Né de Pierre Alexandre Brouardel (professeur de philosophie) et de Elisabeth Julie Gabrielle Coudray, il fait ses études secondaires d'abord au collège des Bons-Enfants de Saint-Quentin puis à Orléans et au lycée Saint-Louis de Paris, où son père avait été muté.
En 1858, il est externe à l’hôpital Cochin où il rencontre Étienne-Jules Marey. Premier au concours de l’internat l’année suivante, il obtient le prix de l’école pratique en 1863 et soutient en 1865 sa thèse - très volumineuse- intitulée Tuberculisation des organes génitaux de la femme à la faculté de Paris dont il deviendra plus tard le doyen. Auguste Comte et Claude Bernard exercent alors sur lui une influence qui perdurera dans son œuvre.
En 1879, titulaire de la chaire de médecine légale, il instaure l’enseignement pratique de la morgue en créant les premiers laboratoires de recherche pour les étudiants. Expert près des tribunaux, il a contribué par sa pratique à construire cette fonction en l'ancrant dans la recherche objective de la preuve[4].
À partir de 1884, il dirige le Comité consultatif d'hygiène publique de France qui dépend de l'autorité du Ministre de l'Intérieur: il est une sorte de ministre officieux de la Santé[5]. En 1886 il devient le doyen de l'École de médecine de Paris, signe de l'installation définitive du pasteurisme dans le milieu médical.
Il compte parmi les proches de Louis Pasteur dont il a très tôt épousé les thèses. C'est d'ailleurs son assistant, le DrGrancher, qui pratique la première vaccination anti-rabique. Le rapport à l'Académie de médecine de 1887 concernant la rage est prononcé par Brouardel. Il prononcera encore l'éloge funèbre de Pasteur en 1895.
Dans les premières années de la Troisième République, il a joué un rôle déterminant dans la promotion de l'hygiénisme[6]. Commissaire du gouvernement, il joua un rôle essentiel dans l'adoption de la loi du sur l'exercice de la médecine et la répression du charlatanisme ; cette loi[7] qu'il défendit article par article, et sur laquelle il avait travaillé pendant vingt ans, est d'ailleurs communément appelée « loi Brouardel. » Cette loi ouvre aussi aux médecins, aux dentistes et aux sages-femmes le droit de se constituer en associations ou en syndicats professionnels.
Actif dans la lutte antituberculeuse, il soutint aussi la loi du relative à la protection de la santé publique qui est à l’origine du code de la santé publique.
S'il n'a jamais directement brigué de mandat politique, il a manifesté ses opinions: à la fin du Second Empire, il déclara ses affinités républicaines et prit les armes contre les Communards. Il fut considéré à la fin de sa vie comme une figure éminente de la médecine française. Il mourut de tuberculose.
De la tuberculisation des organes génitaux de la femme, [thèse pour le doctorat en médecine, présentée et soutenue le ], A. Parent (Paris), 1865, Texte intégral.
Étude critique des diverses médications employées contre le diabète sucré, P. Asselin (Paris), 1869, lire en ligne sur Gallica.
L'Urée et le foie, variations de la quantité de l'urée éliminée dans les maladies du foie, Masson (Paris), 1877, lire en ligne sur Gallica.
Organisation du service des autopsies à la morgue [Rapports adressés à M. le Garde des Sceaux], Impr. de E. Martinet (Paris), 1879, lire en ligne sur Gallica.
Affaire Pel, J.-B. Baillière et fils (Paris), 1886, 60 p.
Le Secret médical, J.-B. Baillière et fils (Paris), 1887, lire en ligne sur Gallica.
La Mort et la mort subite, J.-B. Baillière et fils (Paris), 1893, lire en ligne sur Gallica.
Des Causes d'erreur dans les expertises relatives aux attentats à la pudeur, [mémoire la à la Société de médecine légale], J.-B. Baillière et fils (Paris), 1895, lire en ligne sur Gallica.
Cours de médecine légale de la Faculté de médecine de Paris, [Dr Paul Reille, éditeur scientifique. Léon-Henri Thoinot (1858-1915), préfacier] J.-B. Baillière et fils (Paris), 1895-1909:
Tome 7: "L'exercice de la médecine et le charlatanisme" lire en ligne sur Gallica.
Tome 8: "Le mariage: nullité, divorce, grossesse, accouchement" lire en ligne sur Gallica.
La pendaison, la strangulation, la suffocation, la submersion, Librairie J.B. Baillière et fils (Paris), 1897, Texte intégral.
La responsabilité médicale : secret médical, déclarations de naissance, inhumations, expertises médico-légales, J.-B. Baillière et fils (Paris), 1898, lire en ligne sur Gallica.
