trias inférieur. Cette couche de plusieurs centaines de mètres d’épaisseur est coiffé sur les sommets par la couche du Conglomérat principal, un poudingue riche en galets de quartz blanc, visible notamment au mont Saint-Michel. En certains endroits, notamment au Stampfloecher, cette couche épaisse d’une dizaine de mètres est elle-même couverte par une couche de grès intermédiaire[2]. Le village lui-même est construit sur les calcaires se trouvant immédiatement à l’est de la faille. Ceux-ci sont constitués d’une alternance de marnes dolomitiques du Muschelkalk moyen et de calcaire à entroques et térébratules du Muschelkalk supérieur. Plus bas en direction de la plaine, cet ensemble est suivi par des marnes argileuses du Lettenkohle, rapidement recouvertes toutefois par des colluvions provenant de la montagne puis par les sables charriés par la Zorn. À l’extrémité orientale du territoire de la commune, l’épaisseur d’alluvion est ainsi de 3 m et est suivie d’une couche d’au moins 8 m de marnes[3]. SismicitéCommune située dans une zone 3 de sismicité modérée[4]. HydrographieLa commune est dans le bassin versant du Rhin au sein du bassin Rhin-Meuse. Elle est drainée par la Zinsel du Sud[5], le ruisseau le Fallbaechel[6], le ruisseau le Langthal[7] et le ruisseau le Schalckbaechel[8],[9],[Carte 1]. La Zinsel du Sud, d'une longueur totale de 30,9 km, prend sa source dans la commune de Wintersbourg et se jette dans la Zorn à Steinbourg, après avoir traversé 15 communes[5]. Les caractéristiques hydrologiques de la Zinsel du Sud sont données par la station hydrologique située sur la commune d'Eckartswiller. Le débit moyen mensuel est de 0,879 m3/s[Note 1]. Le débit moyen journalier maximum est de 14,7 m3/s, atteint lors de la crue du . Le débit instantané maximal est quant à lui de 24,1 m3/s, atteint le [10]. ClimatEn 2010, le climat de la commune est de type climat des marges montargnardes, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[11]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat semi-continental et est dans la région climatique Vosges, caractérisée par une pluviométrie très élevée (1 500 à 2 000 mm/an) en toutes saisons et un hiver rude (moins de 1 °C)[12]. Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,3 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 17,5 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 870 mm, avec 11,6 jours de précipitations en janvier et 10,2 jours en juillet[11]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Wangenbourg_sapc », sur la commune de Wangenbourg-Engenthal à 16 km à vol d'oiseau[13], est de 9,9 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 131,8 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 36,4 °C, atteinte le ; la température minimale est de −16,9 °C, atteinte le [Note 3],[14],[15]. Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020[16]. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[17]. UrbanismeTypologieAu , Saint-Jean-Saverne est catégorisée ceinture urbaine, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[18]. Elle appartient à l'unité urbaine de Saverne[Note 4], une agglomération intra-départementale regroupant huit communes, dont elle est une commune de la banlieue[Note 5],[19],[20]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Strasbourg (partie française), dont elle est une commune de la couronne[Note 6],[20]. Cette aire, qui regroupe 268 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[21],[22]. Occupation des solsL'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (72,6 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (72,6 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (72,6 %), prairies (16,4 %), cultures permanentes (7,3 %), zones urbanisées (3,8 %)[23]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2]. ToponymieL'actuelle dénomination Saint-Jean-Saverne date de 1920 lorsque la commune, mettant à profit le retour de l'Alsace-Lorraine à la France et le rétablissement des appellations françaises, opta pour ce nom consensuel en lieu et place du sobriquet Saint-Jean-des-Choux dont l'avaient affublée à la fin du XVIIe siècle les autorités françaises en souvenir d'un combat désespéré livré en 1676 par les troupes du maréchal de Luxembourg, acculées par les troupes impériales du duc Charles V de Lorraine, au pied des Vosges et du village, dans les champs de choux[24]. Antérieurement, au temps du Saint-Empire romain germanique, l'appellation officielle était Sankt Johann bei (ou nächst) Elsass-Zabern, appellation reprise par les autorités allemandes pendant les deux périodes d'annexion de 1871-1918 et de 1940-1944. Cette dénomination est la traduction littérale de S. Iohannes prope Tabernas, plus anciennement S. Iohannes prope oppidum Zabernia, apparue dans les textes officiels anciens en 1126-1127 sous la forme Cella Sancti Iohannis, en remplacement du premier nom connu de la localité, Meginhelmeswilre, dans l'acte de donation du village et du domaine par le propriétaire Pierre de Lutzelbourg à l'abbaye de Sankt Georgen (en Forêt-Noire). Ce premier nom germanique évoque une création mérovingienne ou carolingienne, tout comme le nom des localités voisines d'Eckartswiller et d'Ernolsheim. HistoirePréhistoire et AntiquitéIl n’existe pas de signes concrets d’une occupation permanente à l’emplacement même de la commune avant le Moyen Âge, bien que quelques silex taillés aient été découverts à proximité de l’église. