Pour le musicologue Michel Fleury, Prélude, Marine et Chansons constitue « une magnifique illustration de la côte du Trégorois, terre natale » du compositeur[1]. Dans la partition, « la flûte et la harpe répondent particulièrement bien aux exigences de l'imaginaire celtique, et l'entrelacs de leurs gracieuses arabesques tisse ici les fils magiques d'un « rêve celtique » particulièrement évocateur[1] ».
Prélude – « Ben Moderato » ( = 84), à , à la « mélancolie rêveuse[4] », dont le thème principal, « centré autour du pôle de si, évoluant doucement du mineur vers le majeur par le jeu d'enchaînements très libres faisant la part belle à la modalité[1] », est exposé par la flûte, puis au violon et au violoncelle « sur le clapotis régulier de la harpe[1] » ;
Marine – « Adagietto » ( = 52), à , dans lequel la « harpe dessine avec discrétion et légèreté l'ondulation des flots de la mer[4] », est comme « une aquarelle en demi-teintes, dont la discrétion se renforce des sourdines aux archets [...où] la rêverie de la flûte prend son essor sur l'aquatique barcarolle égrenée à la harpe[5] » ;
Chansons – « Allegro giocoso » ( = 116), à , finale« traversé par des thèmes populaires bretons[4] » qui contraste avec les deux précédents mouvements « par sa vigueur rythmique et son joyeux entrain[5] ». Michel Fleury y relève trois chansons d'intonations populaires, dont seule la seconde est véritablement tirée du folklore breton, en mode dorien[5]. Il s'agit d'un vieux noël breton, « Peh trouz zo ar en douar » (quel est ce bruit sur la terre ?), « à l'allure dansante[3] ». La troisième, en mi bémol majeur sur un dessin en ostinato, « se distingue [en revanche] par une modulation très affirmée à la sous-dominante caractéristique des tournures celtiques[5] ».
Pour Michel Fleury, Prélude, Marine et Chansons, « miraculeux compromis de concision, de sobriété et de plénitude, [...] prend rang parmi les chefs-d'œuvre du répertoire de musique de chambre de cette époque[5] ».
Discographie
avec le Trio avec piano et le Trio à cordes, par l'ensemble Stanislas : Sylvie Tournon (flûte), Béatrice Huvenne (harpe), Laurent Causse (violon), Paul Fenton (alto) et Jean de Spengler (violoncelle), Timpani 1C1118, 2006.
Walter Willson Cobbett (complété sous la direction de Colin Mason, traduit de l'anglais par Marie-Stella Pâris, édition française revue et augmentée par Alain Pâris), Dictionnaire encyclopédique de la musique de chambre : K-Z [« Cobbett's Cyclopedic Survey of Chamber Music »], t. 2, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN2-221-07847-0), p. 1235-1237.
(fr + en) Michel Fleury, « Tradition et modernité », p. 4-8, Paris, Timpani (1C1118), 2006 .
François-René Tranchefort, « Guy Ropartz », dans François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de chambre, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 995 p. (ISBN2-213-02403-0), p. 742–743.