Roberto BolañoRoberto Bolaño
Prononciation Roberto Bolaño, né à Santiago le et mort à Barcelone le , est un poète, romancier et nouvelliste chilien. BiographieRoberto Bolaño est né à Santiago. Son père est chauffeur routier (et boxeur) et sa mère enseignante[1]. Il grandit, avec sa sœur, dans une région côtière, au sud du pays. Il se décrit comme un enfant maigrichon, myope, plongé dans les livres et peu prometteur. Il est dyslexique et souvent tyrannisé par ses camarades à l'école. Il en conçoit un sentiment d'exclusion. En 1968, il suit sa famille à Mexico. Après son renvoi de l'école, il devient journaliste et militant de gauche[2]. Un moment charnière de la vie de Bolaño, mentionné dans plusieurs de ses ouvrages, survient en 1973, lorsqu'il quitte Mexico pour le Chili, pour « aider à construire le socialisme » en appuyant Salvador Allende. Après le coup d'État de Pinochet qui renverse Allende, Bolaño est arrêté, soupçonné de terrorisme, et passe huit jours en détention[3]. Il est sauvé par deux anciens camarades de classe, devenus gardiens de prison[4]. Bolaño décrit cette expérience dans Détectives, tiré du recueil Appels Téléphoniques. D'après la version qu'il donne des faits, il n'est ni torturé ni tué, comme il s'y attendait, mais « au petit matin, j'entendais les cris des personnes qu'ils torturaient ; je ne pouvais plus dormir. Je n'avais rien à lire, à part une revue en anglais qui traînait par là. Le seul article intéressant concernait une maison qui avait autrefois appartenu à Dylan Thomas... Je suis sorti de ce trou grâce à deux détectives avec lesquels j'avais été au lycée, à Los Ángeles »[5],[6]. Il reste encore quelques mois au Chili et évoque le temps de « l'humour noir, de l'amitié et du danger de la mort »[7]. Pour l'essentiel de sa vie jusqu'à la fin des années 1980, Bolaño vit en vagabond, entre le Chili, le Mexique, le Salvador, la France et l'Espagne. Dans les années 1970, Bolaño devient trotskiste et membre fondateur de l'infraréalisme, mouvement poétique mineur. Il se complaît à parodier les attitudes du mouvement dans Les Détectives sauvages[8]. Après avoir passé un moment au Salvador en compagnie du poète Roque Dalton et des guérilleros du Front Farabundo Martí de libération nationale[9], il revient à Mexico, mène une vie de poète bohème et d'enfant terrible de la littérature – « un provocateur professionnel redouté par toutes les maisons d'édition, même s'il n'a rien à voir avec elles, faisant irruption pendant les conférences littéraires et les séances de lecture », déclare Jorge Herralde, son éditeur. Son comportement erratique est dû tant à un idéal gauchiste qu'à un mode de vie chaotique. Bolaño arrive en Europe en 1977 et finit par s'installer en Espagne. Il se marie et s'installe sur la côte méditerranéenne, près de Barcelone. Il travaille le jour comme plongeur, gardien de camping, groom et éboueur, et écrit la nuit. Au début des années 1980, il s'installe à Blanes, petite cité balnéaire de Catalogne[10]. Il continue d'écrire de la poésie et se met à la fiction au début de la quarantaine, se sentant responsable du futur bien-être matériel de sa famille, comme il le révèle au cours d'une interview, ses revenus de poète étant tout à fait insuffisants. Jorge Herralde confirme que Bolaño « abandonne un mode de vie de beatnik parcimonieux » car la naissance de son fils en 1990 l'incite à assumer ses responsabilités et à croire qu'il lui sera plus facile de gagner sa vie en écrivant de la fiction. Malgré tout, il continue de se considérer avant tout comme un poète, et un recueil de poésie, dont l'élaboration s'étale sur vingt ans, est publié en 2000 sous le titre de Los perros románticos (les Chiens romantiques). Bolaño meurt le , d'une insuffisance hépatique. Six semaines avant sa mort, les romanciers latino-américains le saluent comme le plus important romancier de sa génération, lors d'une conférence internationale tenue à Séville. Parmi ses plus proches amis