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas de présence humaine pendant ces périodes, mais celle-ci se concentre plutôt sur d’autres sites. Cette différence d’emplacement entre peuplement ancien et peuplement plus récent pourrait également être un biais introduit par le nombre limité de fouilles réalisées dans le village même[25]. Ainsi, le site du Mont-Saint-Michel montre des traces d’occupation permanente à l’époque du second âge du fer, à mettre en relation avec l’oppidum de la Heidenstadt, implanté à la limite entre le territoire de la commune et celui d’Ernolsheim[26]. Au même endroit, la ligne de démarcation actuelle entre les deux communes est constitué par le tracé d’une voie romaine passant à travers les Vosges et desservant également une carrière antique au lieu-dit Stempfloecher'[25]. Moyen ÂgeAu Haut Moyen Âge, les traces d’habitat humain restent dans un premier temps localisée sur le mont Saint-Michel, celui-ci étant habité au IXe siècle[27]. Le village est mentionné pour la première fois en 1126 sous le nom de Megenhelmswilre, lorsque Pierre de Lutzelbourg en fait don, ainsi que de l’église privée qu’il dispose en ce lieu, à l’abbaye de Saint-Georges-en-Forêt-Noire (de). L’année suivante, le , celle-ci fonde sur place le couvent de Saint-Jean, dont le village prendra le nom[28]. Il se trouve à cette date un autre village sur le territoire de la commune : Volkerswiller, situé au débouché du vallon de la Winterhalt ; celui-ci disparaît toutefois lors des troubles de la fin du Moyen Âge. Cette période est en effet marquée par les ravages de la région par des bandes de routiers provenant de France, dont la traversée des Vosges est facilité par les nombreux cols aux alentours de Saverne. La fin du XIVe siècle voit ainsi trois incursions des Grandes compagnies en 1365, 1375 et 1384, puis, quelques décennies plus tard, en c’est au tour des « Armagnacs » de Jean de Fénétrange d’incendier le village sur leur passage. En 1525, pendant la guerre des paysans, le couvent est également la cible des paysans révoltés qui le mettent à sac et brûlent les archives[25]. Temps modernesLes conflits des siècles suivants amènent encore le village à être régulièrement saccagé par les armées de passage, attirées par les richesses du couvent et la possibilité d’y loger de grands corps de troupe. En 1590, le couvent est au bord de la disparition, ses bâtiments en ruines et les quelques religieuses restantes sans direction, la supérieure ayant pris la fuite dans le Wurtemberg[29]. Politique et administrationBudget et fiscalité 2022En 2022, le budget de la commune était constitué ainsi[32] :
Avec les taux de fiscalité suivants :
Chiffres clés Revenus et pauvreté des ménages en 2020 : médiane en 2020 du revenu disponible, par unité de consommation : 26 980 €[33]. Population et sociétéDémographieÉvolution démographiqueL'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[34]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[35]. En 2022, la commune comptait 537 habitants[Note 7], en évolution de −6,45 % par rapport à 2016 (Bas-Rhin : +3,17 %, France hors Mayotte : +2,11 %). EnseignementÉtablissements d'enseignements[38] :
SantéProfessionnels et établissements de santé[39] :
Cultes
ÉconomieEntreprises et commercesAgricultureAvant le XIXe siècle, le village est presque entièrement tourné vers l’activité agricole. Celle-ci est dominée par la polyculture, complétée par l’élevage ainsi que l’exploitation de vignes et de vergers. Il n’existe presque pas d’exploitation indépendante, l’abbaye possédant l’immense majorité des parcelles qui sont soit louées à des agriculteurs soit directement exploitées par des journaliers. Quelques activités artisanales existent à la marge, notamment la tonnellerie, la menuiserie et l’exploitation de la pierre[42]. Le XIXe siècle est marqué par un bouleversement profond de l’orientation économique de la commune. En effet, bien que devenus indépendants après la disparition de l’abbaye, les agriculteurs parviennent de moins en moins à vivre de leur activité au cours de ce siècle, tandis que le développement de l’industrie dans les communes avoisinantes, notamment Kuhn à Eckartswiller et Goldenberg à Monswiller, draine la main d’œuvre vers ce secteur d’activité. L’agriculture subsiste toutefois jusqu’au milieu du XXe siècle, généralement comme activité secondaire d’ouvriers-paysans, mais elle-même décline rapidement après la Seconde Guerre mondiale et la dernière exploitation agricole disparaît en 1962[42].
Tourisme
Commerces
Lieux et monuments
Patrimoine civilPatrimoine religieuxSur le domaine de Meginhelmeswilre, devenu Cella Sancti Johannis par la donation de 1126-1127, le nouveau propriétaire, l'abbaye de Sankt Georgen en Forêt-Noire fit construire dans le troisième quart du XIIe siècle une abbaye, placée sous l'invocation de Jean le Baptiste, pour accueillir une communauté de moniales bénédictines.
Vers la sortie est du village, au bout de la Grand-Rue, s'élève la chapelle Saint-Wendelin. Construite à la suite d'un vœu fait en 1736 par les bourgeois de Saint-Jean dont les troupeaux de bovins étaient décimés par une épizootie particulièrement meurtrière, elle est consacrée le [54]. Ensemble Cultuel dit Rocher Saint-Michel[55]. Croix de chemin : Croix monumentale (croix de mission)[58]. Calvaire daté 1748 du cimetière[59]. Sites archéologiquesLe Mont Saint-Michel est une colline aux flancs escarpés culminant à 378 m d’altitude et située immédiatement au nord du village[60].
Les traces d’un établissement gallo-romain ont été détectées en 1996 au nord-est du village, à cheval sur les territoires de la commune et de celle d’Eckartswiller. Occupé entre les IIe et IIIe siècles, celui-ci était vraisemblablement destiné à la production de meules et à la fourniture de grès pour la construction monumentale. Outre la zone d’exploitation constituée de plusieurs carrières, le site comporte également au moins une habitation ainsi qu’une nécropole[64]. Personnalités liées à la commune
Héraldique
AnnexesBibliographie
Articles connexesLiens externes
Notes et référencesNotes
Cartes
Références
|