Entre 1984 et 2007, il anime les émissions La Chance aux chansons, Surprise Party, Sevran en chantant, puis Chanter la vie et Entrée d'artistes (d'abord sur TF1, puis sur France 2 à partir de 1991). Il écrit également quinze livres, dont son journal intime, dont le dernier volume a été publié après sa mort.
Biographie
Né à Paris de Jean-Jacques Jouhaud (1920-2002), chauffeur de taxi natif de Nexon en Haute-Vienne[2], et de Régina Rodriguez (1919-2013), couturière espagnole[3], née dans le village de Casillas de Flores à Salamanque, Espagne, tous deux communistes. Il ne montre que très peu de goût pour les études et s'intéresse davantage à la chanson. Il fait ses études à l'école communale d'Antony. Il publie ses premiers écrits, des poèmes, dans Heures claires, mensuel féminin proche de la Confédération générale du travail et du Parti communiste français.
En 1965, sous le pseudonyme de Pascal Régent, il tente une carrière de chanteur en sortant le 45 tours Puisque nous sommes cousins mais ne rencontre aucun succès[6]. Pascal Sevran a toujours déclaré, tant lors d'émissions télévisées que dans ses livres, qu'il aurait rêvé d'être chanteur comme son idole Gilbert Bécaud. Il écrit ensuite les paroles de la chanson Les garçons de la rue pour Daniel Beretta. Il choisit alors un pseudonyme, se servant du nom de la ville de Sevran. Son deuxième 45 tours en 1968, Le garçon, ne rencontre pas davantage de succès. Il décide alors de devenir journaliste à Ici Paris. Il publie des premiers ouvrages anecdotiques comme La Dame en bleu, Lucienne Boyer m'a raconté ou Le Comte de Saint-Germain, aujourd'hui.
Pascal Sevran entre en littérature avec Le Passé supplémentaire, roman paru chez Orban en 1979, récompensé par le prix Roger-Nimier. En 1980, il sort Vichy dancing, suivi en 1982 d'Un garçon de France, adapté à la télévision par Guy Gilles. La carrière d'animateur de télévision absorbera ensuite Pascal Sevran. Il enregistre plusieurs 45-tours (Les Petits Français, disques Orlando), des albums (Succès français, 1991, À la française, 1993) ; se produit sur scène (notamment à l'Olympia) et il est plusieurs fois décoré (officier des Arts et des Lettres, chevalier puis officier de la Légion d'honneur, etc.).
Il revient au livre en 1995 avec Tous les bonheurs sont provisoires, chez Albin Michel. En 1998, il fait paraître Mitterrand, les autres jours, récit de son amitié avec l'ancien président de la République française.
Le journal intime
À partir de l'an 2000, il publie chaque début d'année un volume de son journal intime, ce qui lui vaut de conquérir un vaste public. Le 8e et dernier tome de son Journal s'arrête le 5 janvier 2008.
Dans ses journaux, Pascal Sevran parle de sa grande admiration pour Jacques Chardonne et Marcel Jouhandeau. Au sujet de ce dernier, dans La vie sans lui à la date du 30 avril 1999, il rencontre l'hostilité des habitants en se rendant à Guéret et en l'évoquant[7] puis dans le tome 3 de son journal, On dirait qu'il va neiger, il y retourne le 31 décembre 2000 et s'indigne que dans sa ville natale, Jouhandeau soit ignoré et qu'aucune rue ne porte son nom[8].
Pascal Sevran, malgré son chagrin, continue d'écrire. La Vie sans lui (2001), dans lequel il raconte dans son journal intime de l'année 1999 la mort de son compagnon Stéphane Chomont le et le deuil qui a suivi, reste son best-seller (104 000 exemplaires vendus), les huit autres volumes ont approché les 60 000 ventes. Il souhaite intituler son neuvième journal Soudain l'été dernier ainsi qu'il l'écrit le 17 septembre 2007[12]. Mais se rend compte que ce n'est pas possible car c'est le titre d'une pièce de Tennessee Williams. L'ouvrage ne comporte que 195 pages, Sevran ayant cessé d'écrire le 30 mars et reprit la rédaction le 1er août 2007 en raison de son cancer qu'il n'évoque jamais en le citant[13]. Il ne sera publié qu'en janvier 2009 sous le titre choisi par son éditeur Les petits bals perdus, Journal posthume. Il comporte en fin d'ouvrage le texte de trois pages lu le 13 mai 2008 par Philippe Besson à ses obsèques.
Début 2004, il est invité par le département de la Sarthe à la conférence La voix au chapitre à l'Abbaye de l'Épau pour parler de son oeuvre littéraire à l'occasion de la sortie du cinquième tome de son journal[18].
