Rallye de Côte d'Ivoire 1983
Le Rallye de Côte d'Ivoire 1983 (15e Rallye Côte d'Ivoire), disputé du 25 octobre au [1], est la cent-vingt-deuxième manche du championnat du monde des rallyes (WRC) courue depuis 1973, et la onzième manche du championnat du monde des conducteurs de rallyes 1983. Contexte avant la courseLe championnat du mondeAyant succédé en 1973 au championnat international des marques (en vigueur de 1970 à 1972), le championnat du monde des rallyes se dispute sur un maximum de treize manches, comprenant les plus célèbres épreuves routières internationales, telles le Rallye Monte-Carlo, le Safari ou le RAC Rally. Depuis 1979, le championnat des constructeurs a été doublé d'un championnat pilotes, ce dernier remplaçant l'éphémère Coupe des conducteurs, organisée à seulement deux reprises en 1977 et 1978. Le calendrier 1983 intègre douze manches pour l'attribution du titre de champion du monde des pilotes dont dix sélectives pour le championnat des marques (le Rallye de Suède et le Rallye de Côte d'Ivoire en étant exclus). Les épreuves sont réservées aux catégories suivantes :
Sa retentissante victoire au dernier Rallye Sanremo a permis à la Lancia de remporter le titre mondial des constructeurs ; bien que ses deux principaux pilotes, Walter Röhrl et Markku Alén, aient encore une chance de contester le titre pilotes à Hannu Mikkola, la marque italienne a fait l'impasse sur les dernières épreuves de la saison, aussi le premier pilote d'Audi est-il déjà virtuellement champion du monde. Un revirement de Lancia n'étant toutefois pas à exclure, Mikkola s'est fixé pour objectif de remporter l'épreuve ivoirienne afin de s'assurer définitivement le titre. L'épreuveOrganisée pour la première fois en 1969 sous le nom de Bandama (un des principaux fleuves traversant le pays), le Rallye de Côte d'Ivoire est, après le Rallye Safari, la seconde épreuve mondiale africaine du championnat du monde. Se déroulant en majeure partie sur terre, sur route ouverte, la compétition comporte une part importantes de risques, les équipages pouvant croiser au détour des pistes animaux en liberté ou tout type de véhicule et les accidents y sont nombreux. Le classement est établi sur la base des pénalités routières, les moyennes imposées sur les différents secteurs étant pratiquement irréalisables. Intégrée au calendrier du championnat du monde dès 1978, l'épreuve a souvent souri à Peugeot, qui s'y est imposé à cinq reprises. Le parcours
Première étape
Deuxième étape
Troisième étape
Quatrième étape
Cinquième étape
Les forces en présence
Audi Sport a engagé deux Quattro A2 groupe B pour Hannu Mikkola et Lasse Lampi. Spécialement préparés pour l'épreuve africaine, ces coupés pèsent 1100 kg. Dotés d'une transmission intégrale, ils sont équipés d'un moteur cinq cylindres vingt soupapes de 2109 cm3 à injection Bosch, suralimenté par un turbocompresseur KKK. Pour améliorer la fiabilité, la pression du turbo a été abaissée à 1,4 bars, pour une puissance maximale étant de l'ordre de 320 chevaux. Les Audi utilisent des pneus Michelin. L'équipe allemande a en outre préparé deux autres voitures identiques, servant de véhicules d'assistance rapide ; elles sont aux mains du directeur sportif Roland Gumpert et du pilote américain John Buffum. Engagé à titre privé, le pilote local Adolphe Choteau dispose d'une Quattro A1 groupe 4 développant 230 chevaux, préparée par Konrad Schmidt Motorsport[5].
Le Toyota Team Europe a inscrit trois de ses nouvelles Celica TCT groupe B, apparues au Rallye des 1000 lacs. Elles sont confiées à Björn Waldegård, Per Eklund et Juha Kankkunen. La marque japonaise a particulièrement soigné la préparation du rallye, trois séances de reconnaissance ayant été effectuées depuis juillet. Ces coupés Celica ont été renforcés et munis de suspensions à grand débattement adaptées aux pistes africaines. De conception classique, ils pèsent 1100 kg et sont équipés d'un moteur quatre cylindres de 2090 cm3, avec injection électronique Nippondenso et turbocompresseur KKK. Avec 1,5 bars de pression de suralimentation, leur puissance est de 300 chevaux à 8500 tr/min. Les Toyota sont chaussées de pneus Pirelli. Au côté des voitures officielles, le pilote libanais Samir Assef dispose d'une ancienne Celica GT groupe 4, d'une puissance de 210 chevaux[5].
Peugeot Nigéria a préparé une Peugeot 505 groupe A (1300 kg, moteur quatre cylindres deux litres, 140 chevaux), confiée au pilote franco-ivoirien Alain Ambrosino. Il utilise des pneus Michelin[5].
