Olga Gutmann Benário naît en Allemagne, à Munich, en 1908. Son père, Leo Benário, est un avocat social-démocrate de renom qui plaide la cause de petites gens, et sa mère, Eugenie Gutmann, est issue d'un milieu juif aisé[2]. Elle a un frère aîné, Otto. À l'âge de 15 ans, Olga est membre d'un mouvement de jeunes communistes. En 1925, elle suit son compagnon Otto Braun à Berlin, où elle travaille pour le Parti communiste d'Allemagne.
À Moscou, Olga Benário participe au Ve congrès mondial de la Jeunesse communiste internationale en 1931. Cette même année, elle se sépare d'Otto Braun. En 1934, elle rencontre le communiste brésilien Luís Carlos Prestes, lui aussi réfugié en Union soviétique. Elle est désignée comme son garde du corps pour son retour au Brésil[5].
Ils traversent l'Europe - passant par Amsterdam, Bruxelles, Paris - pour rejoindre New York, Miami, Santiago, Buenos Aires et enfin le Brésil. Devenus mari et femme et établis à Rio de Janeiro, ils militent activement et participent à l'Aliança Nacional Libertadora(pt) (ANL), interdite bientôt par le gouvernement en place. En 1936, Vargas organise la répression du soulèvement militaire et fait arrêter Prestes et son épouse sur dénonciation[6]. Ses avocats tentent de faire jouer l'Habeas corpus de la cour suprême brésilienne qui interdit l'extradition d'un ressortissant du pays - Olga Benário étant enceinte de Prestes[7]. Pour la justice brésilienne, la loi martiale outrepasse les droits de l'Habeas corpus[8] et l'extradition d'Olga Prestes est justifiée par le danger qu'elle « représente pour la patrie »[9].
Olga Benário est embarquée de force et conduite à Hambourg où elle est attendue par la Gestapo et aussitôt emprisonnée. Sa fille, Anita Leocádia Prestes, naît en prison le [10]. Au bout de quatorze mois, celle-ci est confiée aux bons soins de sa grand-mère paternelle, Leocadia Prestes[10],[11]. En 1938, Olga est envoyée au camp de concentration de Lichtenburg, placée en confinement jusqu'à son envoi au camp de Ravensbrück par le premier convoi en 1939. Elle sera finalement assassinée dans une chambre à gaz à Bernburg (Aktion 14f13) en 1942 avec d'autres femmes prisonnières politiques[10]. Elle avait 34 ans[12].
Sa mère meurt en 1943 au camp de Theresienstadt[13]. Son frère Otto Benário est assassiné le à Auschwitz[14].
Aux côtés de Rosa Thälmann, Olga Körner et Martha Desrumaux, Olga Benário Prestes est l'une des plus importantes prisonnières du camp de concentration de Ravensbrück à avoir été commémorées publiquement lors des célébrations de la libération au Mémorial national de Ravensbrück en RDA[16].
En 1985 est publié Olga, une biographie d'Olga Benário écrite par l'écrivain brésilien Fernando Morais. La traduction française, intitulée Olga, Juive, Allemande, Révolutionnaire, est publiée par Chandeigne en 2015.
En 2004 sort une adaptation cinématographie faite par Jayme Monjardim(pt) de ce roman, Olga ; le film est centré sur son histoire d'amour avec Prestes[18].
En 2004 également, elle est l'objet d'un documentaire en Allemagne, Olga Benário - Ein Leben für die Revolution[19].
↑(en) Teresa A. Meade, A History of Modern Latin America : 1800 to the Present, Malden: Wiley-Blackwell, , 389 p. (ISBN978-1-4051-2050-0, lire en ligne), p. 186
↑« Une pasionaria entre Berlin et Rio », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑(en) Katherine Morris,ed., Odyssey of exile : Jewish women flee the Nazis for Brazil, Détroit, Wayne State University Press, (ISBN0-8143-2563-7), p. 126
↑(pt) João Henrique Botteri Negrão, Selvagens e Incendiários : O Discurso Anticomunista do Governo Vargas, Sao Paulo, Humanitas/FAPESP, , 210 p. (ISBN85-98292-74-5, lire en ligne), p.163
↑(pt) Paulo Fernando Silveira, O morro das sete voltas : guerrilha na serra da Saudade, Curitiba, Juruá, , 381 p. (ISBN978-85-362-2058-1, lire en ligne), p. 100
↑(pt) Emília Viotti da Costa, O Supremo Tribunal Federal e a construção da cidadania, Sao Paulo, UNESP, , p. 90
↑Annabelle Bonnet, « Les dernières Lettres d'Olga Benário : résister à la cruauté malgré tout (1938-1942) », Femmes en résistance : paroles et actes politiques, sous la direction de Sylvie Camet et Isabelle Mons, Paris, L'Harmattan, , p. 117-131 (lire en ligne)
↑(de) Jasmin Lörchner, « KZ Ravensbrück: Wie Aufseherinnen Gefangene quälten », Der Spiegel, (ISSN2195-1349, lire en ligne, consulté le )
↑Benario, Eugenie Livre du souvenir pour les victimes de la persécution des Juifs en Allemagne par les nazis (1933–1945), Bundesarchiv
↑Benario, Otto Livre du souvenir pour les victimes de la persécution des Juifs en Allemagne par les nazis (1933–1945), Bundesarchiv
↑(de) Anne-Kathleen Tillack-Graf, Erinnerungspolitik der DDR. Dargestellt an der Berichterstattung der Tageszeitung „Neues Deutschland“ über die Nationalen Mahn- und Gedenkstätten Buchenwald, Ravensbrück und Sachsenhausen, Frankfurt am Main, Peter Lang, (ISBN978-3-631-63678-7), p. 59, 64–65
↑(de) Ruth Werner, Olga Benario. Die Geschichte eines tapferen Lebens, Berlin, Verlag neues Leben,