Pierre BersuirePierre Bersuire
Pierre Bersuire[note 1] (en latin, Petrus Berchorius ou Petrus Bercorius est un écrivain français du Moyen Âge, né à Saint-Pierre-du-Chemin (actuellement en Vendée) vers 1290[1], mort à Paris en 1362. Moine bénédictin, l'un des principaux lettrés français de son époque, il fut un ami de Pétrarque. Il est l'auteur d'écrits moraux de forme encyclopédique et le premier traducteur en français de l'Histoire romaine de Tite-Live. Problème de dénominationLe prologue d'un de ses premiers ouvrages le Reductiorum morale, le présente en latin : sum quidam peccator, ordinis sancti benedicti monachus, natione gallus, patria pictavinus, nomine Petrus, cognomine Berchorius (« je suis un humble pécheur, moine de l'ordre de Saint Benoit, gaulois, poitevin, de nom Petrus, surnommé Berchorius »). Dans d'autres manuscrits, son nom est orthographié Bercorius, Berchorii, Berthorius, etc., Berchorius étant la graphie la plus fréquente. Par contre, la francisation de son nom latin a été transcrite de multiples façons : « Bercheure », « Berchoire », « Berceur », « Berchaire », « Bercœur », etc. Les premiers biographes modernes ont à leur tour varié : « Le Bercheur » pour l'abbé de Sade, « Bercheure » dans le dictionnaire Littré, « Le Berceur » ou « Le Bercheur » pour Léopold Delisle. L'historien Paulin Paris compila les listes de prieurs de Saint-Eloi de Paris et trouva Pierre Berseure, Bresseure ou Bersuyre selon les titres. L'orthographe et la prononciation admises s'établissent à la fin du XIXe siècle à Pierre Bersuire, d'après le toponyme Bersuire, lieu proche de son village de naissance, dont le nom a évolué en actuel Bressuire[2]. BiographieLes informations sur la vie de Pierre Bersuire sont rares et disséminées, on ne dispose d'aucun document sur sa famille ni sur sa naissance. Pétrarque qui l'a rencontré le qualifie de « vénérable », ce qui laisse croire qu'il était nettement plus âgé que lui. Comme Pétrarque est né en 1304, on présume que Pierre Bersuire serait né à la fin du XIIIe siècle, peut-être vers 1290[3]. Pierre Bersuire fut d'abord brièvement franciscain selon l'abbé de Sade, une affirmation sans preuve tangible selon Pannier, puis bénédictin à l'abbaye de Maillezais[4]. Il accompagna sans doute l'abbé de Maillezais Geoffroy Pouvreau à la cour pontificale d'Avignon, peut-être en 1317 pour le sacre de l'abbé comme évêque, ou quelques années plus tard, et s'y fit remarquer pour ses talents[5]. En 1328, il était devenu secrétaire du cardinal Pierre des Prés, vice-chancelier du pape, et le resta jusqu'au début des années 1340. C'est le cardinal qui l'encouragea à se lancer dans ses travaux littéraires, et lui prêta ses livres. Bersuire lui dédia les deux grands ouvrages rédigés durant cette période, le Reductiorum morale et le Repertorium morale[6]. C'est également à cette époque qu'il devint proche ami de Pétrarque, à qui il rendait visite à Vaucluse[7],[note 2]. En 1342, il se trouvait à Paris, où il corrigeait son Reductorium morale. On ignore la raison de son séjour, peut-être avait-il accompagné Pierre des Prés, envoyé par le pape pour inciter les rois de France et d'Angleterre à faire la paix[7]. Il resta à Paris sans doute dans les années suivantes, suivit des cours à l'Université de Paris et entama la rédaction du Bréviaire moral. On n'a plus d'information sur lui jusqu'en 1351. Un acte du (n. st.) nous apprend qu'il était alors détenu dans la prison de l'évêque de Paris, accusé d'hérésie, peut-être en raison de ses écrits sur la moralité. L'Université le fit reconnaître comme « escolier » et entreprit des démarches auprès du roi Jean le Bon pour le faire libérer, ce qui fut fait quelques jours plus tard[note 3]. Il détenait alors comme bénéfice ecclésiastique la charge de chambrier de l'abbaye de Coulombs (depuis le ). Jean le Bon, roi depuis l'année précédente, avait du goût pour les lettres, et connaissait déjà sûrement Bersuire et lui commanda une traduction de Tite-Live en ancien français. D'après l'érudit Benjamin Fillon qui