En 1978, il suit un stage à Paris, sous la direction d'Alain Knapp. À son retour, il participe à plusieurs créations lors desquelles il cumule les rôles de comédien, d’auteur et de metteur en scène.
Débuts au théâtre
En 1980, il se joint au Théâtre Repère et fait un passage dans la LNI (Ligue nationale d'improvisation). En 1984, sa pièce Circulations reçoit le prix de la meilleure production canadienne à la Quinzaine internationale de théâtre de Québec. L'année suivante, il crée La Trilogie des dragons, puis les pièces Vinci (1986), Le Polygraphe (1987) et Les Plaques tectoniques (1988).
En 1993, il met en scène les opéras Le Château de Barbe Bleue et Erwartung lors d'un même programme. La même année, il signe la mise en scène de la tournée mondiale du spectacle de Peter Gabriel, The Secret World Tour.
Robert Lepage travaille la scène comme un film dont il est réalisateur. Les scènes courtes, se succédant rapidement et entrecoupées par des noirs, renvoient directement au montage cinématographique[2]. Il déplace des scènes entières, modifie l'ordre, remonte des successions de séquences dans des ordres différents, comme s'il s'agissait d'une matière filmée. Dans certains de ses spectacles, l'allusion au cinéma est permanente. Il use de projections de génériques, d'écrans de grandes dimensions, d'acteurs projetés en hologramme...
C’est sous son impulsion que le centre de production pluridisciplinaire La Caserne voit le jour en juin 1997, à Québec. Dans ces nouveaux locaux, il crée La Géométrie des miracles (1998), Zulu Time (1999), La Face cachée de la Lune (2000) et La Casa Azul (2001), une nouvelle version de La Trilogie des dragons avec de nouveaux acteurs (2003), The Busker’s Opera (2004), Le Projet Andersen (2005), Lipsynch (2007), Le Dragon bleu (2008) et Éonnagata (2009).
Le projet Jeux de cartes (2012) se décline en quatre spectacles, PIQUE, CŒUR, CARREAU et TRÈFLE, explorant chacun un univers inspiré de l’atout qui le représente. PIQUE a pris l’affiche à Madrid en mai 2012. CŒUR a été créé à l’automne 2013, tout comme Les Aiguilles et l’opium.
Il produit, en collaboration avec Betty Bonifassi[3], le spectacle musical SLÀV présenté lors du Festival de jazz de Montréal en juillet 2018[4]. Cette œuvre, qui ne met en scène que des femmes, a pour sujet l'esclavage. Avec seulement deux artistes sur scène, issues de la communauté noire, elle fut décriée et perçue par certains comme « une réappropriation de la culture noire, voire une démarche raciste »[5] . Le spectacle a été annulé après trois représentations par le Festival international de jazz de Montréal à la suite de la triple fracture à la cheville de la chanteuse principale Betty Bonifassi et pour « des raisons de sécurité »[6],[7].
Quelques semaines plus tard, une autre production de Robert Lepage est sujet à la controverse lorsque plusieurs personnes issues de la communauté autochtone déplorent qu'aucun membre des Premières Nations ne fait partie de la distribution du spectacle Kanata, qui met en scène l'histoire du Canada d'un point de vue amérindien[8]. Cette production théâtrale devait prendre l'affiche au Théâtre du Soleil à Paris au mois de décembre 2018. Le spectacle a été annulé à la suite de l'annonce du retrait de certains coproducteurs nord-américains, qui devaient ensuite présenter ce spectacle[9] pour être remis sur les rails quelques semaines plus tard[10]. Dans une version largement remaniée et incluant la controverse elle-même[11], la première parisienne a fait salle comble le 15 décembre 2018 à la Cartoucherie[12]. Les discussions avec des autochtones à la suite de la polémique provoquée par l’absence de comédiens et comédiennes autochtones auraient été fructueuses. Les groupes autochtones finissent par soutenir le projet[13].
Cinéma
En 1994, Lepage scénarise et réalise son premier long métrage, Le Confessionnal, présenté l’année suivante à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes. Deux ans plus tard, il réalise Le Polygraphe. En 1997, il signe Nô, pour lequel il fait de nouveau appel à son actrice-fétiche, Anne-Marie Cadieux, pour camper le rôle principal. En 2000, il réalise son premier film en langue anglaise, Possible Worlds (en français : Mondes possibles). En 2003, il adapte pour le cinéma sa pièce La Face cachée de la Lune, sans doute son œuvre la plus connue internationalement. En 2013, il coréalise Triptyque[14] avec Pedro Pires, une adaptation cinématographique de sa pièce Lipsynch.
