Richard Pinhas (pseudonyme occasionnel : Richard Dunn) est un guitariste (et joueur de synthétiseur), producteur de disques et compositeur français né le . Il est l'un des pionniers de la musique industrielle en France.
Biographie
Adolescent, Richard Pinhas s'intéresse au blues et se joint au groupe Blues Convention où joue également Klaus Blasquiz, futur membre du groupe Magma. Avec ce dernier, il fonde l'éphémère Stuff, avant que Blasquiz ne rejoigne Christian Vander au sein de Magma.
Après le lycée, Pinhas commence des études de philosophie à la Sorbonne et, parallèlement, fonde le groupe Schizo[1]. Le groupe enregistre un simple autoproduit en 1972 et se dissout la même année, Pinhas souhaitant se consacrer à ses études. Ce 45 tours, intitulé « Le Voyageur / Torcol », obtient un certain retentissement dans le milieu underground. On peut y entendre le philosophe Gilles Deleuze, dont Pinhas a suivi les cours à l'Université de Vincennes dans les années 1970, et dont la pensée a une influence considérable sur lui[2]) lire un texte du philosophe allemand Friedrich Nietzsche sur un accompagnement rock[3].
Pinhas prépare et soutient sa thèse de doctorat de philosophie intitulée « Le rapport entre la schizoanalyse et la science-fiction », sous la direction Jean-François Lyotard. Il écrit aussi dans plusieurs revues, telles que Interférences dans les années 1970.
En 1973, il rencontre pour la première fois l'écrivain de science fiction Norman Spinrad à Los Angeles. Ce dernier le présente à son confrère Philip K. Dick, que Pinhas interviewe alors pour le magazine Actuel[4].
En 1974, Richard Pinhas crée le groupe de rock électronique Heldon[5]. Son nom est tirée d'une cité fictionnelle décrite dans le roman Rêve de fer de Norman Spinrad. Comme avec son précédent groupe, Schizo, Pinhas produit lui-même ses nombreux enregistrements et les distribue sur son propre label, Disjuncta, un des premiers labels français indépendants[1]. Marquée par les travaux de Robert Fripp et Brian Eno ((No Pussyfooting), 1973) autant que par ceux de King Crimson (Larks' Tongues in Aspic, 1973 ; Red, 1974) et ceux de Philip Glass, la musique de Heldon n'en reste pas moins profondément originale et novatrice dans sa façon de relier l'électronique et la puissance du son de la guitare électrique. Elle exerce, à son tour, une influence dans le domaine du rock dit "progressif et instrumental". De 1974 à 1979, le groupe publie sept albums, dont un double-album (It's Always Rock and Roll).
En 1983, après avoir publié la compilation Perspective, qui regroupe différents extraits de ses travaux précédents, en solo ou avec Heldon, Richard Pinhas se retrouve à court d'inspiration. Refusant de se répéter, il cesse volontairement de faire de la musique pendant dix ans, entre L'Éthique (1982) et DWW (1992[6]). Il retourne à la philosophie et travaille à un livre sur Nietzsche.
Au début des années 1990, les rééditions des albums d'Heldon et de ses albums solo reçoivent un accueil très positif aux États-Unis, en Europe et au Japon. Ce regain d'intérêt pour son travail incite Richard Pinhas à se tourner de nouveau vers la musique. Il collabore alors avec plusieurs personnalités comme Pascal Comelade, Mark Jenkins, Peter Frohmader ou John Livengood (ex-Red Noise et Spacecraft) pour Cyborg Sally, disque fortement influencé par Nine Inch Nails. Il se lance aussi dans Schizotrope, un projet avec l'écrivain de science-fiction Maurice G. Dantec auquel participe aussi Norman Spinrad,, entre lectures de textes de Gilles Deleuze et musique, qu'ils qualifient de « Metatronic »[7],[8].
En 2000, il participe aux Rencontres Trans Musicales de Rennes en compagnie de Norman Spinrad. Cette même année voit paraître Only chaos is real, album de la renaissance de Heldon, dans une nouvelle mouture à laquelle participent Dantec, Spinrad, Antoine Paganotti (qui a été chanteur de Magma), Olivier Manchion (bassiste du groupe Ulan Bator), David Korn, et aussi des anciens du groupe, revenus pour célébrer sa nouvelle réincarnation, comme Alain Bellaïche et Georges Grunblatt, ou des proches comme Bernard Paganotti et Benoît Widemann (tous deux anciens membres de Magma). Le fils de Pinhas, Duncan Nilsson, qui a participé à l'album De l'Un et du Multiple (1997) joue sur le titre Holy Dolly.
En 2001, Richard Pinhas publie Les Larmes de Nietzsche : Deleuze et la musique chez Flammarion, avec une préface de Maurice G. Dantec et Cancer ! au début des années 2000.
En 2008, Richard Pinhas inaugure une collaboration avec le musicien bruitiste japonais Masami Akita, plus connu sous le pseudonyme de Merzbow, avec l'album Keio line. La même année une compilation de singles est publiée[10].
En 2013 il publie Vents Solaires un maxi en compagnie d'Étienne Jaumet[11].
Heldon, Perspective 1 bis complément / Perspective 4 bis (Disjuncta Urus, 1976).
T.H.X., Telstar / Rhizosphère suite (Cobra, 1978).
Richard Dunn, Séquences / Modulations (RCA, 1978).
Richard Pinhas, Beautiful May / New York (CBS, 1980) [45T promo].
Richard Pinhas, West side / Houston 69 (Pulse, 1980).
Richard Pinhas, L'Éthique (WEA, 1982) [45T promo].
La plus grande partie des enregistrements de Richard Pinhas et d'Heldon a été rééditée en CD par les labels Spalax en France, King Records au Japon et Cuneiform Records aux États-Unis avec de nombreux bonus-tracks. Des rééditions en LP vinyle sont prévues par le label espagnol Wah Wah Records. Richard Pinhas et Heldon sont depuis 2017 rattachés au label allemand BUREAU B. Certaines collaborations sont prevues chez Bam Balam records(Fr). 2017 /2019 publications Vyniles de tous les Albums " historiques" (1973-1992) sur les labels Bureau B, Bam Balam Records et Souffle Continu.
Avec André Bernold (éd.), Deleuze épars. Approches et portraits, tableau de Simon Hantaï, Paris, Hermann, 2005. En appendice : « Théorie des multiplicités chez Bergson » : extraits en fac-similé d'une conférence de Gilles Deleuze et une bibliographie raisonnée de Gilles Deleuze. Textes de Jean-Pierre Faye, Jean-Luc Nancy, René Schérer, Jeannette Colombel et al. (ISBN2-7056-6487-4).
Coréalisation
Avec Claire Parnet (réal.), Leibniz : âme et damnation, conférence de Gilles Deleuze, Gallimard, « À voix haute », 2003.
Avec Claire Parnet (réal.), Gilles Deleuze, cinéma, coffret 6 CD, Gallimard, « À voix haute », 2006.
↑Richard Pinhas héberge le site internet le plus complet consacré à Gilles Deleuze. Plusieurs de ses cours y sont téléchargeables au format audio : www.webdeleuze.com.