Né Paul Anton Bötticher, il change de nom en hommage à sa grand-tante maternelle d'origine française, Ernestine de Lagarde, qui l’avait élevé après le décès de sa mère.
Il exerce une grande influence dans l’Allemagne contemporaine par ses écrits nationalistes et antisémites rassemblés dans les Deutsche Schriften (« Écrits allemands »), parus entre 1878 et 1881. Certaines de ses idées seront reprises par les nazis, comme[1] :
l’aspiration à un « christianisme allemand » débarrassé de ses éléments juifs (ce courant de pensée influencera directement Le Mythe du vingtième siècle, ouvrage d'Alfred Rosenberg publié en 1930).
Son nationalisme repose essentiellement sur la religion. Selon Paul de Lagarde, la germanité est fondée sur « l’âme » plutôt que sur la pureté d'une race germanique, prenant l'exemple d’illustres allemands comme Leibniz, Lessing ou Kant, qui étaient d’origine slave ou écossaise[1]. Toujours selon lui, les Juifs doivent impérativement renoncer à leur religion pour devenir des Allemands à part entière, et il ne mâche pas ses mots à leur égard dans ses Écrits allemands. Il s'agit là d'une nette radicalisation de l’antijudaïsme ; elle annonce l’antisémitisme virulent du mouvement völkisch et du parti nazi, lequel saluera d’ailleurs Lagarde comme l’un de ses inspirateurs.
Les idées de Paul de Lagarde illustrent la lente transition au cours du XIXe siècle en Allemagne, d'un nationalisme libéral et romantique, au lendemain de l’aventure napoléonienne, à un nationalisme racial.
Bibliographie
Hans-Georg Drescher: Ernst Troeltsch und Paul de Lagarde. In: Mitteilungen der Ernst-Troeltsch-Gesellschaft 3, 1984, S. 95–115.
Jean Favrat, La Pensée de Paul de Lagarde : Contribution à l'étude des rapports de la religion et de la politique dans le nationalisme et le conservatisme allemands au XIXe siècle, thèse, H. Champion, 1979, 667 p (ISBN978-2729500719).
Massimo Ferrari Zumbini: Die Wurzeln des Bösen. Gründerjahre des Antisemitismus: Von Bismarck zu Hitler. Klostermann, Frankfurt am Main 2003, (ISBN978-3-465-03222-9).
Göttinger Arbeitskreis für syrische Kirchengeschichte (Hrsg.): Paul de Lagarde und die syrische Kirchengeschichte. Göttingen 1968
Robert W. Lougee: Paul de Lagarde. 1827–1891. A study of radical conservatism in Germany. Harvard University Press, Cambridge 1962 (erste zusammenfassende Monographie)[2].
Ina Ulrike Paul: Paul Anton de Lagarde. In: Uwe Puschner, Walter Schmitz, Justus H. Ulbricht (Hrsg.): Handbuch zur „Völkischen Bewegung“ 1871–1918. München 1996, S. 45–93
Ina Ulrike Paul: Paul Anton de Lagardes Rassismus. In: Ina Ulrike Paul, Sylvia Schraut (Hrsg.): Rassismus in Geschichte und Gegenwart. Eine interdisziplinäre Analyse (= Zivilisationen & Geschichte, Bd. 55), Peter Lang, Berlin u. a. 2018, S. 81–111.
Hans-Walter Schütte(de): Lagarde und Fichte. Die verborgenen spekulativen Voraussetzungen des Christentumsverständnisses Paul de Lagardes. Mohr, Gütersloh 1965.
Ulrich Sieg: Die Sakralisierung der Nation: Paul de Lagardes „Deutsche Schriften“. In: Werner Bergmann/Ulrich Sieg (Hrsg.): Antisemitische Geschichtsbilder (= Antisemitismus: Geschichte und Strukturen, Band 5). Klartext Verlag, Essen 2009, (ISBN978-3-8375-0114-8), S. 103–120
Andreas Urs Sommer: Zwischen Agitation, Religionsstiftung und „hoher Politik“. Paul de Lagarde und Friedrich Nietzsche. In: Nietzscheforschung. Ein Jahrbuch. Bd. 4, 1998, S. 169–194
Fritz Stern, Politique et désespoir : les ressentiments contre la modernité dans l'Allemagne préhitlérienne, Paris, Armand Colin, 1990 (éd. française) (ISBN2-200-37188-8).
↑Rezension: Klaus Epstein: Lougee, Robert W., Paul de Lagarde 1827–1891. A Study of Radical Conservatism in Germany, Cambridge, Mass. 1962. In: Historische Zeitschrift 198, 1964, S. 135–138.