Philippe Panon DesbassaynsPhilippe Panon Desbassyns de Richemont Portrait de Philippe Panon Desbassayns, comte de Richemont, copie de l'original par Paulin Guérin, XIXe siècle.
Philippe Panon Desbassayns, comte de Richemont, né le à Saint-Paul (La Réunion) et mort le à Paris, est un administrateur colonial et homme politique français, ainsi qu'un important propriétaire terrien esclavagiste de l'île Bourbon (La Réunion), issu d'une riche famille de colons. BiographieOrigines et jeunesseFils d'Henri Paulin Panon Desbassayns et d'Ombline Desbassayns, richissime couple de planteurs esclavagistes de La Réunion, Philippe Panon Desbassayns naît le sur l'habitation agricole de ses parents, à Saint-Paul[1]. Il est envoyé en métropole en 1780 pour faire ses études à l'École militaire de Sorèze (Tarn). Carrière commerciale et administrativePendant la période révolutionnaire, de 1789 à 1799, il s'occupe d'activités commerciales à La Réunion. Il retourne ensuite en France et épouse la languedocienne Jeanne Eglé Mougre (1778-1855)[1]. Sous le Consulat et l'Empire, il est chargé des négociations avec l'Angleterre qui, menées à bonne fin, permettent de relâcher, en 1811, des soldats français retenus sur des pontons, et d'obtenir à la paix la restitution de plusieurs colonies, dont Pondichéry. Il est successivement administrateur des établissements français dans l'Inde, intendant de l'île Bourbon, membre du Conseil d'Amirauté, et membre de la Chambre des députés[2], député de la Meuse. À la Restauration, il est nommé administrateur des colonies de l’Inde. Profitant de la qualité de ses relations avec l'Angleterre, il peut négocier avantageusement le rachat des privilèges de la Compagnie française des Indes orientales sur le commerce du sel et de l'opium[1]. Ordonnateur de BourbonDe 1817 à 1819, il est nommé commissaire général de la Marine et ordonnateur à Bourbon. Il introduit à Bourbon les Frères des écoles chrétiennes et est à l'origine de la fondation du collège royal[1]. Il s'implique aussi dans « l'affaire Furcy », où, en 1817, un esclave intente un procès contre son maître Joseph Lory, un des principaux introducteurs du sucre sur l’île Bourbon. Grand propriétaire esclavagiste, et commissaire ordonnateur de La Réunion, Philippe Panon se prévaut de l'ancien Code noir, et provoque le départ du procureur général Louis-Gilbert Boucher, en raison de ses sympathies républicaines et antiesclavagistes. Desbassayns réussit à obtenir que, pendant près d’un an, Furcy soit illégalement détenu dans la prison de l’île, dans un état proche de la mort[3]. Cette année-là, la traite négrière est officiellement abolie par la France de Louis XVIII (mais pas encore l'esclavage). Cette interdiction est toutefois contournée car les autorités métropolitaines et coloniales font semblant de ne pas voir, pendant une dizaine d'années, les trafics d'esclaves dans l’océan Indien[4]. Ainsi 38 500 nouveaux captifs africains seront introduits entre 1817 et 1830 par la traite illégale[5]. À la suite de l’affaire Furcy, Desbassayns est nommé au poste de commissaire inspecteur pour le Roi des Établissements français dans l’Inde. Le 21 juillet 1819, il quitte Bourbon pour Pondichéry, accompagné de son épouse Eglé Mourgue, de leur fils Eugène, et de trois esclaves domestiques[3]. Carrière politiqueBeau-frère du ministre ultraroyaliste Joseph de Villèle, Philippe Desbassayns est élu, en 1824, député de la Meuse au suffrage censitaire. Puis, il initie l'ordonnance royale du , qui a pour objectif le rejet de tout principe d'élection démocratique au profit des nominations. Le 21 août 1825, il est fait baron de Richemont, puis comte le , par lettres patentes et érection de majorat, et directeur des colonies au ministère de la Marine. À la seconde révolution de 1830, et la chute de la dynastie des Bourbons, il abandonne toutes ses fonctions politiques[1]. Retraite et décèsEn 1832, Philippe Panon Desbassayns de Richemont achète le château de Cangé situé à Saint-Avertin (Indre-et-Loire)[1]. Il meurt le , dans son hôtel particulier parisien, au 10 rue de Pigalle. Il est enterré dans une chapelle au cimetière du Père-Lachaise[6]. Possesseur d'une grande fortune, il lègue 150 000 francs aux pauvres[7]. En 1849, un an après la seconde abolition de l'esclavage, sa veuve Eglé Mourgue reçoit une indemnité de la République en dédommagement du préjudice financier causé par l'affranchissement de leurs esclaves[8]. Vie privéeDe son mariage avec Jeanne Eglé Fulcrande Catherine Mourgue (1778-1855)[9], il a huit enfants :
Le couple possède une propriété à Suresnes (le château des Landes). Ils rétablissent l'institution de la rosière dans la ville en 1804 ou 1805 (les sources divergent), en mémoire de leur fille Camille, décédée à l'âge de 4 ans, à la suite d'un accident de calèche qui la conduisait avec sa mère vers Rueil, au château de la Malmaison, la route de l'époque étant très escarpée[13]. Une rue de la ville rend depuis hommage à la famille[14],[15]. C'est le beau-frère de Joseph de Villèle (1773-1854), président du Conseil des ministres de 1821 à 1828. Eglé Mourgue était par ailleurs estimée de l'impératrice Joséphine de Beauharnais, son mari Napoléon Ier ayant pour sa part déclaré un jour à son sujet devant une Vierge de Raphaël : « Cette madone, madame, est aussi belle que vous, car vous êtes aussi pure qu'elle »[16]. Le portrait d'Eglé Mourgue de 1802 attribué à Marie Guillemine Benoist avec son fils Eugène Panon est d'ailleurs exposé au Metropolitan Museum of Art de New York[17]. En 2020, une version du tableau ne présentant pas l'enfant est également visible lors de l'épisode 3 de la saison 1 de la série Netflix La Chronique des Bridgerton, lorsque les protagonistes admirent des tableaux au mur[18]. Philippe Panon Desbassayns a été peint par Louis Léopold Boilly[19] et par Paulin Guérin.
Fonction
Il abandonne ses fonctions politiques lors de la Révolution de 1830, qui voit la chute des Bourbons. Distinction
ArmesSources
Voir aussiLien interneLiens externes
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