La Rose d'or est un ornement béni par le pape, destiné à honorer des souverains ou des sanctuaires catholiques. Comme son nom l'indique, il représente une rose, un bouquet de roses ou un petit rosier en or massif. Il était attribué chaque année par le pape le quatrième dimanche de Carême à un souverain ou seigneur, puis plutôt à une reine ou épouse de roi (à partir du XVIIe siècle), et depuis la seconde moitié du XXe siècle, à des églises ou sanctuaires. Depuis le XXIe siècle, ce sont essentiellement des sanctuaires mariaux qui ont reçu cette distinction.
La fleur d'or et sa splendeur éclatante symbolise le Christ et Sa Majesté Royale. Le rouge (et les épines) symbolise plus particulièrement sa Passion, différents éléments de la fleur et de l’œuvre (parfum, tige, fleurs), ont des interprétations symboliques et bibliques que le pape détaille et précise dans la lettre accompagnant le don de l’œuvre.
Au cours des siècles, l’œuvre, assez simple (une simple rose de 15 cm environ), s'est complexifiée pour devenir un bouquet, avec un pied ou un vase, pouvant représenter plusieurs kilos d'or, voire intégrer des pierres précieuses. Si une bonne partie des œuvres ont été refondues quelques années ou siècles plus tard (pour réutiliser l'or), quelques œuvres anciennes sont parvenues jusqu'à nous. La date de début de cette tradition (de remise d'une rose par le pape) est incertaine et évaluée au XIe siècle environ, mais elle pourrait être plus ancienne. La date de la première bénédiction de la rose fluctue aussi suivant les sources du XIIe siècle au XVe siècle.
Certains sanctuaires ont pu recevoir plusieurs roses au cours de leur histoire, et certains papes, ont pu offrir plusieurs roses la même année (essentiellement à partir du XXIe siècle). Ainsi le pape Benoît XVI, en 8 années de pontificat, a offert 18 roses.
Représentation et symbolique
Définition
La rose d'or est un ornement béni par le pape, cadeau destiné à honorer des souverains ou des sanctuaires catholiques. Comme son nom l'indique, il représente une rose, un bouquet de roses ou un petit rosier en or massif. Il était attribué principalement à un souverain, plus tard à une épouse de souverain ou une reine, et depuis le milieu du XXe siècle, uniquement à des sanctuaires ou des églises. Cette rose était offerte chaque année par le pape à l'occasion du quatrième dimanche de Carême[1].
Symbolique
Les significations de la rose sont liées à celle du dimanche de Lætare (quatrième du carême), le jour où cette rose est traditionnellement bénie.
Ce dimanche est souvent appelé « dimanche de rose », et la couleur des vêtements liturgiques utilisés est normalement le rose[2]. L’Église catholique, durant ce dimanche particulier invite les fidèles « à lever les yeux et au-delà du calvaire et voir dans les premiers rayons du soleil de Pâques, le Christ ressuscité, qui leur apporte la rédemption, et le message : Réjouis-toi »[3].
La rose d'or matérialise des éléments symboliques : la fleur d'or et sa splendeur éclatante symbolise le Christ et Sa Majesté Royale.
Le rouge symbolise plus particulièrement sa Passion. On interprète en ce sens un verset du Cantique des cantiques : « Je suis la fleur des champs et le lis des vallées »[4], ou encore un verset du livre d'Isaïe : « et il sortira un rejeton de la souche de Jésée, et une branche de ses racines fructifiera »[5]. Le parfum de la rose, selon le pape Léon XIII, « montre la douce odeur du Christ qui devrait être largement diffusée par son fidèles disciples ». Innocent III a écrit pour sa part : « Comme le dimanche de Lætare, qui symbolise l'amour après la haine, la joie après le chagrin et la plénitude après la faim, la rose représente respectivement par sa couleur, son odeur et son goût, son amour, sa joie et sa satiété ». Cette signification mystique est présente dans les lettres accompagnant la rose, ou encore dans les sermons prononcés le dimanche de Lætare[3].
Description
La plus ancienne représentation connue d'une rose d'or (XIIIe siècle) est une rose seule portant en son cœur une petite coupe ajourée contenant du baume et du musc.
Si la rose est toujours restée en or pur, sa forme, sa composition, la décoration, la taille, le poids et la valeur de l’œuvre d'art ont varié suivant les époques (la situation économique, et les ressources de la papauté). À l'origine, l’œuvre mesurait un peu plus de 15 cm de hauteur et elle était facilement transportée dans la main gauche du pape, tandis qu'avec sa droite, il bénissait la foule lors de la procession de la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem (à Rome) jusqu'au palais du Latran[M 1]. Par la suite, et surtout lorsqu'un vase et un grand piédestal sont devenus partie intégrante de l'ornement (ce qui portait le tout à plusieurs kilos), il a fallu un clerc robuste pour porter l’œuvre durant la procession[3].
