Il est construit au chantier naval de Toulon entre 1666 et 1670 sous la direction de Rodolphe Gédéon, un constructeur recruté en Hollande par Colbert comme « maître charpentier entretenu pour la fabrique, la construction et le radoub de Sa Majesté »[1]. Selon l'intendant La Guette, il s'agit à cette époque du « meilleur bâtisseur de vaisseaux au monde »[1]. Rodolphe Gédéon est secondé dans sa tâche par Laurent Coulomb. C'est un trois-ponts qui embarque un équipage de 800 hommes et sert par la suite de navire amiral à la flotte française en Méditerranée.
Un court service dans la Marine royale
Le bâtiment, qui fait partie de la première vague de construction des années 1660, doit servir à affirmer de la gloire du jeune Louis XIV. Richement décoré, il porte pour devise « je suis l'unique dessus l'onde et mon Roy l'est dans le monde »[1]. Selon l'intendant de Toulon, c'est « un machine merveilleuse qui attire les yeux de chacun et qui excite la curiosité de tous »[1]. Le navire pourtant, n'est pas une réussite et témoigne des tâtonnements des chantiers navals français qui manquent encore d'expérience. Lors de sa visite à Toulon en 1683, l'ingénieur naval anglais Edmund Dummer décrit sévèrement le Royal Louis : c'est « un navire grand et glorieux dans sa première sculpture, sans doute ; mais à mon avis il n'est pas à la bonne proportion, ni de bonne fabrication, j'ignore sa ligne sous l'eau, mais ce qui est au-dessus ne doit être admiré »[2]. La carrière du grand trois-ponts sera donc limitée, même s'il est commandé un temps par Abraham Duquesne, à la fin de la guerre de Hollande (1677). Il est vendu et démantelé en 1690[3].
Références
↑ abc et dGrégoire Gasser, Dictionnaire d'Histoire maritime, sous la direction de Michel Vergé-Franceschi, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2002, p. 1270-1271.
↑(en anglais : A great ship and glorious in her first carving, no doubt; but to my judgment not of good proportion, nor good workmanship, her figure under water I know not, nor is that above to be admired.(en) Celina Fox, « The Ingenious Mr Dummer: Rationalizing the Royal Navy in Late Seventeenth-Century England » [PDF], Electronic British Library Journal, (consulté le ) : « A great ship and glorious in her first carving, no doubt; but to my judgment not of good proportion, nor good workmanship, her figure under water I know not, nor is that above to be admired. », p. 17.
Hayet, Description du vaisseau le « Royal Louis » : Dédiée à messire Pierre Arnoul, conseiller du Roy en ses Conseils, intendant général de la Marine de Levant, Marseille, Charles Brebion, (lire en ligne).
Gazette des beaux-arts : Courrier Européen de l'art et de la curiosité, vol. 25, Paris, Impr. de J. Claye, (lire en ligne), partie 2, p. 347-352.
Eugen Rickenbacher, Über den Wellen bin ich einzigartig. Das Skulpturenprogramm am Heck der Royal Louis (1668), Berlin/Munich, Deutscher Kunstverlag, 2013 (Passerelles, 12), 184 p.
Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « collection Bouquins », , 1508 p. (ISBN2-221-08751-8).
Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, éditions Ouest-France, , 427 p. (ISBN2-7373-1129-2).
Alain Boulaire, La Marine française : De la Royale de Richelieu aux missions d'aujourd'hui, Quimper, éditions Palantines, , 383 p. (ISBN978-2-35678-056-0)
Charles La Roncière, Histoire de la Marine française : La crépuscule du Grand règne, l’apogée de la Guerre de Course, t. 6, Paris, Plon, , 674 p. (lire en ligne)