Malgré un avenir tout tracé dans l'horlogerie-bijouterie de son père, Raymond Caudrilliers préfère le spectacle et devenir artiste lyrique sous le nom d'« Aimos ». Selon la légende, il aurait débuté au cinéma à 12 ans, dans un film de Georges Méliès.
Mobilisé en 1914, il est très marqué par les combats de la bataille de Verdun, entre 1916 et 1918 : bien plus tard, en 1930-31, il participera au film de Raymond Bernard, Les Croix de bois, où il témoignera à sa manière de sa situation de « poilu ». Aimos restera 4 ans dans les tranchées.
Quand Aimos deviendra un acteur populaire, il restera toujours modeste, n'affichant jamais un seul signe extérieur de richesse. Marqué par le Front, et l'esprit de camaraderie qui régnait dans les tranchées, il ne l'oubliera jamais, et pour lui, la vraie richesse sera à trouver en ayant des rapports humains, comme avoir de bons copains, par exemple.
Durant les années 1930, jusqu'au milieu des années 1940, Aimos était un acteur si populaire, que souvent, des cinéphiles choisissaient un film, au cinéma, du simple fait que son nom apparaissait à l'affiche, même s'il avait un second rôle.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il organise un grand nombre de collectes et de distribution de repas en faveur des plus démunis ou des prisonniers de guerre[5].
Les circonstances exactes de sa mort ne sont pas connues avec précision. Caporal FFI[6] appartenant au mouvement de résistance Libération Nord[4], on sait seulement avec certitude qu'il a été abattu à la libération de Paris près de la Gare du Nord dans le Xe arrondissement, et qu'il a été déclaré mort à l'hôpital Saint-Louis[7],[8]. Aimos sera pris en photo le jour même de sa mort, le , avec le brassard FFI à son bras gauche.
Selon Bertrand Mathot et la presse de l'époque, Raymond Aimos était avec trois autres personnes à bord d'une Citroën Traction Avant des FFI lorsque le véhicule a été mitraillé par les Allemands, lors de l'insurrection de Paris, et a fini sa course devant le café le Cadran du Nord[9] à l'angle du boulevard Magenta et de la rue rue Saint-Vincent-de-Paul qui mène à l'hôpital Lariboisière[10], On ne sait pas exactement si leur voiture a été interceptée par un convoi militaire allemand ou s'il s'agit d'une riposte des militaires à une attaque délibérée de leur convoi par les occupants du véhicule FFI.
Dans la confusion et la précipitation, les corps sont extraits du véhicule et transportés à la morgue de l'hôpital Saint-Louis sans que les familles en aient été informées. Ainsi pendant plus d'une semaine, Renée Lefèvre, la compagne d'Aimos[11], sera laissée sans aucune nouvelle et devra lancer un appel à témoins dans la presse[12] pour pouvoir enfin localiser et récupérer le corps de son conjoint[13].
Les obsèques ont lieu le suivant en l'église Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts en présence d'une foule de plus de 2 000 personnes. Un détachement de FFI y présente les armes[14], ce qui confirme qu'Aimos faisait bien partie de leur réseau de résistance[15].
Mort à l'âge de 53 ans, Aimos était divorcé depuis le de Rosa Kapuralich-Martinich, une artiste italienne d'origine croate qu'il avait épousé quelques mois auparavant[16], et de Madeleine Pauline Botté depuis le 20 décembre 1938[17].
Aimos est le frère du journaliste Robert Caudrilliers (1888-1959), chevalier de la Légion d'Honneur, considéré comme le pionnier du reportage photographique sportif en France. Il reste en particulier connu pour avoir réalisé en 1908 le premier reportage photographique en avion et en 1910 pour avoir été à bord du premier vol aérien de ville à ville avec un passager.
↑Agathe Demersseman, « Traitement et description d’un fonds photographique de presse en musée : le fonds dit « du Matin » au musée de la Résistance nationale », In Situ, no 36, (ISSN1630-7305, DOI10.4000/insitu.17511, lire en ligne, consulté le )
↑Colette Morel, dans un ouvrage autobiographique (Ma vie en rouge, Éditions Cheminements, 2004), évoque les souvenirs de son père (Ange Morel) concernant la libération de Paris et les combats sur le pont de Joinville en ; il témoigne sur la fin d'Aimos. Ange Morel était un résistant communiste vivant à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) : « Un comédien nommé Aimos jouait les personnages populaires au destin souvent tragique. Il s'est battu là en témoignant d'une certaine inconscience, au point que mon père lui avait dit : « Ne t'expose pas ainsi » ! Il en est mort, parce qu'il voulut être Aimos jusqu'au bout »
↑Voir la plaque commémorative apposée sur la façade de l'immeuble du n° 48, boulevard Sébastopol.
↑Dans L'Éducation d'Alphonse, Alphonse Boudard affirmera pourtant, mais sans aucune preuve, qu'Aimos aurait été ouvertement dénoncé par le Parti communiste pour avoir été un traître gestapiste.[réf. à confirmer]