Production de porcelaine à JingdezhenLa production de porcelaine à Jingdezhen a fait de la ville la capitale mondiale de la porcelaine, ce qu'elle est sans doute encore[1]. Sous l'impulsion de la dynastie Yuan, et surtout de la dynastie Ming, Jingdezhen devint le centre principal de la céramique chinoise, ainsi que le siège de l'administration impériale de la porcelaine à partir de 1393. Histoire
Organisation de la ville sous les QingLe père d'Entrecolles, un jésuite que son apostolat avait amené à Jingdezhen, a décrit dans sa correspondance la ville au temps des Qing[6] :
La ville était organisée de façon rationnelle, avec des rues qui se coupaient à angle droit, délimitant des blocs de taille identique. Les compétences de chacun étaient exploitées au mieux, les aveugles et les estropiés étant chargés de broyer les pigments des couleurs[7]. Un seul mandarin gouvernait la ville ; selon sa longueur, chaque rue était supervisée par un chef ou par plusieurs, chaque chef ayant dix subalternes, chargés chacun de dix maisons. Les rues étaient fermées la nuit par des barricades gardées chacune par un homme. Les étrangers n'étaient pas autorisés à résider dans la ville, et devaient habiter sur leur bateau, ou loger chez des gens de leur connaissance, qui répondaient de leur bonne conduite[7]. Le transport des porcelaines, entre les ateliers et les fours où elles devaient être cuites, se faisait à dos d'homme. Le père d'Entrecolles décrivait le spectacle dans ses lettres:
Les fours étaient constitués de chambres en forme de cloche, placées les unes à côté des autres sur un terrain ascendant, ce qui est une caractéristique fondamentale des fours chinois, et communiquant entre elles. La cuisson commençait par le petit feu, qui durait vingt-quatre heures, puis continuait avec le grand feu, sous la supervision constante de deux hommes, qui contrôlaient régulièrement le bon déroulement de la cuisson. Lorsque le feu pouvait enfin être arrêté, on laissait refroidir, pour ne défourner les pièces que trois à cinq jours après[7]. Les porcelaines, une fois achevées, étaient ensuite expédiées, la plupart du temps par le fleuve. Celles qui étaient destinées à l'Europe étaient transportées vers Canton ; leur voyage se terminait à dos d'homme franchissant le col de Meiling, après un parcours total de neuf cents kilomètres. Une autre possibilité d'acheminement vers Canton existait, moins escarpée, mais plus périlleuse, à cause des pirates qui sillonnaient les mers de Chine ; elle consistait à faire tout le voyage par la mer, en partant de Nankin; c'est probablement la raison pour laquelle certaines pièces fabriquées à Jingdezhen étaient connues en Europe comme « porcelaine de Nankin », alors qu'elles ont été expédiées en Europe par Canton, comme les porcelaines acheminées par l'intérieur des terres[7]. Ressources naturellesOutre sa position centrale dans la Chine du Sud, Jingdezhen bénéficie d'une ressource naturelle essentielle, le kaolin, indispensable à la fabrication de la porcelaine. De la dynastie Yuan jusqu'au XVIIe siècle, Jingdezhen s'approvisionna en argile du mont Macang, voisin de la ville ; puis les artisans de la ville durent chercher une nouvelle source d'approvisionnement en argile, qu'ils trouvèrent à Gaoling (chinois : 高岭, « collines hautes »), carrière située près de Jingdezhen, et d'où vient le nom de kaolin. Gaoling resta en exploitation de la fin des Ming au règne de Qianlong. Enfin, de 1507 à 1875 environ, les fours impériaux durent s'approvisionner en argile à d'autres sources, en particulier dans le district de Xingzi, à 330 kilomètres à l'ouest de Jingdezhen[5]. L'Europe et la porcelaine de JingdezhenLa porcelaine d'exportation des QingConnues sous le nom de « production de la Compagnie des Indes orientales », les porcelaines d'exportation sont des porcelaines exécutées en Chine pour honorer les commandes des Européens. Le rôle de la compagnie n'était pas de produire ces céramiques, mais de les acheminer de Chine en Europe[8]. Les Européens appréciaient ces céramiques, et s'intéressèrent tout d'abord aux porcelaines « bleu et blanc » ; puis l'intérêt se porta sur les pièces des familles rose et verte, caractéristiques des règnes de Yongzheng et de Qianlong, à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Enfin, de nombreuses pièces étaient fabriquées à Jingdezhen « en blanc », ou partiellement décorées, pour être achevées à Canton, ornées de sujets qui pouvaient être totalement européens : personnages occidentaux en costumes du XVIIIe siècle, inscriptions en alphabet latin, armoiries, etc.[8] Les objets les plus demandés étaient la vaisselle, ainsi que les objets pour la toilette, comme les plats à barbe, brocs, crachoirs, ou encore des objets divers tels que chandeliers ou appliques. Chaque pays d'Europe envoyait en Chine ses modèles pour y être reproduits par l'industrie céramique locale: chopes à bière, pots à pharmacie, gobelets de Delft, Moustiers, etc.[8] Le père d'EntrecollesAu début du XVIIIe siècle, alors que l'Europe cherchait, sans y parvenir, à reproduire les porcelaines importées de la Chine des Qing, le père d'Entrecolles, qui résidait à Jingdezhen, observa attentivement le processus de fabrication de la porcelaine et écrivit deux lettres restées fameuses, qui décrivaient la fabrication de la porcelaine, telle qu'il l'avait observée[9]. Il fit également parvenir en France des échantillons de kaolin, dont on découvrit le premier gisement en France, à Saint-Yrieix-la-Perche aux environs de 1765. La production actuelleLa production a connu un lent déclin depuis le règne de l'empereur Qianlong. Un renouveau se fait au XXe siècle avec les huit amis du Mont de la Perle, assemblée se tenant tous les soirs de pleine lune pour évoquer le travail de la porcelaine. Actuellement, des artistes comme Zhao Kun, San Zi, Wang Huhui ou Hei Yue utilisent la porcelaine comme moyen d'expression artistique.[réf. nécessaire] Notes et références
Voir aussiBibliographie
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