Citrus maxima (aussi Citrus grandis ou Citrus decumana) est un arbre fruitier nommé pamplemoussier dont le fruit est le pamplemousse (en anglaispomelo ou pummelo) dans le glossaire anglais-français de l'OCDE[1]. Il est originaire d'Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaisie). Son fruit à l'écorce épaisse de couleur verdâtre, jaune, ou rosée est une baie comestible, composée de 16 à 18 quartiers remplis de pépins. Le fruit est hâtif, la récolte se fait entre octobre et janvier. La texture est croquante, peu juteuse, le gout équilibré doux, plus ou moins amer et peu acide. Le fruit peut être énorme : un banpeiyu japonais a atteint 4,86 kg (10 lb 11.3 oz) avec une circonférence de 83,5 cm (32.8 in)[2]. Une cinquantaine de cultivars cultivés sont décrits [3].
Citrus ×paradisi est un hybride, traditionnellement admis comme d'origine américaine, entre le précédent Citrus maxima et l'oranger doux Citrus sinensis[4], lui-même produit de l'hybridation, plus ancienne en Chine, entre Citrus maxima et la mandarineCitrus reticulata[5] ; pour synthétiser, c'est donc un pomelo avec une part de mandarine. Son fruit, à l'écorce mince de couleur jaune ou rose est une baie comestible composée d'une douzaine de quartiers. Ce fruit qui pousse en grappes, d'où son nom anglais de « grapefruit » repris en français par Antoine Risso et Alexandre Poiteau dans l'Histoire naturelle des orangers (1818), fut introduit en Europe en 1900[6]. Le fruit est tardif, la récolte se fait entre janvier et avril selon les cultivars. La texture est juteuse, le gout peu amer, plus ou moins acide. Le glossaire anglais-français de l'OCDE donne pour dénomination française du fruit : "pomélo", "pamplemousse"[1].
La polysémie constituée par l'attribution du même nom ("pamplemoussier", "pamplemousse") à deux plantes et à deux fruits différents est aggravée par la polysémie du mot « pomelo » en anglais qui peut désigner soit le grapefruit, soit le pomélo.
L'imprécision est amplifiée par la diversité des appellations commerciales concernant leurs hybrides les tangelo, qui sous un nom unique comprennent des hybrides de C. maxima ou de C. paradisi.
Le pamplemousse asiatique est produit et abondamment consommé de l'Inde au Japon et principalement en Indochine, Chine du Sud-Est et Malaisie. En Chine on distingue quatre type de cultivars : le plus commun à chair blanche, les modernes à chair rouge, les dernières créations à chair rouge et peau rouge (également produits en Thaïlande et à Taïwan) et enfin ceux à chair orangée, riches en carotènes. Les deux derniers sont les plus chers[réf. nécessaire].
Le principal pays de culture du pomelo (C. ×paradisi) est les États-Unis, où les premières variétés plantées furent Duncan (pomelo blond spermé) et Foster (pomelo rose spermé). Ces premières variétés ont été remplacées par de nouvelles avec moins de pépins, voire sans. Les variétés les plus appréciées et consommées, dont la Ruby Red, sont désormais celles disposant d'une chair rouge et sans pépins. Les premiers pomelos à la chair rouge ont été obtenus en 1984 par mutagénèse[7],[8].
Étymologie et origine de la confusion
Il est probable que C. maxima avait été diffusé dans l'ancien monde pendant le Moyen Âge, Ibn al-Awam (Séville, XIIe siècle) cite Abu'l Khayr (début du XIIe siècle) décrit ce gros fruit amer et acide sous le nom de zanbū, zamboa, terme proche du malais jambua qui donne le portugais cimboa toujours utilisé au Brésil pour désigner C. maxima.[9] À noter que toranja désigne en principe C. paradisi en portugais, mais les Portugais ayant perdu la connaissance de C. maxima utilisent toranja avec la même polysémie que « pamplemousse » en français. Au Japon, le terme zabon pour un cultivar traditionnel de C. maxima[10].
Le mot « pamplemousse » apparait tardivement dans les langues occidentales ; il est emprunté au tamoul : பம்பரமாசுpamparamāsu[11]. Le mot est attesté en français fin XVIIe siècle pour désigner C. maxima, puis au XXe siècle pour désigner également C. paradisi[12].
Une étymologie différente est donnée par le Grand Robert : « REM. L'Académie donne le mot au fém., contrairement à l'usage. — 1865 ; pompelmous, 1666 ; néerl. pompelmoes, de pompel « gros », et limoes « citron ». »
Le mot pomélo est emprunté à l'anglais pomelo ; son origine est incertaine : certains ont suggéré une composition pome-melon, hypothèse jugée douteuse, car une telle forme composée n'a jamais été attestée ; d'autres, une altération du mot néerlandais pompelmoes. Le mot pomelo est attesté en anglais au début du XIXe siècle sous la forme pommelo, et désignait d'abord C. maxima, mais aussi C. paradisi durant la seconde moitié du XIXe siècle[13]. En français, le terme a fait son apparition au début du XXe siècle[14].