figurent les romanciers Rodrigo Fresán et Enrique Vila-Matas. Fresán déclare : « Roberto s'est affirmé comme écrivain à un moment où l'Amérique Latine ne croyait plus aux utopies et où le paradis était devenu enfer. Ce sentiment de monstruosité, de cauchemars éveillés et de fuite perpétuelle de l'horreur imprègne 2666 et toutes ses œuvres. » « Ses livres sont politiques », observe Fresán, « mais de façon plus personnelle que militante ou démagogique, plus proche de la mystique des beatniks que du "Boom" ». Selon Fresán, « il était tout à fait singulier, travaillait sans filet de sauvetage, se donnait à fond, sans se refréner, et ce faisant, il a créé une nouvelle manière d'être un grand écrivain latino-américain »[11]. Larry Rohter du New York Times disait que Bolaño plaisantait à propos du mot « posthume », disant qu'il « lui rappelait celui d'un gladiateur romain, invaincu, et que ça l'aurait sans doute amusé de voir combien sa cote avait augmenté depuis sa mort »[12]. À propos de son pays natal, qu'il n'avait visité qu'une seule fois après son exil volontaire, Bolaño avait des sentiments mitigés. Il était célèbre au Chili pour ses attaques féroces contre Isabel Allende et d'autres membres de l'establishment littéraire. « Il n'avait pas sa place au Chili, et le rejet qu'il y avait essuyé lui permettait de dire tout ce qu'il voulait, ce qui est un bonne chose pour un écrivain », d'après le romancier et dramaturge chilien Ariel Dorfman. Roberto Bolaño laisse derrière lui sa femme, espagnole, et leurs deux enfants, qu'il a appelés « sa seule patrie ». Ses enfants ont pour prénoms Lautaro (d'après le chef mapuche Lautaro, qui résista aux Espagnols lors de la conquête du Chili, selon le récit épique La Araucana) et Alexandra. Dans sa dernière interview, publiée par l'édition mexicaine du magazine Playboy, Bolaño dit se considérer comme Latino-Américain et ajoute : « Mon seul pays, ce sont mes deux enfants et, peut-être, en second lieu, des moments, des rues, des visages ou des livres que je porte en moi. » Bien qu'il se soit toujours senti profondément poète, dans la ligne de Nicanor Parra, sa réputation s'est bâtie sur ses romans et ses nouvelles[13]. Poète bohémien, enfant terrible de la littérature, Bolaño ne commence à écrire des œuvres de fiction qu'au cours des années 1990. Il devient immédiatement un des personnages clés de la littérature espagnole et latino-américaine. Ses œuvres sont successivement saluées par la critique, notamment les romans Los detectives salvajes (Les Détectives sauvages) et Nocturno de Chile (Nocturne du Chili), et le posthume 2666. Ses deux séries de nouvelles, Llamadas telefónicas (Appels téléphoniques) et Putas asesinas (Des putains meurtrières), sont récompensées par des prix littéraires. En 2009, plusieurs romans inédits sont découverts dans les archives de l'auteur. Il obtient le prix Herralde en 1998 et le prix Rómulo-Gallegos en 1999. ŒuvreLes éditions originales sont parues en langue espagnole en Espagne, généralement chez Anagrama. Ci-dessous, une date entre crochets, après le titre original, indique la période d'écriture de l'ouvrage (ou des composantes d'un recueil). La plupart de ses œuvres, traduites en français chez Christian Bourgois par Robert Amutio, ont été rééditées une première fois en poche dans la collection « Titres » du même éditeur, ou dans la collection « Motifs » du Serpent à Plumes, ou encore, pour les trois longs romans, chez Gallimard, dans la collection « Folio ». Les œuvres complètes de Roberto Bolaño en six volumes sont publiées en français par les Éditions de l'Olivier à partir de 2020[14]. La nouvelle édition en poche de l’ensemble de l’œuvre est désormais publiée et en cours de publication à partir de cette réédition dans la collection Points/Seuil. Romans
Recueils de nouvelles
Poésie
Autres publications
Notes et références
AnnexesBibliographie
Articles connexes
Liens externes
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