Animateur et découvreur de talents
De 1982 à 1984, Pascal Sevran débute sur FR3 Limoges avec l'émission Laissez passer la chanson . Il insiste pour faire sortir de sa retraite au Mexique la chanteuse Gloria Lasso qu'il fait passer en vedette dans son émission. Puis il anime pendant dix-sept ans l'émission de télévision La Chance aux chansons dans laquelle il invite Juliette Gréco, Henri Salvador, Serge Reggiani, Francis Lemarque, ou encore Georgette Lemaire à laquelle il consacre une émission spéciale lorsqu'elle est nommée chevalière des Arts et des Lettres. L'émission est programmée d'abord sur TF1 de 1984 à 1991, puis sur France 2 jusqu’en , où il découvre de nombreux talents, du musicien français Igor Baloste à la star française Patricia Kaas, en passant par l'artiste québécoise Lynda Lemay, Dany Brillant et Patrick Fiori[19], jusqu'à ce que la direction de la chaîne décide de supprimer l'émission (Patrick Bruel, une autre découverte de l'animateur, répondra présent à la dernière émission) afin d'en faire évoluer le concept. Cet arrêt suscite de nombreuses réactions de la part des spectateurs[20].
Mais l'émission a aussi ses détracteurs qui considèrent le concept et le contenu comme passéiste et démodé. Le 23 octobre 2004, dans l'émission de Thierry ArdissonTout le monde en parle, il est violemment moqué et agressé verbalement par Bruno Gaccio à ce sujet et quitte le plateau[21]. La presse musicale, en particulier le mensuel Paroles et musique, l'épinglent régulièrement, le qualifiant de Pascal navrant. En 2007, Laurent Balandras publie un pamphlet contre l'animateur sous le titre Pascal Sevran, le Maître Chanteur qu'il qualifie de fin stratège, parolier consternant, arriviste qui s'est servi de la chanson pour bâtir sa renommée et de ses relations pour lui permettre de rester vingt-cinq ans à l'antenne[22].
En septembre 2007, ses deux émissions Chanter la vie et Entrée d'artistes sont finalement arrêtées, et Pascal Sevran annonce à la presse qu'il est malade et qu'il vient d'être opéré de la gorge[25].
Le 21 avril 2008, sa mort est annoncée par Europe 1 et France 2 par erreur, à la suite d'une information erronée de Jean-Pierre Elkabbach[26].
Ami de la chanteuse Dalida dans les années 1970, il fait par son intermédiaire la connaissance de François Mitterrand, alors candidat à la présidence de la République. Pascal Sevran lui apporte son soutien et défile à ses côtés après la victoire du candidat socialiste à l’élection présidentielle de 1981. Un peu plus tard, il est nommé chargé de mission auprès du ministère de la Culture et figure dans le cercle des amis intimes du chef de l'État (accompagnant chaque année celui-ci lors de sa traditionnelle ascension de la roche de Solutré). Après la mort de François Mitterrand, déclarant ne plus se reconnaître dans le programme de « ses héritiers politiques », il affiche son soutien à Nicolas Sarkozy[32], tout en gardant sa sympathie pour Bertrand Delanoë et Jack Lang.
Pascal Sevran a écrit n'avoir jamais été adhérent d'un parti politique[8]. Il est contre le nationalisme et rappelle que son maître à penser Emmanuel Berl[9] l'était. Il déclare également ne pas se sentir européen[9],[33].
Athée, il écrit que les religions causent les guerres. Mais précise qu'il aime les églises, notamment Notre-Dame à côté de laquelle il habite après avoir déménagé, quittant Montmartre en 2002.
Afrique
Un de ses entretiens dans le quotidien Var-Matin du au sujet de son journal Le Privilège des Jonquilles provoque une vive polémique. Le journaliste avait indiqué : « dans votre journal Le Privilège des Jonquilles, vous affirmez que la bite des noirs est responsable de la famine en Afrique ». Pascal Sevran répond : « Et alors ? C'est la vérité ! L'Afrique crève de tous les enfants qui y naissent sans que les parents aient les moyens de les nourrir. Je ne suis pas le seul à le dire. [...] J'écris ce que je pense, si des gens bien au chaud dans leur certitude ne supportent pas d'entendre ça [...] Oui, il faudrait stériliser la moitié de la planète ».
Le journaliste faisait référence au passage suivant (p. 214) : « Des enfants, on en ramasse à la pelle dans ce pays [le Niger] — est-ce un pays ou un cimetière ? — où le taux de fécondité des femmes est le plus élevé du monde, neuf enfants en moyenne par couple. Un carnage. Les coupables sont facilement identifiables, ils signent leurs crimes en copulant à tout va, la mort est au bout de leur bite, ils peuvent continuer parce que ça les amuse, personne n'osera leur reprocher cela, qui est aussi un crime contre l'humanité : faire des enfants, le seul crime impuni. On enverra même de l'argent pour qu'ils puissent continuer à répandre, à semer la mort ». En réalité, une partie des critiques venant d'associations et des médias lui attribue à tort l'énoncé du journaliste. À la suite de cet entretien, plusieurs associations annoncent leur intention de porter plainte contre l'animateur pour incitation à la haine raciale. Pascal Sevran explique le , sur Europe 1 : « J'écris et je dis ce que je veux. Me considérer comme un néo-nazi est une belle connerie ».