Le mot pomélo est toutefois resté pendant longtemps peu connu du public, et les C. paradisi étaient commercialisés sous le nom de pamplemousse, comme l'atteste cette citation datant de 1968 : « L'Encyclopédie horticole [...] ajoute que sur les marchés européens, notamment en France, les « grape-fruits » se vendent sous le nom de pamplemousse. Leur nom scientifique « pomelo », n'est évidemment connu que des spécialistes. » (Ac. Can-Fr. 1968)[12]. Selon P. Robert, auteur de Les Agrumes dans le monde (1947), « on eût probablement évité cette confusion [entre pamplemousse et pomelo] en adoptant pour le fruit du pomélo le nom américain de grape-fruit sous lequel il est commercialement connu et qui évoque la fructification en grappes de cette espèce »[12].
Depuis la fin du XXe siècle, les sources averties font soigneusement la distinction, en utilisant « pamplemousse » pour C. maxima et « pomélo » pour C. ×paradisi, et cela tant en France[15],[16] qu'au Québec[17],[18]. Cependant, dans l'usage populaire, « pamplemousse » est resté très courant pour C.x paradisi, et « pomélo » est même parfois utilisé pour C. maxima, comme l'atteste cette citation : « Le pomelo est bien souvent confondu, à tort, avec le pamplemousse. Pour accentuer la confusion, ce dernier, énorme, très lourd (dont la chair remplie de nombreux pépins est recouverte par une peau épaisse et aromatique) est parfois commercialisé en France sous la dénomination de pomelo exotique »[19].
C. maxima est une plante peu représentée en occident, la plus belle collection (université de Californie à Riverside) est loin d'être exhaustive [20], en Europe et en Afrique du Nord, une dizaine de cultivars sont présents. L'importation de C. maxima par la grande distribution depuis l'Asie date du XXIe siècle. L'ignorance concernant ce fruit a engendré une dénomination anarchique dans les langues occidentales. Ce qui n'est pas le cas en Asie où les fruits sont bien distingués. Pourtant C. maxima fructifie partout dans le monde dans le climat de l'oranger.
« Le combat pour supprimer cette équivoque est-il gagné (...)? Oui, lorsqu'on regarde les affichettes au-dessus des étals de pomelos dans nos supermarchés ; non, lorsque l'on commande dans nos cafés un jus de pamplemousse et que l'on se régale d'un jus de pomelo... » - J. Brichet, 2009[21].
Appellations en usage dans les années récentes
En octobre 2014, l'Union Européenne enregistre l'IGP « pomélo de Corse »[22]. Confirmant l'usage du terme pomélo pour désigner C. ×paradisi autrement dit un grapefruit. Le « pomélo de Corse » n'est autre que le cultivar texan « Star Ruby »[23] issu d'un semis de C. ×paradisi[24].
En français
Appellations en français de Citrus maxima et de Citrus ×paradisi
Les textes touchant aux interactions métaboliques[52] et médicamenteuses, n'emploient pas toujours le nom binomial précis pour désigner le fruit dont ils traitent [53],[54],[55]. Les publications rigoureuses sur les interactions médicamenteuses concernent le jus du grapefruit (C. ×paradisi) [56],[57],[58], en français actuel le jus de pomélo, il n'y a pas de texte décrivant des interactions médicamenteuses avec C. maxima, le pamplemousse vrai de la langue française.
