En 1900, il épouse Madeleine Guadet (1876-1965), fille de l'architecte Julien Guadet. Ils ont neuf enfants[4], et sept atteignent l'âge adulte (trois filles dont une médecin et deux épouses de directeurs de société ; quatre garçons dont deux directeurs de société, un architecte, et un parfumeur) [3].
En 1888, il est licencié en sciences physiques et naturelles. Il poursuit alors des études simultanées en médecine et en sciences naturelles. En 1891, il est reçu au concours de l'externat, et à celui de l'internat en 1894[3].
Il obtient son doctorat en sciences naturelles à Lille en 1896 (thèse : Recherches sur le mécanisme de la pigmentation), et en médecine à Paris en 1898 (thèse : Recherches expérimentales et cliniques sur les pancréatites).
En 1902, il est chef de laboratoire, dépendant de la chaire de thérapeutique tenue par Augustin Gilbert. En 1903, il est médecin des hôpitaux et l'année suivante, agrégé de pathologie interne et de médecine légale, chargé de cours et de conférences[3],[6].
En 1918, il est nommé à la chaire de thérapeutique, à la suite d'Antoine Marfan, et à celle de clinique médicale en 1927, à la suite d'Augustin Gilbert.
Il prend sa retraite en 1939 (professeur honoraire en 1940).
En plus de ses fonctions dans les hôpitaux, il est nommé médecin de l'École des mines le , ainsi que chargé de conférences d'hygiène à titre accessoire du jusqu'à sa démission le . Il se plaisait à revenir dans cet établissement, où il avait demeuré avec ses parents durant quinze ans, son père y étant directeur de 1901 à 1907 et précédemment inspecteur des études (équivalent de directeur-adjoint), « ce qui lui rappelait les origines scientifiques de sa famille »[4]. Il repose au cimetière de Chaville.
Opinion politique
Il est signataire de la pétition de soutien à la guerre du Rif, manifeste patriote nationaliste, paru dans Le Figaro du [3].
Carnot et Gilbert avaient un intérêt de longue date dans l'opothérapie[7] ou utilisation d'un extrait d'organe (extrait thyroïdien, extrait pancréatique...) pour remplacer un facteur manquant ou déficitaire, car on ne savait pas encore isoler ou synthétiser les substances actives exactes (hormones, enzymes, etc.).
S'inscrivant dans cette tradition dans le laboratoire de Gilbert, Deflandre entreprend de déterminer la valeur « opothérapeutique » du sang. En 1905, Carnot et Deflandre découvrent que l'injection d'une petite quantité du sérum d'un lapin préalablement saigné entraîne une augmentation considérable des globules rouges le lendemain de l'injection chez les lapins receveurs normaux. Ils montrent également que si le sérum d'un animal saigné était actif, celui d'un animal normal ne l'était pas.
Ils en déduisent que le sérum, plutôt que les éléments figurés (cellules) du sang, contient une substance déclenchée par l'anémie (la saignée) ; et que cette substance provoque la reconstitution du nombre de globules rouges. Ils appellent cette substance hémopoïétine et postulent qu'elle fait partie d'un groupe de cytopoïétines, maintenant appelé cytokines.
La présentation est effectuée le [8]. Entre 1906 et 1907, deux articles de Carnot et Deflandre sont publiés dans les Comptes Rendus de l'Académie des Sciences[9],[10], décrivant l'existence de cette substance et son application possible en thérapeutique. Ces articles ont jeté les bases intellectuelles de l'ensemble du domaine des facteurs de croissance, c'est-à-dire de protéines-signaux produites sur divers sites et agissant sur la croissance de populations de cellules-cibles éloignées.
Dans les années qui suivent, la difficulté à reproduire ces résultats conduit à la mise en doute et à la perte d'intérêt pour ce travail[11]. Cependant, en 1947, Eva Bonsdorff et ses collègues ont pu reproduire les premiers résultats de Carnot et Deflandre, isoler la substance active et la renommer en érythropoïétine (EPO)[12]. Les ventes mondiales d'érythropoïétine recombinante (obtenue par génie génétique) ont atteint autour de 7 milliards de dollars en 2012[13].
Rôle sécrétoire de l'histamine
En 1922, Paul Carnot et ses collaborateurs mettent en évidence le rôle stimulant de l'histamine sur l'acidité gastrique chez l'homme[3],[14]. Cette découverte est à l'origine d'une épreuve ou test à l'histamine permettant, après injection sous-cutanée d'histamine, de recueillir du suc digestif par tubage gastrique ou sondage naso-gastrique[15].
Carnot est l'auteur de nombreux traités médicaux. Avec Paul Brouardel (1837–1906), Augustin Nicolas Gilbert (1858–1927) et d'autres, il publie le Nouveau traité de médecine et de thérapeutique en plusieurs volumes.
Les plus connus de ses autres ouvrages sont les suivants :
Les régénérations d'organes, 1899.
Maladies microbiennes en général, 1905.
Les Bases de la kinésithérapie et les lois de la mécanomorphose, Baillière, 1909, 28 p.
Médications histopoiétiques et médications histolytiques, 1911.
Précis de thérapeutique, Baillière, 1925, 640 p.
La clinique médicale de l'Hôtel-Dieu et l'œuvre du Pr Gilbert, Baillière, 1927, 47 p.
Clinique médicale de l'Hôtel-Dieu de Paris, Baillière, 1930, 344 p.
La famille génitrice et génophylactique, Baillière, 1946, 432 p.
↑ abcde et fFrançoise Huguet, Les professeurs de la faculté de médecine de Paris, dictionnaire biographique 1794-1939, Paris, INREP-CNRS, , 753 p. (ISBN2-222-04527-4), p. 89-92.
↑P. Carnot et Cl Deflandre, « Sur l’activité hémopoïétique du sérum au cours de la régénération du sang », Compt. Rend. Acad. Sci., vol. 143, , p. 384–386.
↑P. Carnot et Cl. Deflandre, « Sur l’activité hémopoïétique des différents organes au cours de la régénération du sang », Compt. Rend. Acad. Sci., vol. 143, , p. 432–435
↑A.S. Gordon et Max Dubin, « On the Alleged Presence of "Hemopoietine" in the Blood Serum of Rabbits either Rendered Anemic or Subjected to Low Pressures », Am. J. Physiol., vol. 107, , p. 704–708.
↑E. Bonsdorff et E Jalavisto, « A humoral mechanism in anoxic erythrocytosis », Acta. Physiol. Scand., vol. 16, , p. 150–170.
↑Nuala Moran, « Affymax poised to challenge Amgen », Nature Biotechnology, vol. 30, , p. 377–379.
↑Paul Carnot, « L'influence de l'histamine sur la sécrétion des sucs digestifs chez l'homme », Comptes rendus de la Société de biologie, vol. 86, , p. 575-578.
↑Garnier Delamare, Dictionnaire illustré des termes de médecine, Paris, Maloine, , 1094 p. (ISBN978-2-224-03434-4), p. 443 et 944.