Le suivant, dans une lettre rendue publique, France 2 réagit officiellement par l'intermédiaire de Philippe Baudillon, directeur général, qui exprime au nom de la chaîne sa « vive émotion », sa « totale désapprobation » et adresse à Pascal Sevran une « très ferme mise en garde ».
Michel Drucker explique dans son livre De la lumière à l'oubli[35] avoir tout de suite compris l'ampleur du désastre et tenté de convaincre Sevran de s'excuser, mais ce dernier ne l'a pas écouté.
Publications
Romans
Le Passé supplémentaire. Paris : O. Orban, 1979 ; Albin Michel, 2001. Prix Roger-Nimier en 1979.
Un garçon de France. Paris : O. Orban, 1982, 185 p. (ISBN2-85565-191-3) ; Paris : A. Michel, 2003, 185 p. (ISBN2-226-13101-9) ; Paris : Librairie générale française, 2004, 216 p. (Le livre de poche ; 30001). (ISBN2-253-06685-0).
La Dame en bleu, Lucienne Boyer m'a raconté. Paris : Les Nouvelles Éditions Françaises, 1971
Le Comte de Saint-Germain, aujourd'hui. Paris : Nouvel office d'éditions, 1973, 188 p.
Les Rigolos, avec Raymond Lavigne. Paris : G. Authier, 1975, 248 p.
Dalida : la gloire et les larmes. Paris : G. Authier, 1976, 221 p.-[36] p. de pl.
Le Guide du socialisme, avec la collaboration de Alain Rossi. Paris : G. Authier, 1977, 216 p.
Les 180 jours de Giscard, histoire du dernier gouvernement de l'Union de la droite, -, en collaboration avec Bernard Morlino. Paris : G. Authier, 1977, 210 p. (Rayon Politique-fiction).
Le Music hall français : de Mayol à Julien Clerc. Paris : O. Orban, 1978, 284 p. (ISBN2-85565-087-9)
Le Dictionnaire de la chanson française. Paris : Carrère, 1986, 379 p. (ISBN2-86804-337-2). Rééd. Paris : Éditions 13, 1988, 389 p. (ISBN2-86804-469-7)
Piaf : ses plus belles chansons. Paris : Notre temps, 1989, 63 p. (Notre temps).
Les plus belles chansons d'amour. Paris : Notre temps, 1989, 63 p. (Notre temps).
Récits
Tous les bonheurs sont provisoires. Paris : A. Michel, 1995
Mitterrand, les autres jours. Paris : A. Michel, 1997, 215 p. (ISBN2-226-09571-3). Rééd. Paris : LGF, 2005, 182 p. (Le livre de poche ; 30470). (ISBN2-253-11514-2)
Je me souviens aussi. Paris : A. Michel, 1997, 112 p. (ISBN2-226-08928-4)
Journaux
La Vie sans lui : journal. Paris : A. Michel, 2000, 309 p. (ISBN2-226-11380-0)
Des lendemains de fêtes. Paris : A. Michel, 2000, 294 p. (ISBN2-226-12124-2). Rééd. Paris : LGF, 2003, 282 p. (Le livre de poche ; 15459). (ISBN2-253-15459-8)
On dirait qu'il va neiger. Paris : A. Michel, 2001, 247 p. (ISBN2-226-13068-3). Rééd. Paris : LGF, 2004, 279 p. (Le livre de poche ; 30000). (ISBN2-253-06684-2)
Lentement, place de l'Église. Paris : A. Michel, 2002, 265 p. (ISBN2-226-13606-1). Rééd. Paris : LGF, 2004, 279 p. (Le livre de poche ; 30177). (ISBN2-253-10983-5)
On s'ennuyait le dimanche. Paris : A. Michel, 2003, 247 p. (ISBN2-226-14971-6). Rééd. Paris : LGF, 2006, 253 p. (Le livre de poche ; 30499). (ISBN2-253-11595-9)
Il pleut, embrasse-moi. Paris : A. Michel, 2004, 277 p. (ISBN2-226-15668-2). Rééd. Paris : LGF, 2006, 285 p. (Le livre de poche ; 30661). (ISBN2-253-11775-7)
Le Privilège des Jonquilles. Paris : A. Michel, 2005, 298 p. (ISBN2-226-16979-2). Rééd. Paris : LGF, 2007, 312 p. (Le livre de poche ; 30918). (ISBN978-2-253-12387-3)
↑Télé 7 Jours no 367, semaine du 1er au , page 25, programmes de la 1re chaîne, à 18 h 30 : Le petit conservatoire de la Chanson, une émission de Mireille. Mireille présente sa petite troupe "d'espoirs" de la chanson : Daniel Beretta, Lynn Esterly, Anne-Marie Godard, Claude Lemesle, Chouchou, Pascal Sevran et Jean Dupré.