Police auxiliaire lettone
La police auxiliaire lettone était une unité de police paramilitaire collaborationniste mise en place par l’Allemagne nazie en , pendant l’occupation de la Lettonie lors de la Seconde Guerre mondiale. Composée de fonctionnaires lettons, il s'agissait ni plus ni moins de l'Ordnungspolizei allemande mise en place dans les territoires occupés, chargés du maintien de l'ordre public. Certaines unités de la police auxiliaire lettone ont été impliquées dans la Shoah ; l'une d'elles, le Sonderkommando Arājs, s'est tristement distingué par le massacre d'environ 50 000 à 100 000 personnes (principalement des Juifs, mais aussi communistes ou roms)[1]. Suppléant la police stationnaire régulière (agents de la police municipale), 30 bataillons ont été formés : ces groupes mobiles assuraient la garde de points stratégiques ou de fortifications, participaient à des opérations anti-partisans et se battaient sur le Front de l'Est. Formation d'unitésLes forces de police auxiliaires étaient principalement composées de membres de la police, de l'armée et de la milice lettone (en) dissoute lors de l'occupation soviétique en 1940. Au cours de la première semaine de l'occupation allemande, Franz Walter Stahlecker, dirigeant de l'Einsatzgruppe A, chargea le lieutenant-colonel Voldemārs Veiss d'organiser une force de police sous le commandement de la SS[2]. L'une des premières unités établie sa garnison à Daugavpils, prise par les forces allemandes le , six jours après le lancement de l'opération Barbarossa. Roberts Blūzmanis est alors nommé chef de la police auxiliaire lettone à Daugavpils[3]. Une force de police auxiliaire est créée Riga le sous les auspices des nazis, sous la direction du capitaine letton Pētersons. Selon un rapport allemand daté du , les forces de police auxiliaires étaient composées de 240 hommes répartis dans six districts de police, certains membres étant affectés aux travaux de la Kriminalpolizei (KriPo) et de la Sicherheitspolizei (SiPo)[4]. La police auxiliaire lettone était généralement chargée de la traque et de l'arrestation les Juifs locaux, effectuant quelquefois le creusement de fosses communes en vue de leurs exécutions[5]. Les massacres de Liepāja de sont les crimes de masse les plus notables auquel la police auxiliaires a participé[6]. Le premier bataillon de police (1er bataillon Schutzmannschaft de Riga, plus tard renommé 16e bataillon de police de Zemgale) est formé en et envoyé sur le front de l'Est le . Le deuxième bataillon de la police lettone quitte la Lettonie pour la Biélorussie qu'il atteint le . Le troisième suit une formation et rejoint le front à Léningrad le , afin d'y construire des fortifications pour se battre en première ligne à compter du mois de juillet. Peu de temps après, le 2e bataillon est rejoint par un second bataillon letton dont le commandant, le capitaine Praudiņš, est rapidement arrêté pour des propos anti-allemands, condamné à mort par un tribunal militaire puis gracié après de vigoureuses protestations de la Lettonie. Praudiņš est déchu de son rang et envoyé au front en tant que soldat. Il parvient cependant à redevenir commandant avec à sa tête un régiment letton à Courlande en 1945, au cours duquel il reçut plusieurs hautes décorations allemandes. D'après The Guardian, il existait en 1943 deux divisions SS lettones et environ 100 000 Lettons portaient l'uniforme allemand, soit dans des unités de police auxiliaires, soit dans la légion SS. Fait inhabituel, les nazis envoyèrent leurs collaborateurs lettons bien au-delà de leur territoire d'origine en Biélorussie, en Ukraine ou à Varsovie[7]. Bataillons de policeActivitésEn , les 22e bataillon Daugava et 272e bataillon Daugavgrīva rejoignent Varsovie pour des fonctions de garde sur le périmètre extérieur du ghetto de Varsovie. Lors de la liquidation du ghetto, le 22e