Notes et références
↑ a et bOECD, Glossaire de l'agriculture Anglais-français: Anglais-français, OECD Publishing, (ISBN9789264273245, lire en ligne)
↑(en) Vijaykumar T. Kore, Sima S. Tawade et I. Chakraborty, « Variation in Pummelo Cultivars: A Review », Imperial Journal of Interdisciplinary Research (IJIR) Vol-3, Issue-1, 2017, (ISSN2454-1362, lire en ligne)
↑Franck Curk, Gema Ancillo, Andres Garcia-Lor et François Luro, « Next generation haplotyping to decipher nuclear genomic interspecific admixture in Citrusspecies: analysis of chromosome 2 », BMC Genetics, vol. 15, , p. 152 (ISSN1471-2156, PMID25544367, PMCIDPMC4302129, DOI10.1186/s12863-014-0152-1, lire en ligne, consulté le )
↑Guohong Albert Wu, Javier Terol, Victoria Ibanez, Antonio López-García, Estela Pérez-Román, Carles Borredá, Concha Domingo, Francisco R Tadeo, Jose Carbonell-Caballero, Roberto Alonso, Franck Curk, Dongliang Du, Patrick Ollitrault, Mikeal L. Roose Roose, Joaquin Dopazo, Frederick G. Gmitter Jr, Daniel Rokhsar et Manuel Talon, « Genomics of the origin and evolution of Citrus », Nature, vol. 554, no 7692, , p. 311–316 (PMID29414943, DOI10.1038/nature25447, Bibcode2018Natur.554..311W)
↑Professeur Tyozaburo Tanaka, « Acclimatation des Citrus hors de leur pays d'origine. », Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, vol. 13, no 143, , p. 480–494 (DOI10.3406/jatba.1933.5256, lire en ligne, consulté le )
↑Source : Oxford English Dictionary en ligne, http://www.oed.com, consulté le 10 novembre 2007. Première attestation recensée dans le sens de C. maxima: 1817 C. ABBOTT Jrnl. (modernized text) in H. G. Thursfield Five Naval Jrnls. (1951) 292 The principal fruits in Java are coconuts, bananas, plantains..and shaddocks, which are here called pommelos. Autre attestation : 1939 Florida (Federal Writers' Project) III. 325 Such hybrids as the tangelo, a cross between the tangerine and the pomelo, or grapefruit. Attestation du XIXe siècle dans le sens de C. paradisi : 1886 Guide Mus. Econ. Bot., Kew Gardens No. 1. 29 Pumpelmousse or Shaddock, fruit of Citrus decumana... The Pumelo is a smaller fruited variety
↑Pamplemousse et pomélo sur le site PasseportSanté.net (Canada). L'article précise en outre que « toutes les grandes banques de taxonomie et de terminologie se sont alignées sur ces dénominations ».
↑Romaric Forêt, Dictionnaire des sciences de la vie, Louvain-la-Neuve - Paris, De Boeck Supérieur, , 1424 p. (ISBN2807306993 et 9782807306998, lire en ligne), p. 1089.
↑ abcd et eAlix Lefief-Delcourt, Le pamplemousse malin : Tous les bienfaits pour la santé, la beauté et la maison d'un ingrédient 100 % naturel, Leduc.s Éditions, , 192 p. (ISBN2848998709 et 9782848998701, lire en ligne), page 23
↑Neuman M (2002) Effets métaboliques et interactions médicamenteuses provoqués par certaines substances d'origine végétale: pamplemousse, millepertuis et ail. La Presse médicale, 31(30), 1416-1422 (http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=13894542 résumé])
↑Antonelle Pardo, Pierre Duez, Martine Generet, Serge Sténuit, « Interactions médicaments-pamplemousse », Revue médicale de Charleroi, no 1, , p. 3-7 (lire en ligne, consulté le ).
↑Lucien Roulet, Nathalie Asseray, Marie-Line Mottier et Anne Chiffoleau, « Consommation de jus de pamplemousse et risque d’interactions médicamenteuses : étude transversale dans un service d’urgences médicales », Thérapie, vol. 66, no 5, , p. 421–429 (ISSN0040-5957 et 1958-5578, DOI10.2515/therapie/2011051, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Julie Grenier, Caroline Fradette, Gaetano Morelli et Gerald J. Merritt, « Pomelo juice, but not cranberry juice, affects the pharmacokinetics of cyclosporine in humans », Clinical Pharmacology & Therapeutics, vol. 79, no 3, , p. 255–262 (ISSN1532-6535, DOI10.1016/j.clpt.2005.11.010, lire en ligne, consulté le )
J. Brichet, « Pamplemousse ou pomelo : Une équivoque à supprimer », Fruits d'Outre Mer, vol. 1, no 10, , p. 297-300.
Alix Lefief-Delcourt, Le pamplemousse malin : Tous les bienfaits pour la santé, la beauté et la maison d'un ingrédient 100 % naturel, Leduc.s Éditions, , 192 p. (ISBN2848998709 et 9782848998701, lire en ligne). (L'auteur y explique clairement la différence entre les agrumes désignés sous ce nom.)
Michel Chauvet, 1980. Pamplemousse et pomélo : un cas exemplaire de conflit entre usage et norme. Journ. d'Agric. Trad. et de Bota. Appl., 27:(1), 1980, pp. 55-81. Lire en ligne
Ne confondez pas le pomélo et le pamplemousse Dans : 60 millions de consommateurs 445, 01/2010, p.60. Résumé : Informations sur le pamplemousse et le pomélo : origine géographique des agrumes, période de commercialisation, qualités gustatives et nutritionnelles. Lire en ligne (accès réservé aux abonnés).
Liens externes
Pour les appellations pamplemousse, pomélo et grape-fruit :