Rosine CrémieuxRosine Crémieux
Rosine Crémieux, née Bernheim le à Elbeuf et morte le à Paris[1], est une psychanalyste, résistante et déportée française. BiographieRosine Crémieux naît dans une famille juive alsacienne[2], qui opte pour la France lors de la guerre franco-prussienne de 1870 et s'installe en Normandie[3]. Elle naît à Elbeuf. Jeunesse, résistance et déportationSa famille se réfugie en région lyonnaise au début de l'occupation allemande de la zone nord[2]. Elle pratique le scoutisme au sein de la Fédération française des éclaireuses, section neutre (laïque)[4]. Ses frères rejoignent les Forces françaises libres, tandis qu'elle s'engage dans la résistance intérieure[5],[4]. Elle suit à Lyon des cours de secourisme[6], ce qui lui permet de participer comme infirmière au service de santé du Vercors[3]. Elle fait partie des sept infirmières de la grotte de la Luire : le , des soldats de la Wehrmacht attaquent une grotte dans laquelle s'était réfugiée l'équipe médicale et soignante de l'hôpital de campagne de Saint-Martin-en-Vercors, avec 35 blessés pour l'essentiel des résistants français, mais également quatre soldats allemands[3]. La majorité des blessés sont exécutés, et les sept infirmières sont arrêtées, emprisonnées d'abord à la caserne de Bonne à Grenoble puis à la prison Montluc à Lyon, avant d'être déportées[6]. Rosine Crémieux, qui a alors 20 ans, est déportée à Ravensbrück par le convoi parti de Lyon le 11 [4]. Parce qu'elle refuse de travailler, elle est envoyée au kommando d’Abterode en . Elle y affectée comme tourneuse-fraiseuse à la fabrication de pièces de moteurs d'avion, qu'elle sabote. En représailles, elle est envoyée en 1945 à Markkleeberg, un camp de travail forcé annexe du camp de Buchenwald[7]. Au moment de l'évacuation des camps, elle parvient à s'échapper d'une Marche de la mort, et est secourue par un Allemand ancien membre des Jeunesses communistes puis par des troupes américaines[3]. Figure de la psychanalyse infantileAprès la guerre, elle bénéficie d'une bourse de l'American Field Service et part suivre des études de psychologie clinique aux États-Unis. Rentrée en France, elle travaille comme psychologue et superviseuse dans différents centres[6], dont le centre médicopsychologique Alfred Binet à Paris[8] et l'hôpital Necker-Enfants malades dans l'équipe de Georges Heuyer. Au début des années 1950, elle entame une psychanalyse, au cours de laquelle elle ne parvient pas à évoquer sa déportation[5]. En 1952, elle épouse Claude Crémieux, avec qui elle a trois enfants : Thérèse, Marie et Anne-Claude. En 1958, elle fonde avec René Diatkine, Serge Lebovici, et Julian de Ajuriaguerra la revue La Psychiatrie de l'enfant, dont elle est d'abord secrétaire de rédaction de 1958 à 1990, puis directrice de la rédaction jusqu'à son décès[2],[8]. À sa fondation, la revue plaide pour une refondation de psychiatrie infantile, l'importance du travail en équipe pluridisciplinaire et l'ouverture aux expériences étrangères[9]. La Société psychanalytique de Paris, dont elle est membre, souligne sa qualité de « pionnière de la psychanalyse de l’enfant et de l’adolescent avec René Diatkine et Serge Lebovici »[10]. Témoin de la déportationEn 1994, elle participe à une émission télévisée avec les autres infirmières survivantes de la grotte de Luire. Ce moment la marque et déclenche chez elle la possibilité de revenir sur son expérience concentrationnaire[5]. Elle publie en 1999 l'ouvrage La Traine-Sauvage dans lequel par le biais d'un dialogue avec le psychanalyste Pierre Sullivan, elle effectue une « mise au présent de la mémoire » cinquante ans après cette expérience[11],[5],[4]. Elle témoigne ensuite de son expérience dans la Résistance et dans les camps devant différents publics[5]. Hommages et distinctionsRosine Crémieux est récipiendaire des décorations suivantes :
Une résidence sociale porte son nom à Sotteville-lès-Rouen[14]. Notes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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