En collaboration
avec Léon-Henri Thoinot (1858-1915): La Fièvre typhoïde, J.-B. Baillière et fils (Paris), 1895, lire en ligne sur Gallica.
avec E. Lagrue: Guerre à la tuberculose, livret d'éducation et d'enseignement antituberculeux, C. Delagrave (Paris), 1903, lire en ligne sur Gallica.
avec Casimir Périer (président de la République française): Réunion du Bureau international de la tuberculose. Plan de campagne de la lutte contre la tuberculose en France, [Séance publique du . Allocution de M. Casimir-Périer], C. Naud (Paris), 1903, lire en ligne sur Gallica.
La fièvre typhoïde dans les garnisons de France, non compris l'Algérie et la Tunisie, [rapport de M. le professeur P. Brouardel,président de la commission], Impr. nationale (Paris), 1906, lire en ligne sur Gallica.
Paul Loye: La Mort par la décapitation, Lecrosnier et Babé (Paris), 1888, Texte intégral.
Manuel pratique de jurisprudence médicale, par Léonce-Charles Guerrier et Alexandre-Louis Rotureau, préface et introduction par M. le Dr Roger et M. le professeur Brouardel, G. Masson (Paris), 1890, lire en ligne sur Gallica.
Atlas-manuel de médecine légale, par le professeur Eduard von Hofmann, édition française par Charles-Albert Vibert, J.-B. Baillière (Paris), 1899, lire en ligne sur Gallica.
Introduction, rapports préparatoires, communications et discussions , [Troisième congrès international d'enseignement supérieur, tenu à Paris du au ] ; publ. par M. François Picavet, Congrès international d'enseignement supérieur (03 ; 1900 ; Paris), A. Chevalier-Marescq (Paris), 1902, lire en ligne sur Gallica.
Notes et références
↑Henri Morgenstern indique le 6 juillet 1906 pour date de décès, dans Les dentistes français au XIXe siècle
↑Les Dentistes français au XIXe siècle Par Henri Morgenstern
↑Jacques Léonard, La médicalisation de l'État : l'exemple des premières décennies de la IIIe République, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest ,Année 1979, Volume 86, Numéro 86-2
↑Médecin ou malade ? : la médecine en France au XIXe et XXe siècles
Par Jacques Poirier,Françoise Salaün
↑qui créait également ainsi le statut de chirurgien-dentiste :« Nul ne peut exercer la profession de dentiste s’il n’est muni de diplômes de docteur en médecine ou de chirurgien-dentiste. Le diplôme de chirurgien-dentiste sera délivré par le Gouvernement français à la suite d’études organisées suivant un règlement rendu après avis du Conseil supérieur de l’instruction publique et d’examens subis devant un établissement d’enseignement supérieur médical de l’État. »
Bibliographie
« Brouardel (Paul Camille Hippolyte)», in: Panthéon de la Légion d'honneur, par Théophile de Lamathière, E. Dentu (Paris), 1875-1911, Texte intégral.
Hommage au professeur Brouardel, , J.-B. Baillière (Paris), 1903.
Louis Landouzy : Le Professeur Paul Brouardel, [s.n.] (Paris) , 1906.
Léon Thoinot: «La vie et l'œuvre de Paul Brouardel (1837-1906)», in: Annales d'hygiène publique et de médecine légale, 1906. - série 4, n° 06, p. 193-235, Texte intégral.
V. Cornil: «Paul Brouardel. Souvenirs d'autrefois», in: Annales d'hygiène publique et de médecine légale, 1906. - série 4, n° 06, p. 235-245 , Texte intégral.
J. Noir: «Le Professeur Paul Brouardel», in: Journal de médecine légale psychiatrique et d'anthropologie criminelle, 1906,t.1, p. 190-92.
J. Noir: «Nécrologie. Le Pr P. Brouardel», in: Le Progrès médical : journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie 1906, série 03, tome 22, p. 477-8, Texte intégral.
Alexandre Lacassagne: «Paul Brouardel: l'homme, le professeur, l'expert», in: Archives d'anthropologie criminelle, de médecine légale et de psychologie normale et pathologique, tome 21, 1906, p. 759-64, Texte intégral.
«Inauguration du monument élevé à la mémoire du Professeur Bouardel», in:Annales d'hygiène publique et de médecine légale, 1909. - série 4, n° 12, p. 230-39, Texte intégral.
Léon Thoinot: Paul Brouardel, 1837-1906, [Éloge prononcé a l'Academie de médecine dans sa séance annuelle du ], Masson et Cie (Paris), 1910.
R. Piédelièvre: «Le nouvel Institut médico-légal de Paris», in: Paris médical : la semaine du clinicien, 1923, n° 48, p. 565-70, Texte intégral.
Françoise Huguet: «Paul Camille Hippolyte Brouardel», in: Les Professeurs de la faculté de médecine de Paris : Dictionnaire biographique, 1794-1939', INRP/Ed. du CNRS (Paris], 1991, p. 644,Texte intégral.
Henri Morgenstern: Les Dentistes français au XIXe siècle, L'Harmattan (Paris), 2009.