Il collabore avec le Cirque du Soleil en assumant la conception et la mise en scène de Kà (2005), un spectacle permanent à Las Vegas, et Totem (2010), un spectacle sous grand chapiteau qui effectue une tournée mondiale.
En 2008, dans le cadre des festivités entourant le 400e anniversaire de la ville de Québec, Robert Lepage et Ex Machina créent Le Moulin à images : une immense projection sur les silos à grains de la Bunge, au bassin Louise du port de Québec.
En 2009, Aurora Borealis, un éclairage permanent qui s’inspire des véritables couleurs des aurores boréales est créé sur le même site.
En 2011, est créée l’installation FRAGMENTATION, à partir de trois scènes extraites de la pièce Lipsynch adaptées par Richard Castelli(en) et Volker Kuchelmeister, pour être diffusée dans le système ReACTOR conçu par Sarah Kenderdine et Jeffrey Shaw. La structure hexagonale du dispositif permet de visualiser six scènes en stéréoscopie, sous différents angles[19].
Das Rheingold, prologue de Der Ring des Nibelungen de Wagner, est créé en septembre 2010 au Metropolitan Opera ; le cycle complet s’étale sur les saisons 2010-11 et 2011-12. Sa mise en scène de The Tempest, de Thomas Adès, selon le livret de Meredith Oakes et tiré de la pièce éponyme de William Shakespeare, prend l’affiche à Québec dans le cadre du Festival d'opéra de Québec, ainsi qu'à New York en 2012. Toujours pour le Festival d'opéra de Québec, c'est sa mise en scène de la Damnation de Faust qui prend l'affiche au Grand Théâtre de Québec en 2013.
En 2015 sort le film documentaire Hôtel La Louisiane[22] du réalisateur québécois Michel La Veaux. Robert Lepage y intervient et parle de ses nombreux séjours passés à écrire. Pour lui, l'Hôtel La Louisiane a été une source d'inspiration pour ses créations théâtrales.
Prix Europe pour le théâtre - Premio Europa per il Teatro
« Le metteur en scène québécois Robert Lepage, même s’il n’est pas européen, a exercé et continue d’exercer une influence considérable sur le théâtre du vieux continent, en contribuant à en renouveler la langue et en travaillant le plus souvent avec des acteurs européens et un répertoire, des sensibilités et un regard que l’on peut définir européens. Le choix de Lepage, comme à l’époque celui de l’américain Robert Wilson, doit être considéré en premier lieu dans le cadre d’une politique culturelle qui, comme le prévoit le règlement du Prix concordé avec la Commission Européenne en 1986, a pour objectif de remettre des prix à « la personnalité ou institution théâtrale ayant contribué à la réalisation d’événements culturels déterminants pour la compréhension et la connaissance entre les peuples. »
— Prix Europe pour le Théâtre - XIe Edition - premio[23]
↑La Presse Canadienne, « SLĀV: Robert Lepage dénonce «l'affligeant discours d'intolérance» », La Presse, (lire en ligne)
↑Roxane Ocampo, « SLAV annulé par souci de santé et de sécurité, explique le FIJM », L'actualité, (lire en ligne, consulté le ).
↑« SLĀV: Robert Lepage dénonce «l'affligeant discours d'intolérance» », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
↑Cédric Bélanger, « La controverse a raison d'un deuxième spectacle de Robert Lepage », Le Journal de Montréal, (lire en ligne, consulté le ).
↑MARIO GIRARD, « Le spectacle Kanata de Robert Lepage est annulé », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
↑LUC BOULANGER, « Kanata sera finalement présentée à Paris », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
↑Camille Khoury, « Kanata : les enjeux de la controverse: Kanata – Episode I – La Controverse, Robert Lepage/ Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, dans le cadre de la 47e édition du festival d’Automne. », Agôn. Revue des arts de la scène, (ISSN1961-8581, DOI10.4000/agon.7332, lire en ligne, consulté le )
↑JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, « La première de Kanata fait salle comble à Paris », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
↑Source: TV Hebdo, Volume XXXIII, Numéro 38, Semaine du 12 au 18 septembre 1992, Les Beaux Dimanches - Tenue de Soirée, texte de Anne-Marie Cloutier, pages 17 et 18.