Le pilote local Eugène Salim s'aligne sur une Lancer Turbo groupe B (moteur quatre cylindres seize soupapes turbocompressé de deux litres de cylindrée, plus de 250 chevaux). Déroulement de la coursePremière étapeLes cinquante équipages s'élancent d'Abidjan le mardi soir. Malgré un début de parcours facile, sur asphalte, neuf concurrents ne parviennent pas à rallier Alépé. Le premier tronçon sur terre s'avère délicat, et aucun pilote ne parvient à le parcourir dans le temps imparti. Le plus rapide est Björn Waldegård, qui concède vingt-six minutes de pénalisation ; la Toyota du Suédois prend la tête de la course, avec seulement une minute d'avance sur celle de son coéquipier Per Eklund et sur les Audi d'Hannu Mikkola et de Lasse Lampi. Retardée par des problèmes d'alternateur, la Toyota de Juha Kankkunen occupe la trentième et dernière place, alors que depuis le départ vingt voitures ont déjà été éliminées. Mikkola s'empare de la première place dans le secteur suivant, mais à mi-étape Waldegård a rattrapé son adversaire. Les deux champions ont adopté un rythme identique, et à l'arrivée au parc fermé de Yamoussoukro, au cœur de la nuit, deux minutes seulement les séparent, l'Audi précédant la Toyota. Derri`re, Eklund et Lampi sont à plus de vingt minutes alors que Kankunnen a perdu plusieurs heures à cause de son alternateur hors d'usage. Il parvient à terminer l'étape, mais, hors délai, se voit éliminé. Il ne reste plus que dix-sept voitures en course.
Deuxième étapeLes concurrents repartent le jeudi soir, après une journée de repos, en direction de la frontière ghanéenne. Mikkola et Waldegård vont occuper à tour de rôle le commandement. La lutte reste serré entre les deux hommes jusqu'au moment où, à la sortie d'une courbe à l'entrée de M’batto, Mikkola (qui ouvre la route) se trouve face à un barrage de troncs d'arbres qu'il ne peut éviter ; survenu à 120 km/h, le choc endommage le train avant et les suspensions de l'Audi. Remplaçant les pneus éclatés, l'équipage parvient à rejoindre l'assistance où la voiture est tant bien que mal réparée, les suspensions et le châssis restant toutefois tordus. Parti trois minutes derrière l'Audi, Waldegård va également heurter les billes de bois, moins vite cependant, n'endommageant que légèrement la suspension avant de sa Toyota. Le Suédois prend le contrôle de la course, son adversaire ayant perdu plus d'une demi-heure sur lui à la suite de cet incident. Le reste du parcours se déroule sans incident notable, Waldegård regagnant Yamoussoukro avec trente-quatre minutes d'avance sur Mikkola et près d'une heure sur Eklund. Quatrième sur son ancien coupé Celica, Samir Assef est en tête du groupe 4 alors que la Peugeot 505 d'Alain Ambrosino, cinquième, domine nettement le groupe A. Alors quatrième. Lampi a volontairement abandonné, dans le but de servir d'assistance rapide à son coéquipier Mikkola. Seulement onze voitures sont encore en course.
Troisième étapeLes équipages s'élancent de Yamoussoukro le vendredi matin, en direction de l'ouest du pays. Le parcours initial a été légèrement modifié à cause du mauvais état de la piste dans la région de Man, l'itinéraire de remplacement empruntant une route goudronnée dans cette région. La majeure partie de la journée se déroule sans incident notable hormis quelques crevaisons qui ne modifient pas le classement. Waldegård contrôle son avance sur Mikkola mais en fin d'étape, lors du retour vers Yamoussoukro, les fixations du pont arrière de sa Toyota cèdent et une roue se détache de la voiture et dévale la route, heurtant une fillette qui succombera à ses blessures quelques heures plus tard[6]. Ignorant du drame qui s'est déroulé, l'équipage parvient à rejoindre sur trois roues le point d'assistance, où la réparation va prendre plus d'une demi-heure. Mikkola reprend le commandement du rallye, qu'il conserve jusqu'à l'arrivée au parc fermé, Waldegård, deuxième, accusant un retard de douze minutes sur le Finlandais. Eklund a effectué une petite sortie de route qui a endommagé son système de freinage. Il conserve la troisième place, mais pointe désormais à plus d'une heure de l'Audi de tête. Aucun abandon n'est survenu au cours de cette étape.
Quatrième étapeLe départ de la quatrième étape est donné de nuit, le samedi. Waldegård se lance à la poursuite de Mikkola mais au petit matin, avant d'aborder la forêt de Taï, l'écart entre les deux favoris n'a pratiquement pas diminué. Malgré une touchette dans la partie forestière, où la pluie a rendu les pistes glissantes, Mikkola va conserver la tête jusqu'au parc fermé de San-Pédro, avec encore sept minutes d'avance sur son rival. Après l'abandon de deux équipages locaux, il ne reste plus que neuf voitures en course.
Cinquième étapeLe retour sur Abidjan a lieu de nuit, le dimanche matin. L'équipe Toyota joue le tout pour le tout en allégeant la voiture de Waldegård (toutes les pièces de rechange ont été transférées dans la voiture d'Eklund[7]) et en augmentant la pression de suralimentation de son moteur, portant la puissance maximale à 370 chevaux. Le pilote suédois attaque à fond et, sur le premier secteur, reprend quatre minutes à Mikkola. Celui-ci tente de résister mais, dans le tronçon suivant, il sort trop large d'un virage et endommage la suspension arrière de son Audi. La réparation va lui coûter plus d'un quart d'heure et toute chance de victoire. Waldegård n'a plus qu'à gérer son avance jusque l'arrivée, s'imposant pour la seconde fois de sa carrière en Côte d'Ivoire. Avec onze minutes de retard, Mikkola termine à la deuxième place, un résultat suffisant pour lui assurer virtuellement le titre mondial (seule une victoire de Walter Röhrl en Grande-Bretagne pourrait encore priver le Finlandais de la première place au championnat, mais le pilote allemand ne participera pas à la dernière épreuve de la saison). Troisième, Eklund complète le succès de Toyota tandis que le pilote indépendant Assef, quatrième, s'impose en groupe 4 et qu'Ambrosino, cinquième, remporte le groupe A. Classement général
Équipages de tête
Résultats des principaux engagés
Classement du championnat des conducteurs à l'issue de la course
Notes et références
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