brustiaire, mot occitan (brustia désigne le peigne à chanvre),dans le Briançonnais[1] ;
ferrandier dans le Nivernais[2], où le terme était en usage jusqu'au milieu du XIXe siècle[3] ; son étymologie est incertaine mais on sait que le peigne aux dents de fer utilisé par le ferrandier pour démêler les fibres du chanvre s'appelait un séran ou serrand[4] ; d'autre part, sérancer, c'est-à-dire diviser la filasse, se disait férander dans le Blaisois et en Sologne[5] ;
Le peigneur de chanvre intervenait après le rouissage, le broyage et le teillage du chanvre. Son activité consistait à sérancer[5] la filasse, c’est-à-dire à la démêler et à la diviser.
Dans certaines régions, c'était un ouvrier itinérant allant de ferme en ferme et de village en village, travaillant souvent en équipe.
Le peigneur de chanvre, qui fut longtemps un personnage familier dans les campagnes, disparut à l’aube du XXe siècle avec la fin de la culture du chanvre. Issus souvent de territoires où manquaient les ressources en hiver, ils prenaient la route après le travail de récolte de l'été et d'entretien de l'automne, en octobre, pour une ou deux itinérances, revenant pour Noël et repartant parfois, un mois, en mars[6].
En Haut-Bugey, les peigneurs de chanvre ambulants usaient d’une langue secrète, le « bello » inventée pour déjouer la curiosité de l’étranger[7],[8],[9]. En langage bello, eau-de-vie se disait « bran de paille », lait : « collant », feu : « roubic ». Cette langue a disparu avec la profession[10]. Elle fut étudiée, entre autres, par Albert Dauzat, qui remonta ses origines aux anciens argots de malfaiteurs, notamment au « furbesco » italien[11]. Les langues secrètes de ramoneurs savoyards ou des chaudronniers piémontais semblaient également avoir des origines communes.
Les peigneurs de chanvre ambulants originaires du Val Pô, sur le versant italien des Alpes, possédaient également un langage secret[12].
Outillage
un couteau à tranchant émoussé et à lame cintrée en forme de C, le “ferret” ou gratin qui servait à assouplir l’écorce du chanvre et à la débarrasser des grosses impuretés
un jeu de peignes aux dents d’acier plus ou moins resserrées, très souples, de 8 à 10 cm de longueur, fixées à un coussinet en bois, (appelé "peno" ou "brito", en patois bugiste[13] et séran, en Sologne[4] ) qui la démêlaient et la divisaient en fibres très minces :
« lo gro peno » (en patois bugiste), aux dents longues, fortes et espacées, servait à dégrossir la fibre
« lo pletie peno » (en patois bugiste), aux dents plus courtes, plus fines et plus affilées permettait l’affinage
Notes et références
↑Alain Belmont, « L’artisanat et la frontière: l'exemple des peingeurs de chanvre du Briançonnais aux 17e et 18e siècles », Histoire des Alpes, , p. 201-212 (lire en ligne).
↑Chatelain Abel, « L'émigration temporaire des peigneurs de chanvre du Jura méridional avant les transformations des XIXe et
XXe siècles », Les Études rhodaniennes, vol. 21, no n°3-4, , pp. 166-178 (lire en ligne)
[1] Abel Chatelain, L'émigration temporaire des peigneurs de chanvre du Jura méridional avant les transformations des XIXe et XXe siècles, Les Études rhodaniennes, 1946.