bataillon participe à la mise en place de convois de déportés vers le camp d'extermination de Treblinka. En février-, huit bataillons lettons prennent part à l'opération répressive anti-partisane Winterzauber près de la frontière entre la Biélorussie et la Lettonie, qui entraîne la destruction de 439 villages, 10 000 à 12 000 morts, et plus de 7 000 autres sont condamnés aux travaux forcés ou emprisonnés au camp de Salaspils[8]. En 1943, de Léningrad à la Crimée, 29 bataillons de la police lettone sont dispersés dans l’Union soviétique sous occupation allemande, notamment le 17e bataillon qui combat dans la région de Kharkov, ou le 23e opérant en Crimée. En 1944, au plus fort de l'occupation, en collaboration de l'administration autonome de la Lettonie, celle-ci forme un total de 33 bataillons de police auxiliaires. Relations avec les AllemandsLes bataillons de police étaient mal armés. Par conséquent, ceux-ci doivent parfois voler des armes automatiques dans les dépôts de ravitaillement allemands. Le caporal Žanis Butkus, commandant du 26e bataillon, capture des armes d'un groupe de partisans nationaux en juin et et les dissimules aux Allemands par craintes de réquisition. Certains bataillions ne combattaient pas les soviétiques et opéraient à l'arrière des lignes de front, provoquant plusieurs conflits entre Lettons et Allemands. Les Lettons ne souhaitaient pas se battre contre des partisans nationaux (Polonais, Ukrainiens, etc.) qui étaient à la fois allemands et soviétiques. Par conséquent, des bataillons lettons stationnés quelque temps près de Vilnius établirent des communications secrètes avec les partisans polonais en concluant un pacte de non-agression. Un bataillon de l'autre côté de l'ancienne frontière entre la Lettonie et la Pologne empêcha le SD allemand de recueillir et d'envoyer des femmes polonaises en Allemagne en . RestructurationEn 1942, les 19e et 21e bataillons de la police lettone sont rattachés à la 2e brigade d'infanterie SS (en). La brigade était une formation internationale comprenant des légions volontaires néerlandaises, flamandes et norvégiennes. Impressionné par la conduite des bataillons lettons, Heinrich Himmler transforma la 2e brigade d'infanterie SS en une brigade lettone. Les 18e, 24e et 26e bataillons de la police lettone en service sur le front de Léningrad ont été utilisés pour former le 2e régiment de volontaires SS de la brigade. Ils ont ensuite été envoyés en formation à Krasnoye Selo, où le 16e bataillon de police letton rejoint la brigade en février à la demande de Himmler. Le , ces bataillons lettons ainsi que les trois autres bataillons de légions lettones sont incorporés à la 2e brigade d'infanterie SS et renommés 2e brigade lettone SS (qui deviendra plus tard la 19e division SS de grenadiers)[9]. Le , quatre bataillons (278e Sigulda, 278e Dobele, 276e Kuldīga et 312e) sont incorporés dans le 1er Régiment de police de Riga (Lettisches Freiwilligen Polizei Regiment 1 Riga). En , deux autres régiments sont formés: le 2e Liepāja (du 22e Daugava, 25e Abava, 313e et 316e bataillons) et le 3e Cēsis (du 317e, 318e et 321e bataillons). À partir de , les trois régiments sont impliqués dans des combats près de Daugavpils, où ils subissent de lourdes pertes. Six bataillons (20e, 23e, 267e, 269e, 322eet 271e) ont poursuivi leur combat dans la poche de Courlande jusqu'à la capitulation. Liste des bataillons et régiments
Après-guerreAux États-Unis, d'anciens membres de la police auxiliaire lettone auraient échappé à des poursuites pour crimes de guerre[10]. Parmi eux, Edgars Inde, qui aurait caché sa participation à des crimes de guerre lors de son arrivée aux États-Unis en 1949, et aurait demandé la naturalisation. Devenu citoyen en 1955, il nia formellement tout accusation. Notes et références
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