Prix littéraire couronnant le meilleur roman de la rentrée littéraire francophone, après avoir écarté tous les romans dont la cent douzième page était insatisfaisante
Il récompense une œuvre de fiction écrite en langue française, publiée lors de la rentrée littéraire d'automne ou lors de celle de janvier.
Principe
Le nom et le principe de cette distinction s'inspirent d'une scène et d'une réplique du film Hannah et ses sœurs de Woody Allen. On y voit le personnage principal, incarné par Michael Caine, offrir à la femme qu'il aime un livre d'E. E. Cummings et la presser d'y lire un passage afin qu'elle devine ses sentiments : « N'oublie pas le poème, page 112[2]. »
Affirmant le caractère romantique voire « magique » de cette page, les membres du jury jugent d'abord la page 112 d'un roman pour déterminer si le livre doit être lu en entier afin de concourir au prix[2],[3]. En effet, ce prix part du principe que le début et la fin des romans font toujours l'objet des soins des auteurs et des éditeurs[2], alors que la page 112 a plus de chances de refléter la qualité réelle du livre, car elle est située dans le « ventre mou » du récit, qui correspond à une « chute d'attention générale »[3].
« […] mort avec les mots des vivants. Ce qui n’était pas coupé, c’était le langage.
La mort ne pouvait me contraindre mais elle rôdait. L’accident de Marianne, mais aussi les infarctus, les cancers, les pressions suicidaires des uns et des autres. Les gens tombaient comme des dominos. Et ceux qui restaient dans la vie l’amoindrissaient, l’infectaient. La haine de la liberté, dont Gadeux m’avait fourni le plus récent exemple, ravageait le corps français.
Chacun à sa manière, Marianne et Gadeux étaient morts. étais désormais tout à fait seul, pensais-je en remontant la rue es Pyrénées vers la cloque gelée des Buttes-Chaumont. Un jour, je quitterais la partie moi aussi. Pour l'instant, j'étais plutôt verni, la maladie m’avait épargné, mon corps vivait en paix dans le silence des organes. Une paix fourrée, peut-être. Autant en profiter. La mort était un âge comme un autre. Ce serait une autre vie, dans la même vie. Je terminerais mon essai sur les romantiques allemands. Je ne déménagerais pas. Pétais blindé contre la mitraille des souvenirs. Je ne craignais i la maladie ni la mort. Le frisson inédit que j’éprouvais en passant devant les mosaïques bleues du club Azteca s’apparentait, il n’y avait pas d’autre mot, à une volupté. »
— Jean-Marc Parisis, La recherche de la couleur
Le premier des prix de la page 112.
Il est attribué le (12/12/12) à Jean-Marc Parisis pour la page 112 de La Recherche de la couleur.
Chaque année, un juré mystère est désigné, que les onze autres jurés découvrent lors des délibérations, comme Aymeric Caron ou encore Kéthévane Davrichewy (2018)
Le prix est remis au printemps. Depuis 2016, le lauréat reçoit 1 200 euros et un magnum de vin[5],[6],[7].