Avec Sixte IV (XVe siècle), le dessin se complique : la rose d'or représente également des tiges épineuses, des feuilles ou encore des bourgeons ; des pierres précieuses sont serties dans le bijou. On ajoute ensuite un piédestal et un vase. Ainsi, en 1668, la rose d'or envoyée par Clément IX à Marie-Thérèse d'Autriche, épouse de Louis XIV, pesait 4 kilos, celle envoyée par Innocent XI ((XVIIe siècle) pesait environ 10 kilos d'or, elle mesurait presque 45 cm de haut, et avait la forme d'un bouquet[3].
Le piédestal pouvait être soit triangulaire, soit quadrangulaire voire octogonal. Le pied était richement orné de divers motifs et bas-reliefs. En plus de l'inscription habituelle, on ajoutait également les armoiries du pape (qui l'offrait), et parfois celles du prélat qui l'apportait à son destinataire[3].
Détail du pied de la rose d'or commandée par le pape Jean XXII (1316-1334) et offerte à Rodolphe III de Nidau. Provient du trésor de la cathédrale de Bâle.
Détail du bouquet de la rose d'or décernée par le pape Jean XXII à Rodolphe III de Nidau. Œuvre conservée dans l'Hôtel de Cluny (Paris).
Aux tout débuts, la rose d'or fut souvent offerte au préfet de Rome. Plus tard, l'usage prévalut de l'envoyer à un roi ou un prince qui s'était illustré par sa valeur, puis à une princesse renommée pour sa vertu ou sa charité envers les pauvres. Durant un certain temps, les empereurs d'Allemagne la reçurent à l'époque de leur couronnement. Lorsque le Saint-Siège fut établi à Avignon, on eut l'usage d'offrir la rose d'or à la personne la plus digne qui se trouvait présente à la cour pontificale durant l'époque du carême.
Au moyen âge
La date exacte de l'institution de la « rose d'or » est inconnue, et elle est l'objet de controverses. Selon certains, elle est antérieure à Charlemagne (742-814) et remonterait même au Ve siècle, ou bien daterait de la fin du VIIIe siècle. Selon d'autres, elle a son origine à la fin du XIIe siècle[M 2]. Il est cependant certain qu'elle est antérieure à l'an 1050, puisque le pape Léon IX (1051) parle de la rose comme d'une ancienne institution à son époque. La « bénédiction de la rose » est cependant postérieure à cette date. Elle a été mise en place pour rendre la cérémonie plus solennelle et induire une plus grande révérence du pape vis-à-vis du destinataire[M 3]. Selon le cardinal Petra[6], le pape Innocent IV (1245-54) fut le premier à pratiquer cette bénédiction. Mais d'autres personnes estiment que cet usage a été mis en place par Innocent III (1198-1216), ou Alexandre III (1159-81), ou Léon IX (1049-55). Il n'y a pas de consensus sur la question. Si la date de la première bénédiction fluctue suivant les sources du XIIe siècle au XVe siècle (d'après un écrit du pape Benoît XIV) (1758). Cependant, le pape n'utilisait pas une nouvelle rose chaque année : il pouvait réutiliser la rose de l'année précédente, jusqu'à ce qu'une nouvelle rose lui soit offerte (ou fabriquée)[3].
La rose d'or apparaît dès le début du Moyen Âge. La première mention attestée est une bulle de 1051, dans laquelle Léon IX exige des religieuses du couvent de Sainte-Croix de Woffenheim (Alsace), l'envoi d'une rose d'or à bénir et à porter par le pape le dimanche de Lætare[7],[3].
La chronique de saint Martin de Tours mentionne le plus ancien don connu d'une rose d'or par le pape : don d'Urbain II au comte Foulque IV d'Anjou, en 1096. Dès le bas Moyen Âge, le don d'une rose d'or pour honorer un souverain supplante le don des « clefs de Pierre », institué au VIIIe siècle.
La rose est traditionnellement portée en procession, de la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem jusqu'au palais du Latran, lors du dimanche de Lætare (quatrième dimanche de Carême), également appelé dimanche de la Rose pour cette raison. Elle est d'abord portée par le pape lui-même. Par la suite, quand le poids de la rose augmente, un clerc est chargé de cette tâche. C'est à cette occasion que le pape bénit, dans la sacristie de basilique Sainte-Croix, le baume et le musc destinés à la rose, avant que celle-ci ne soit portée par un ablégat à son destinataire, ou remise à un ambassadeur résident. En 1895, la charge de porter la rose d'or est confiée à un camérier secret de cape et d'épée[3].
La plupart des roses d'or anciennes ont été fondues par leur destinataire (ou leurs successeurs), afin de récupérer l'or à des fins monétaires (en période de crise). Les exemplaires subsistant des roses anciennes sont donc peu nombreux. On peut les retrouver :
Des roses d'or ont été décernées à des personnes - hommes, femmes et un couple marié - ainsi qu'à des États et des églises (ou sanctuaires).