trouva sur une lettre royale du une contre-signature P. Berchorius, Bersuire fut secrétaire royal de Jean le Bon. Léopold Pannier procéda à des recherches complémentaires et trouva des lettres royales sur la période allant de février 1352 à 1355 portant la signature Berch. cama, qu'il lut Berchorius camararius (c'est-à-dire Bersuire chambrier), confirmant ainsi l'avis de Benjamin Fillon[8]. Jean-Paul Laurent élargit encore le champ de recherches, et trouva de nombreuses lettres royales signées Berch. cama ou plutôt Berth. cama à des dates allant de novembre 1335 sous Philippe VI de Valois jusqu'à , ce qui contredit la thèse de Fillon et de Pannier, car Pierre Bersuire n'exerça comme chambrier que de 1349 à 1354. De surcroît, Jean-Paul Laurent découvrit une lettre d'avril 1353 contresignée Berthel. cama et une autre de portant la signature complète Berthelemi Cama. Jean-Paul Laurent conclut que le secrétaire royal de Jean le Bon ne fut pas Pierre Bersuire mais Barthélémy Cama, connu par ailleurs comme notaire[9]. Une bulle du pape Innocent IV du [10] l'autorise à échanger avec le bénédictin Pierre Gresle sa charge de chambrier contre celle de prieur de Saint-Éloi (dans l'Île de la Cité)[note 4]. Des conventions avaient été préalablement passées entre Gresle et Bersuire sur l'apurement des dettes liées à leur charge avant l'échange et la transmission de divers documents. Elles ne furent pas respectées, entrainant un contentieux qui donna lieu à un arbitrage annulant ces conventions, passé devant notaire en et confirmé par le Parlement de Paris. Une autre contestation s'éleva lorsque la Chambre apostolique réclama à Gresle le règlement des frais inhérents à l'émission de la bulle pontificale. Considérant que Bersuire était l'instigateur de cette demande, Gresle l'assigna devant le Parlement de Paris, qui le débouta en [11]. En janvier 1361 (n. st.), Pétrarque vint à Paris comme ambassadeur de Galéas Visconti, seigneur de Milan ; lui, Bersuire et quelques autres lettrés parisiens eurent alors de longs échanges ; d'après sa correspondance, il considérait visiblement Bersuire comme le plus éminent lettré de la capitale française[12]. Bersuire décède peu après, en l'année 1362, mais le jour de son décès reste inconnu. Son neveu Pierre Philippeau lui succéda comme prieur de Saint-Éloi (jusque vers 1406) et entretint sa mémoire en fondant des messes en sa faveur[13]. ŒuvresOn garde de lui :
Les Gesta Romanorum, une collection latine d'anecdotes et de contes, lui sont parfois attribués. PostéritéCertains textes de Pierre Bersuire ont connu une grande diffusion jusqu'au XVIe siècle. Du Liber Bibliæ moralis, on connaît deux éditions imprimées dès 1474 (à Ulm et à Strasbourg), deux autres en 1477 (à Cologne et à Deventer), etc. Une traduction française de l'Ovidius moralizatus fut imprimée à Bruges en 1484 (texte attribué au dominicain anglais Thomas Waleys (en)), et l'original latin à Paris en 1509 par Josse Bade (même attribution). L'attribution exacte à Pierre Bersuire a été rétablie en 1881 par Jean-Barthélemy Hauréau[16]. La traduction française de Tite-Live par Bersuire est reprise par de nombreux manuscrits. On dénombre 65 manuscrits (parfois incomplets) et cinq éditions de sa traduction existant au début du XVIe siècle[17]. Au XVe siècle, la traduction de Bersuire a été reprise par Jean Mansel, d'abord dans ses Histoires romaines (ensemble plus large), ensuite dans sa Fleur des histoires, compilation d'histoire universelle largement diffusée. Le texte de Bersuire fut aussi abrégé par Henri Romain, en 1477, pour son Compendium historial. Il y en eut une traduction catalane à la fin du XIVe siècle et une traduction castillane, due à Pedro Lopez de Alaya, chancelier de Castille, vers 1400. En Écosse, John Bellenden (en) se servit du texte de Bersuire pour donner une version anglaise de Tite-Live (à la demande de Jacques V) en 1533. Notes et référencesNotes
Références
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
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