Penser/Classer est un recueil d'essais posthume de Georges Perec publié en 1985. Il regroupe treize textes publiés antérieurement et doit son titre au dernier et plus long de ces essais.
Textes regroupés
Le recueil est constitué de treize textes :
« Notes sur ce que je cherche[1] » : Perec définit quatre horizons à son travail : le monde qui l’entoure, sa propre histoire, le langage, la fiction. Il ne peut répondre à la question du «Pourquoi j’écris ? » qu’en écrivant. Mais il diffère sans cesse l’instant où l’image qu’il se fait de la littérature — au-delà de l’écriture— serait comme un puzzle inexorablement inachevé.
« De quelques emplois du verbe habiter[2] » : Comment expliquer où l’on habite ?
« Notes concernant les objets qui sont sur ma table de travail[3] » : Marquant un espace, ils sont au cœur de l’émergence d’une expérience[4].
« Trois chambres retrouvées [5]» : Une remontée descriptive dans le temps[6].
« Notes brèves sur l'art et la manière de ranger les livres[7] » : Une hésitation entre l’illusion de l’achevé et le vertige de l’insaisissable.
« Douze regards obliques[8] » : L’objet de mode, l’objet à la mode, n’est rien d’autre que son signe. Mais est-ce un sujet à la mode ?
« Les Lieux d'une ruse[9] » : Comment – et pourquoi – retrouver ce qui s’est dit dans le cadre d’une analyse[10] ?
« Je me souviens de Malet & Isaac[11] » : « Une histoire feinte où les événements, les idées et les (grands) hommes se mettent en place comme les pièces d’un puzzle[12]. »
« 81 fiches-cuisine à l'usage des débutants[13] » : Sole, ris de veau, lapin : recettes combinatoires.
« Lire : esquisse socio-physiologique[14] » : On ne lit pas n’importe comment, ni n’importe quand, ni n’importe où, même si on lit n’importe quoi.
« De la difficulté qu'il y a à imaginer une Cité idéale[15] » : Récapitulatif alphabétique de cette difficulté.
« Considérations sur les lunettes[16] » : Ce que voit celui qui n’a pas besoin de lunettes quand il en met, ressemble-t-il à ce que celui qui en a réellement besoin voit quand il ne les a pas ?
« Penser/Classer[17] » : Surtout une affaire de montage, de distorsion, de contorsion, de détours, de miroirs.
Analyse
Dans ce recueil, la volonté de classement de Georges Perec s'étend à de nombreux domaines. Il commence par répartir ses œuvres en quatre catégories : sociologique, autobiographique, ludique et romanesque, puis se demande comment ranger sa bibliothèque, et énumère les objets présents sur sa table de travail. Mais la typologie va au-delà de l'intérêt littéraire et s'attache avec « tristesse et [...] émerveillement [aux] minuscules plaisirs de la vie quotidienne[18] » : fiches-cuisine, lunettes, mode, souvenirs de Malet et Isaac. L'écrivain se laisse alors aller aux « joies ineffables de l'énumération[19] ».
Le dernier texte montre des tentatives de classement et des commentaires sur les classifications en tous sens qui aboutissent à un « vertige taxinomique[20] ». Ces classements permettent à Perec d'enregistrer le réel, et ainsi de lutter contre l'hypermnésie qui le frappe (maladie qui oblige le cerveau à enregistrer chaque information de la vie quotidienne ). Mais ils constituent aussi une étude sociologique du quotidien[21].
Bibliographie
Pierre Bruno, Res clinica (sur Les lieux d’une ruse) », dans De Perec etc., derechef, Textes, lettres, règles & sens, Éditions Joseph K, 2005.
Yvonne Goga, Douze regards obliques, un discours d’indirection, dans Georges Perec artisan de la langue, Presses Universitaires de Lyon, 2012. Lire en ligne.