Phare de Guinée

Phare de Guinée
Pays Guinée
Zone de diffusion Guinée
Langue Français
Périodicité bimensuel
Genre presse généraliste
Date de fondation 1947
Date du dernier numéro 1949
Ville d’édition Conakry

Propriétaire PDG - RDA


Le Phare de Guinée est un journal publié en Guinée entre 1947 et 1949. Il joue un rôle important dans la période de lutte pour l'indépendance de la Guinée.

Bien que disparu, son histoire témoigne de l'engagement de la presse pour la liberté d'expression et l'émancipation en Guinée, dans le contexte de l'époque coloniale.Son histoire reste un témoignage important de la lutte.

Historique

Contexte de création

Le Phare de Guinée est fondé le [1] par la section guinéenne du Rassemblement Démocratique Africain (RDA).

Il est créé dans un contexte de montée du nationalisme et de revendications d'indépendance face à l'administration coloniale française.

Le journal avait pour objectif de servir de moyen de communication et de mobilisation populaire pour le RDA[2].

Le journal est publié par le Parti Démocratique de Guinée (PDG), section guinéenne du Rassemblement Démocratique Africain (RDA)[3],[4].

Phare de Guinée est lancé comme journal bimensuel par le PDG en septembre 1947, car ce dernier est réticent à s'appuyer entièrement sur l'organe hebdomadaire de la RDA publié à Dakar, Le Réveil. Mamadou Diallo est nommé directeur du Phare de Guinée de mai 1947 au juin 1948[5].

Production et diffusion

Au début, le journal est publié sous forme de feuilles polycopiées. Par la suite, il est imprimé à Casablanca, au Maroc, car l'Imprimerie du gouvernement à Conakry n'est pas disposée à le faire[1].

Le journal parait de manière irrégulière, même s'il est affiché comme bimensuel. Le tirage du journal est d'environ 3 000 exemplaires au début, puis est réduit à 1 500[1].

Phare de Guinée fut imprimé à Casablanca (environ 3 000 exemplaires), et était vendu dix francs l'exemplaire (un prix assez élevé pour la plupart des Guinéens de l'époque). Afin de minimiser les coûts, le parti a encouragé la lecture collective du journal. Le parti a également organisé des traductions orales dans les langues locales.

Ligne éditoriale et contenu

Le Phare de Guinée était un organe de presse anticolonialiste. Il dénonce l'administration coloniale et le système colonial.

Le journal est un moyen d'expression pour les leaders politiques et syndicaux de l'époque, notamment Mamadou Traoré, dit Autra Ray, qui y tient une chronique humoristique intitulée « Petites annonces déclassées ou les divagations de Ray Autra ». Les articles du Phare de Guinée critiquent la gestion de la colonie, les conditions sanitaires et les infrastructures.

Le journal relaye les actions du RDA, les revendications populaires et les appels à la mobilisation.

Le parti souhaitait que le journal couvre largement les affaires locales et il a demandé à chaque section du parti de nommer un correspondant pour Phare de Guinée.

Cependant, comme Le Réveil était moins cher et souvent moins désuet que Phare de Guinée (le journal étant transporté depuis l'imprimerie de Casablanca, il arrivait souvent avec des nouvelles assez anciennes), de larges sections de l'intelligentsia africaine de Guinée continuaient à préférer Le Réveil au Phare de Guinée . Le Réveil était également perçu comme plus sophistiqué que Phare de Guinée.

Phare de Guinée a dû faire face à la difficulté qu'aucune imprimerie en Guinée n'était disposée à l'imprimer (en raison des pressions de l'administration coloniale française). Mamadou Diallo démissionne du PDG en avril 1949. À ce moment-là, le journal n’avait plus paru depuis des mois.

Difficultés et interdiction

Le Phare de Guinée a rapidement fait face à l'hostilité des autorités coloniales.

Le gouvernement colonial de la Guinée a exigé que les éditeurs obtiennent son accord, c'est-à-dire sa censure, avant toute publication du journal.

