Le , il épouse à Paris Anne Marie Adèle Guibert[3],[N 2]
En 1914, alors colonel, il débute la guerre comme chef d'état-major de l'Armée des Alpes (14e corps d'armée), puis il prend le commandement du 2e régiment d'artillerie. En , il est nommé général de brigade à la 55e brigade d'infanterie et participe à la bataille de la Somme. Nommé à la tête de la 17e division d'infanterie en août 1915, il participe, pendant deux ans et demi, aux combats d'Artois, de la cote 304 à Verdun, de la Somme et du Chemin des Dames. Il est élevé au grade de général de division en . Relevé en janvier 1918, atteint par la limite d'âge, il termine sa carrière militaire en tant qu'inspecteur adjoint des effectifs du territoire en Afrique du Nord. Il en est relevé pour raisons de santé[5],[6].
Un voyageur et photographe amateur prolifique
En parallèle de sa carrière militaire, il mène de nombreuses expéditions et voyages, dont il rapporte de nombreux clichés.
Il conçoit et fait construire successivement cinq périssoires, dont les quatre dernières, fabriquées par Alphonse Tellier à Paris[7], sont démontables pour permettre leur acheminement par le train.
Avec la première, Vagabonde, il fait des essais sur le Maine alors qu'il est lieutenant au 2e régiment de pontonniers d'Angers en 1882.
Avec Vagabonde II, il descend la Saône et le Rhône en 1883, puis l'Yonne et la Seine en 1884.
Avec Vagabonde III, il descend la Loire et ses affluents[8], puis à nouveau le Rhône et la Garonne. En , il descend le Danube et publie en 1890 le récit de ce périple sous le titre D'Ulm à Belgrade, 1 500 kilomètres en périssoire[7], qui lui vaut d’être proposé à l’Ordre des Palmes académiques[5].
En 1891, il parcourt l’Europe au cours d’un congé de six mois ; parti de Belfort à bicyclette, son périple le mène jusqu’en Russie, à Saint-Pétersbourg. À bord de Vagabonde IV, il descend ensuite la Volga, de sa source à la mer Caspienne soit 3 500 km en 49 jours. Puis, il entreprend de revenir en France à cheval par le Caucase et les Carpates, en passant par l' Azerbaïdjan, la Géorgie[N 3], la Moldavie, la Roumanie et l'Autriche, où il est arrêté pour espionnage.
Lors de ce voyage, des photographies documentent son arrivée à Bakou sur le Zang, avec des vues de la ville et du bateau ; il passe deux jours dans la ville et y fréquente le milieu d'affaires ; des photographies montrent le magnat du pétrole Zeynalabdin Taghiyev (ou Tağiyev) ; un autre cliché légendé "Monsieur Saintmarc dans le désert" représente un des cadres supérieurs employés par Taghiyev ; une autre photographie montre une raffinerie de pétrole[10].
Lancrenon publie en 1898 le récit de son expédition sous le titre Trois mille lieues à la pagaie, de la Seine à la Volga ; l'ouvrage est récompensé en 1899 du Prix Montyon de l'Académie française[11].
En 1896, après deux échecs, il termine la descente du Rhin.
En 1906 et en 1908, il effectue deux voyages en Tunisie et en Algérie, en tant qu'officier d'ordonnance du général Pendezec, et en rapporte des photographies[12],[13].
Il est aussi l’auteur de plusieurs voyages en montagne. Il parcourt ainsi les Alpes pour effectuer des reconnaissances de cols. En hiver, parti de Nice, il traverse les Alpes du sud au nord et tente l'ascension du Mont-Blanc. Il est bloqué par la tempête à l'observatoire Vallot. De ces expéditions, il publie en 1906 Impressions d'hiver dans les Alpes. De la mer bleue au Mont-Blanc. Il a aussi parcouru les Pyrénées en 1907, où il photographie notamment le des migrants espagnols se rendant en France[14],[15].
↑Un de leurs fils, Robert Lancrenon (1909-1980), suivra également la carrière militaire[4].
↑Il y croise le joaillier et collectionneur d'art français Henri Vever, qui lui emprunte son appareil photo pour prendre une photographie d’un Géorgien croisé sur leur chemin, et qui commente ainsi le périple de Lancrenon : « un Français venu de Paris à Pétersbourg en vélocipède, puis descendu la Volga en périssoire, et qui maintenant traverse le Caucase à pied [...] Rentrer en France depuis Vladikavkas à cheval tout cela seul, sans guide, avec son bagage sous le bras et un appareil à photo – et on dira que les Français ne sont pas entreprenants »[9].
↑Pierre de Coubertin a créé cet honneur lors du Congrès olympique de Bruxelles en 1905 pour ceux qui avaient rendu des services exceptionnels au sport ou à la promotion des idéaux olympiques[19].
Références
↑ a et bPierre de Coubertin, Les Batailles de l'éducation physique. Une campagne de vingt-et-un ans (1887-1908), Paris, Librairie de l'"Éducation physique", , III-220 p. (lire en ligne), p. 199.
↑N. Christine Brookes et Willa Z. Silverman, « Une source inédite pour l’étude des rapports franco-russes à la Belle Époque. Le carnet de voyage en Russie d’Henri Vever », dans Annie Charon (dir.), La France et les Français en Russie : nouvelles sources, nouvelles approches : 1815-1917, Paris, École nationale des chartes, (ISBN978-2-35723-019-4, lire en ligne), p. 245-260.
↑(en) Dominik, Gutmeyr-Schnur, « The Oil Boom and the Beginnings of Photography in Imperial Baku. Co-Constructing Knowledge in an Industrialising City », dans Biljana Ristovska-Josifovska (dir.), Migration, Knowledge Exchange and Academic Cultures: Europe and the Black Sea Region before WWI, Skopje, Institute of National History, (lire en ligne [PDF]), p. 271-296.
↑« Discours prononcé à la Sorbonne par Pierre de Coubertin pour la remise des diplômes olympiques à S.A.R. le duc des Abruzzes et à M. le commandant Lancrenon », Revue olympique, , p. 122-123.
↑Patrick Clastres, « Performance sportive et prouesse olympique selon Pierre de Coubertin », Les Cahiers de l'INSEP, no 46 « Histoire(s) de la performance du sportif de haut niveau », , p. 193-202 (lire en ligne).
Serge Aillery et Philippe Auclerc, « Un sacré coureur de fleuve et de rivières : Paul Lancrenon 1857-1922 », La Loire et ses terroirs, no 107, , p. 102-125.
Pascal Aumasson et Patrice de Ravel, Vagabonde III : périssoire, Douarnenez, Port-Musée de Douarnenez, , 14 p.
Didier Marin, Le général Lancrenon. Itinéraires d'un officier de la IIIe République, Toulouse, Messages SAS, , 260 p. (ISBN979-1-03437-927-9).