Philippe Garnier est l'une des plumes du magazine Rock & Folk, qu'il rejoint au début des années 1970. Disquaire au Havre dans sa petite boutique « Crazy Little Thing », il fait la navette avec Londres où il fait ses emplettes pour approvisionner sa boutique. En 1975 il part s'installer définitivement aux États-Unis, tout d'abord à San Francisco, puis à Los Angeles, où il vit toujours.
Il publie une longue enquête sur David Goodis (La Vie en noir et blanc), ainsi que Maquis, un recueil d'entretiens, rencontres, enquêtes sur Moritz Thomsen, Rick Bass et Larry Brown, entre autres. Honni soit qui Malibu est un recueil sur des scénaristes à Hollywood dans les années 1930 et 1940. Il a également publié un petit ouvrage sur le cinéaste André de Toth (Bon pied bon œil - Deux rencontres avec André de Toth, le dernier borgne d'Hollywood).
En 2001, il publie un livre mi-fiction mi-recueil de ses articles mythiques de Rock & Folk, sous le titre Les Coins coupés. En 2006, c'est Caractères - Moindres lumières à Hollywood, saga sur les acteurs de second plan du cinéma américain. Il participe également au journal Libération depuis les années 1980, en tant que critique de cinéma.
En 2009 paraît Freelance - Grover Lewis à Rolling Stone : une vie dans les marges du journalisme, une biographie du journaliste américain « alternatif » Grover Lewis, précurseur du journalisme gonzo, spécialiste du reportage en immersion, en particulier pour le magazine Rolling Stone. Grover Lewis fut l'ami et le mentor de Garnier qui lui rend hommage ainsi qu'à une forme de journalisme qu'on ne pratique plus guère.
Fin 2011, il publie une compilation de ses articles sous le titre L’Oreille d’un sourd[3]. L’ouvrage réunit une série de portraits et de reportages, des articles devenus « culte » et si éloignés du journalisme convenu et « robotisé » qui a cours aujourd'hui[4].
En juin 2024, il publie un livre, 9 mois (éditions de l'Olivier), qui retrace les derniers jours de la vie de son épouse de vingt ans, atteinte d'un cancer, la journaliste et écrivaine américaine Elizabeth Stromme[5].
Polémique concernant Dorothy Arzner
En février 2017, il suscite une polémique à propos du texte de présentation qu'il a rédigé pour la rétrospective consacrée à Dorothy Arzner à la Cinémathèque française. Selon lui, « ses derniers films sont les moins convaincants », et il récuse le fait d'analyser l'œuvre de la cinéaste au prisme des études de genre et du militantisme féministe, tout en estimant que, comme son élève le plus célèbre à UCLA, Francis Ford Coppola, « [Arzner] n'avait pas sa pareille pour induire l'empathie pour ses personnages, quoi qu'ils vaillent[6]. »
En réponse, le blog Le genre et l'écran publie un texte intitulé « Cinémathèque: Dorothy Arzner dans l’œil du sexisme »[7],[8]. De son côté, l'universitaire américain William J. Mann[9] considère que « le féminisme et l'identité lesbienne de Dorothy Arzner sont essentiels dans ce qui constitue sa personne et son travail de réalisatrice[10]. »
Publications
David Goodis - La Vie en noir et blanc, Seuil, 1984
Maquis - Aperçu d'un autre paysage américain, Payot, 1993
Bon pied bon œil - Deux rencontres avec André de Toth, le dernier borgne d'Hollywood, Institut Lumière/Actes Sud, 1993
Honni soit qui Malibu - Quelques écrivains à Hollywood, Grasset, 1996
Les Coins coupés - Sous le rock : une allégorie, Grasset, 2001
Caractères - Moindres lumières à Hollywood, Grasset, 2006
Soft Machines, éditions Filigranes, sur une série de photographies de Richard Dumas, 2008
Freelance - Grover Lewis à Rolling Stone : une vie dans les marges du journalisme, Grasset, 2009
↑« « Neuf mois », de Philippe Garnier : partir à l’ombre des séquoias », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Philippe Garnier, « Rétrospective Dorothy Arzner : une femme dans un monde d'hommes », sur cinematheque.fr (consulté le ) : « Comme on pouvait s'y attendre, Arzner a été récupérée par les universitaires (gender studies) et les lesbiennes militantes. […] Mais non seulement ce serait réduire son cinéma à l'anecdotique que de chercher les signaux d'initiées, ce serait aussi un contresens. »
↑« La Cinémathèque continue d'ignorer les femmes », Les Inrockuptibles, non daté (lire en ligne).
↑Professeur d'histoire à la Connecticut State University, auteur d'une étude sur la place des personnes gays ou lesbiennes dans l'histoire d'Hollywood (Behind the Screen: How Gays and Lesbians Shaped Hollywood, 1910-1969).
↑Anne-Laure Pineau, « Cinémathèque française : une rétrospective Dorothy Arzner au parfum rétro-macho », Libération, (lire en ligne).
↑Édition limitée offerte avec la réédition du film en Blu Ray. 2010.