Prière de saint Ephrem![]()
Historiquement, il existe deux versions de la prière : celle en grec et celle en langue liturgique slave (ou slavon d'église). Comme Éphrem écrivait seulement en syriaque, il est presque certain que cette prière n'est pas son œuvre : elle fait plutôt partie du large corpus d'écrits pénitentiels et ascétiques composés sous le nom d'Éphrem après sa mort en 373. Version grecqueΚύριε καὶ Δέσποτα τῆς ζωῆς μου, πνεῦμα ἀργίας, περιεργίας, φιλαρχίας, καὶ ἀργολογίας μή μοι δῷς. Seigneur et Maître de ma vie, ne m'abandonne pas à l'esprit de paresse, de découragement, de domination et de vain bavardage ! Cette version grecque est la forme normale de la prière utilisée dans l'Église grecque orthodoxe et toutes les Églises qui utilisent le grec ou l'arabe. On trouve de petites variantes de ce texte dans des manuscrits anciens. Versions en langue liturgique slaveSlavon pré-nikonienTraduction dans la langue liturgique slave primitive : Господи и владико животѹ моемѹ, духъ оунынїѧ, небрежεнїѧ, срεбролюбїѧ и празднословїѧ ѿжεни ѿ мεнε. Seigneur et Maître de ma vie, ôte de moi l'esprit de paresse, d'abattement, de domination et de vain bavardage ! Il y a deux différences singulières, dans le premier verset, entre les versions grecque et slavonne : Tout d'abord, pour ce qui concerne l'esprit de paresse, le grec dit μή μοι δῷς, c'est-à-dire « ne me donne pas », « épargne-moi », là où le slavon donne ωтжεни ωт мεнε, c'est-à-dire « ôte-moi ». Ensuite, où le texte grec se lit περιέργια, periergia, « découragement », le texte slavon écrit небрежεнїѧ, nebrezheniya, « abattement » (qui se dit en grec ακηδία, akêdia). Que ces différences soient dues à des sources manuscrites diverses ou qu'elles reflètent l'altérité des tempéraments nationaux n'est pas encore éclairci. Cette version a été remplacée en Russie, en 1656, par la réforme liturgique du patriarche Nikon, toutefois, elle demeure en usage chez les Vieux-croyants. Version de Kiev de 1639Господи и владыко живота моегω, духъ оунынїѧ, небрежεнїѧ, любоначалїѧ и празднословїѧ ѿжεни ѿ мεнε. Cette version se trouve dans le Liturgicon (Sluzhebnik) ou Livre de service du prêtre, publié à Kiev en 1639 par Pierre Movilă. Elle est substantiellement identique à la version primitive ci-dessus, avec quelques modernisations typographiques. L'usage du datif (животѹ моемѹ) pour marquer la possession, ressenti comme archaïque, est remplacé par le génitif (живота моегω). Ce texte comporte toujours les différences signalées ci-dessus avec le texte grec. Cette traduction a été utilisée dans toutes les Églises ressortissant de Kiev : en Ukraine, Pologne, Slovaquie, Autriche, etc. Elle a été remplacée presque partout par la version présentée ci-après. Elle est aujourd'hui utilisée (en slavon d'Église ou en langue vernaculaire) par les églises adeptes de la recension ruthénienne (Église grecque-catholique ukrainienne, Église grecque-catholique ruthène, Église grecque-catholique biélorusse, Église grecque-catholique hongroise, Église grecque-catholique slovaque). Version de Nikon de 1656Господи и владыко живота моегω, духъ праздности, оунынїѧ, любоначалїѧ и празднословїѧ не даждь ми. Version du rituel publié en 1656 à Moscou par le patriarche Nikon. Celui-ci souhaitait abolir toute différence entre les rites moscovite et grec, aussi cette version slavonne suit mot-à-mot la version grecque. Elle est aujourd'hui en usage ans l'Église russe orthodoxe (Patriarcat de Moscou et de toute la Russie et Église orthodoxe russe hors frontières), l'Église de Kiev et de toute la Rus', l'Église orthodoxe de Biélorussie, l'Église orthodoxe serbe, le Patriarcat de Bulgarie et autres Églises slaves orthodoxes. Usage liturgiqueLes jours de semaine du Grand Carême, la prière est prescrite pour chacune des heures canoniales (généralement vers la fin de l'office) et deux fois lors de la liturgie des