Face à ces pressions, le parti a dû recourir à un duplicateur (Ronéo) pour produire son journal.

Le journal a été interdit par les autorités coloniales en 1950.

Le 1er aout 1950, un nouveau journal, ronéotypé localement, fut lancé pour remplacer Phare de Guinée, d'abord par le Coup de Bambou[6] jusqu'au 18 avril 1951 pour intensifier la lutte contre la colonisation française, poursuivie en justice, il sera remplacé par La liberté qui poursuit le même objectif jusqu'à l'indépendance de la Guinée. En 1960, il sera créé l'organe de presse de l'Etat Horoya (la dignité en soussou) pour la remplacer[7].

Disparition

Le Phare de Guinée a cessé de paraître en 1950 suite à son interdiction par les autorités coloniales.

Héritages

Le Phare de Guinée, malgré sa courte existence, a joué un rôle important dans l'éveil de la conscience nationale et la lutte pour l'indépendance de la Guinée.

Il a servi de modèle pour d'autres journaux anticolonialistes et a contribué à l'émergence d'une presse engagée en Guinée.

Son histoire témoigne des difficultés rencontrées par la presse d'opposition sous le régime colonial et de son engagement dans la lutte pour la liberté.

Le journal a été remplacé par Coup de Bambou, un autre journal anticolonialiste.

Collaborateurs notables

Mamadou Traoré, dit Autra Ray, est un contributeur important du Phare de Guinée, où il publie des chroniques humoristiques dénonçant la gestion de la colonie.

Mamadou Madéira Keïta, ancien co-animateur de Servir l’Afrique, devient directeur de publication de Coup de bambou après l'interdiction du Phare de Guinée.

Notes et références

  1. a b et c Gil-François Euvrard, La presse en Afrique occidentale française des origines aux indépendances et conservée à la Bibliothèque nationale, Département des périodiques de la Bibliothèque nationale, , 105 p. (lire en ligne), p. 13
  2. Mamadou Dindé Diallo, Un siècle de journaux en Guinée : histoire de la presse écrite de la période coloniale à nos jours., Toulouse, Université Toulouse le Mirail - Toulouse II, , 514 p. (lire en ligne)
  3. Ahmed Sékou Touré, Extrait des œuvres du P.D.G., Conakry, Le Bureau de Presse de la Presidence de la Republique (no 558), , 130 p. (lire en ligne), p. 13
  4. Ibrahima Barry, Histoire de la presse guinéenne: des origines à nos jours, Editions Publibook, (ISBN 978-2-342-16455-8, lire en ligne)
  5. Sidiki Kobélé Kéïta, Ahmed Sékou Touré: L'Africain qui a osé dire « non » au général de Gaulle le 28 septembre 1958, Publibook, , 317 p. (ISBN 978-2-342-15576-1, lire en ligne), p. 124
  6. Sidiki Kobélé Kéïta, Ahmed Sékou Touré: L'Africain qui a osé dire « non » au général de Gaulle le 28 septembre 1958, Publibook, (ISBN 978-2-342-15576-1, lire en ligne), p. 182
  7. Encyclopaedia Universalis et Les Grands Articles, Guinée: Les Grands Articles d'Universalis, Encyclopaedia Universalis, (ISBN 978-2-85229-793-7, lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • Sidiki Kobélé Kéïta, Ahmed Sékou Touré: L'Africain qui a osé dire « non » au général de Gaulle le 28 septembre 1958, Publibook, (ISBN 978-2-342-15576-1, lire en ligne), p. 182. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Gil-François Euvrard, La presse en Afrique occidentale française des origines aux indépendances et conservée à la Bibliothèque nationale, Département des périodiques de la Bibliothèque nationale, , 105 p. (lire en ligne), p. 13. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Ibrahima Barry, Histoire de la presse guinéenne: des origines à nos jours, Editions Publibook, (ISBN 978-2-342-16455-8, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes