Ranajit GuhaRanajit Guha
Ranajit Guha (en bengali : রণজিত গুহ, né le à Siddhakati, Backergunje et mort le [1]) est un historien indien, un des principaux fondateurs du groupe des études subalternes (Subaltern Studies)[2], et un spécialiste majeur de l'histoire coloniale et postcoloniale de l'Inde[3]. BiographieMilieu familial et formationRanajit Guha naît dans une région rurale du Bengale oriental (aujourd'hui Bangladesh), au sein d'une famille de propriétaires fonciers[3]. Il a dès sa jeunesse un sentiment de proximité avec le milieu paysan[3]. À l'adolescence, il part vivre à Calcutta, où il milite en s'engageant auprès du parti communiste dans les dernières années du régime colonial britannique (dans les années 1940)[3]. Il entreprend à l'Université de Calcutta une thèse de doctorat sur le Permanent Settlement (en), ou règlement permanent du Bengale, conclu en 1793 entre la Compagnie des Indes orientales et les propriétaires terriens (zamindars). Cependant, l'Université lui refuse le doctorat, ce qu'il attribue à la prégnance dans cette institution d'une « orthodoxie de l'histoire économique nationaliste[3] ». Il quitte l'Inde en 1947 pour Paris où il séjourne quelques années, comme membre de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (World Federation of Democratic Youth), avant d'entreprendre des voyages en Europe et de revenir en Inde en 1953[4]. Lors de ses années passées en Europe, Guha a pu se familiariser avec les avancées de l'anthropologie, de la sémiotique, de la linguistique, du structuralisme et du poststructuralisme, domaines d'étude dans lesquels il puisera son inspiration par la suite[4]. CarrièreRanajit Guha émigre au Royaume-Uni en 1959 et enseigne l'histoire à l'Université du Sussex pendant près de 20 ans. Sa défiance à l'égard des institutions académiques reste vive cependant[3]. Alors qu'il réside au Royaume-Uni, dans les années 1970, il publie ses premiers travaux sur l'histoire subalterne, et constitue avec quelques jeunes chercheurs le groupe des "Subaltern Studies"[3]. Le groupe des subalternistes bénéficie dès 1982 du soutien d'Oxford University Press (Delhi), qui édite la série de volumes Subaltern Studies, qui a un grand écho dans le monde académique[3]. Entre 1980 et 1988, Ranajit Guha enseigne à l'Université nationale australienne[5]. Vie privéeRanajit Guha est marié à Mechthild Guha, née Jungwirth, d'origine allemande, elle-même une éminente chercheuse en études subalternes, qu'il a rencontrée à l'Université de Sussex au début des années 1960. Fondation des « études subalternes »Ranajit Guha emploie le concept de « subalterne » pour désigner toute personne en Inde n'appartenant pas à « l'élite », donc les paysans, les ouvriers, les propriétaires terriens appauvris et d'autres personnes dont le comportement présentait une combinaison de défi et de déférence envers l'élite. Une autre histoire socialeA l'Université de Sussex où Ranajit Guha forme le groupe des études subalternes, il se situe dans la mouvance du marxisme. Toutefois il essaie de proposer une interprétation historique qui n'ait pas recours exclusivement à une analyse en termes de classes sociales et d'organisation économique[4]. L'œuvre d'Antonio Gramsci lui fournit le concept de «subalterne» et le conduit à accorder une place plus importante à la culture, aux idées d'autonomie des subalternes dans l'action, et de conscience des subalternes[4]. Le travail de Ranajit Guha constitue un apport original dans le contexte plus large des études pratiquant l'histoire par en bas, history from below, inspirées par les travaux d’E. P. Thompson[4]. Cependant, R. Guha n'emploie pas cette expression «par en bas» qu'il juge trop marquée par un «présupposé élitiste»[4]. La critique de l'historiographie traditionnelle du nationalisme indienL’histoire du nationalisme fait la place belle traditionnellement aux élites indiennes « éclairées » qui auraient « extirpé le peuple d’une condition d’assujettissement et de misère pour le conduire vers la liberté » ; l'historien Bipan Chandra compte parmi les représentants de cette approche qui centre son attention sur les leaders, comme Jawaharlal Nehru ou Mohandas Gandhi, et sous-estime le rôle joué par les insurrections paysannes dans la lutte pour l'indépendance[4]. L'historiographie traditionnelle justifie ce parti pris en qualifiant les révoltes populaires indiennes de « prépolitiques », c'est-à-dire « caractérisées par l’absence de conscience de classe, de programme ou d’idéologie »[4]. Or selon Guha, les actions menées par les paysans indiens ont un caractère politique et moderne au même titre que celles de l'élite[4]. La critique de l'histoire des groupes dominantsRanajit Guha s'oppose à une école historique appelée la « Cambridge School of South Asian History », qui centre ses recherches sur les institutions politiques en Inde, sur les rivalités entre factions au sein de l'élite gouvernante, et sur la manière dont les groupes dominants ont embrassé la modernité politique, et utilisé à leur profit des mécanismes de pouvoir légués par les Britanniques[4]. Guha reproche à cette école historique de ne pas s'intéresser au peuple indien, à sa culture, à ses modalités d'action[4]. Anil Seal compte parmi les représentants de la Cambridge School ; il est l'auteur de The Emergence of Indian Nationalism. Competition and Collaboration in the Later Nineteenth Century en 1968[4]. Le concept de « subalterne » tel qu'il a été déployé par Guha a connu une large diffusion et a permis de repenser l'histoire de la conscience populaire et de la mobilisation dans des domaines aussi divers que l’histoire de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine[6]. Questions historiographiquesLes principaux problèmes historiographiques abordés dans l'œuvre de Guha sont :
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AnnexesBibliographie
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