présanctifiés. Lors du triodion, elle est d'abord récitée le mercredi et le vendredi de la semaine des laitages[3] puis, après les Vêpres du dimanche du Pardon, lorsque débute le Grand Carême ; du lundi au vendredi jusqu'au mercredi de la Semaine sainte. À la fin de la liturgie des présanctifiés du mercredi saint, on répète la Prière de saint Éphrem une seconde fois, ce qui marque son usage final lors du carême. À de ce moment, l'accent n'est plus mis sur la pénitence mais sur l'espérance de la Passion et de la Résurrection. Lors du jeûne de la Nativité, du jeûne de la Dormition et du jeûne des apôtres, le rituel du Grand Carême est utilisé lorsqu'on ne sert pas la Divine Liturgie[3] ; dans ces cas, on récite la prière de saint Éphrem. Inclinaisons et prosternationsLa prière est accompagnée d'inclinaisons et de prosternations. Selon le rituel, la prière est dite une ou deux fois :
Dans la pratique russe orthodoxe actuelle, on exécute douze métanies (inclinaison du buste) entre les versets de la prière en disant chaque fois : Боже, ѡчисти мѧ грѣшнаго (грѣшнѹю pour une femme) : « O Dieu, purifie-moi, pêcheur. » Lorsque la prière est dite au cours d'un service, le prêtre seul dit : « O Dieu, purifie-moi, pêcheur » et tous les fidèles s'inclinent. La tradition des Vieux croyants est identique, mais au lieu de douze inclinaisons, ils pratiquent treize prosternations en récitant chaque fois la prière du cœur ou la prière suivante : Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi, pécheur. (Господи Ісусе Христе Сыне Божїй помилѹй мѧ грѣшнаго/грѣшнѹю.) Ici aussi, la tradition ruthénienne diffère légèrement des autres traditions. Elle retient certains éléments propres aux Vieux-croyants. Le Liturgikon de Pierre Movilă de 1639 prescrit douze prosternations du buste. Les trois versets suivants sont répétés pour atteindre le compte de douze : Dieu sois pitoyable envers moi, pêcheur. Version en d'autres languesEn arabeأيها الرب وسيد حياتي اعتقني من روح البطالة والفضول، وحب الرئاسة والكلام البطال La version arabe suit la version grecque. En biélorusseEn caractères cyrilliques : Госпадзе і Ўладару жыцьця майго, духа ленасьці, нуды, уладалюбства і марнаслоўя ня дай мне. En caractères latins : Hospadzie i Ŭładaru žyćcia majho, ducha lenaści, nudy, uładalubstva i marnasłoŭja nia daj mnie. En géorgienუფალო და მეუფეო ცხოვრებისა ჩემისაო, სულსა უქმობისასა და მიმომწვლილელობისასა, მთავრობის მოყვარებისასა და ცუდად მეტყველებისასა ნუ მიმცემ მე. Translittération en caractères latins avec usage de l'apostrophe pour représenter les glottalisation : upalo da meupeo tskhovrebisa chemisao, sulsa ukmobisasa da mimomts'vlilelobisasa, mtavrobis moqvarebisasa da tsudad met'kvelebisasa nu mimtsem me. En japonais主吾が生命の主宰よ、怠惰と、愁悶と、矜誇と、空談の情を吾に與うる勿れ。 Translittération en alphabet latin : Shu waga inochino shusaiyo, okotarito, modaeto, hokorito, mudagotono kokoro-o, wareni atauru nakare. En roumainDoamne şi Stăpânul vieţii mele, duhul trândăviei, al grijii de multe, al iubirii de stăpânire şi al grăirii în deşert nu-mi-l da mie. Le texte roumain suit la version grecque. En slovaquePane a Vládca môjho života, odním odo mňa ducha znechutenosti, nedbalosti, mocibažnosti a prázdnych rečí. Autre traduction : Pane a Vládca môjho života, odožeň odo mňa ducha zúfalstva, nedbanlivosti, mocibažnosti a prázdnych rečí. En ukrainienГосподи і Владико життя мого, духа млявости, недбайливости, владолюбства й пустослів’я віджени від мене. La version ukrainienne suit de très près la version de Pierre Movilă. En finnoisHerra, elämäni valtias! Estä minusta laiskuuden, velttouden, vallanhimon ja turhanpuhumisen henki. La version finnoise suit la version grecque. En hawaiienE ka Haku a me ke Kahu o ko‘u ola! Mai hā‘awi ‘Oe ia‘u i ka ‘uhane o ka na‘au palaka, ka mana‘o pauaho, ke kuko hewa a me ke kakahili. Notes et références
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