Jusqu'au XVIe siècle, les roses d'or étaient généralement attribuées à des souverains (hommes). À partir du XVIe siècle, il est devenu plus courant de les attribuer à des femmes souveraines ou à des femmes de souverains. Francesco Loredan, Doge de Venise, fut le dernier homme à recevoir une rose d'or en 1759. La dernière femme (et dernière souveraine) à recevoir une rose d'or fut la grande-duchesse Charlotte de Luxembourg en 1956. À partir de cette date, seules des églises ou sanctuaires se sont vu remettre cette distinction. Toutes les roses offertes par le pape Benoît XVI (18 au total) ont été décernées (et uniquement) à des sanctuaires mariaux.
Parmi les principales églises auxquelles la rose a été offerte, citons :
Seconde rose pour la statue de Notre-Dame d'Aparecida. La première offerte en 1967 a été déposée dans « l'ancienne basilique », avant la consécration de la « nouvelle basilique » en 1980[35],[36].
Cette troisième rose à la statue de Notre-Dame d'Aparecida a été remise dans la nouvelle basilique. Cette rose est offerte à l'occasion du 300e anniversaire de la découverte de la statue et de sa dévotion[55]
La rose fut envoyée par le pape à l'occasion de l'occasion de la nomination de la cathédrale comme sanctuaire international Notre-Dame-de-Paix-et-de-Bon-Voyage[58]
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Golden Rose » (voir la liste des auteurs).
↑Cdl Balthasar, « Rome, IVe dimanche de Carême: la rose d'or - Les carnets du Cardinal Balthasar », Les carnets du Cardinal Balthasar, (lire en ligne, consulté le )
↑Couleur de la chasuble utilisée par le prêtre pour célébrer l'Eucharistie. Cet usage s'est un peu perdu, d'autant que cette couleur n'est utilisée qu'un seul jour par an.
↑(la) Theophili Raynaudi, « Rosa Mediana a Pontifice Principibus dono missa », THEOPHILI RAYNAVDI SOCIETATIS IESV THEOLOGI, PONTIFICIA, , p. 413 (lire en ligne, consulté le ).
↑Selon certaines sources, deux des quatre roses ont été données à la basilique proprement dite et deux à la chapelle appelée Sancta Sanctorum.
↑(it) Lodovico Antonio Muratori, Annali d'Italia dal principio dell'era volgare sino all'anno 1750, vol. XXXIII, Florence, Leonardo Marchini, , p. 33.
↑(en) Hugh Caraher, A month at Lourdes and its neighbourhood in the summer of 1877, Londres, R. Washbourne, , 168 p. (lire en ligne), p. 147.
↑(en) « Pontiff Will Bless Golden Rose Today », New York Times, , p. 25.
↑(en) « Pope Blesses Gift for Queen Elena », New York Times, , p. 12.
↑ ab et cBernard Berthod et Pierre Blanchard, Trésors inconnus du Vatican : cérémonial et liturgie, Paris, Editions de l'Amateur, , 350 p. (ISBN978-2-85917-325-8), p. 300.
↑(en) « Paul VI Starts Trip to the Holy Land », New York Times, , p. 1.
↑(en) « Pontiff Adjourns Vatican Council and Honors Mary », New York Times, , p. 1.
↑(en) « Cardinal places Golden rose in mariam shrine at Loreto », Vatican Information Service, (lire en ligne, consulté le ).
↑(it) « A Papal rose in tribute to the "Queen" of joy and sorrow », Asia News, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « Pope honors largest shrine to St. Joseph with Golden Rose », Catholic News Agency, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « EUROPE/PORTUGAL - 150th anniversary of the dogma Immaculate Conception - Shrine of Sameiro receives the Golden Rose donated by Supreme Pontiff: from the Basilica of Our Lady of the Rosary in Fatima (Portugal) », Fides, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « Pope to place golden rose before patroness of Cuba », Catholic News Agency, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Randal C. Archibold et Rachel Donadio, « Cuban Official Rules Out Reforms Urged by Pope », New York Times, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « Pope Francis sends golden rose to Our Lady of Guadalupe », Catholic News Agency, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « Mass in the Jasna Góra shrine on the 1050th anniversary of the baptism of Poland: leave behind all past wrongs and wounds, and build fellowship with all, 28.07.2016 », Bureau de Presse du Saint-Siège, (lire en ligne, consulté le ).
↑(pt) Lusa, « Papa Francisco oferece a terceira Rosa de Ouro ao Santuário de Fátima », Publico, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Courtney Mares, « Pope Francis celebrates Mass at Transylvania’s Marian pilgrimage shrine », Catholic News Agency, (lire en ligne, consulté le ).
(it) Gaetano Moroni, « Rosa d'Oro », Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, Venezia: Tipografia Emiliana, vol. LIX, , p. 111-148 (lire en ligne, consulté le ).
↑(it) Gaetano Moroni, « Rosa d'Oro », Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, Venezia: Tipografia Emiliana, vol. LIX, , p. 116 (lire en ligne, consulté le ).
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