OblitérationUne oblitération est une marque postale ou fiscale qui permet d'annuler la validité (découlant ou non de la valeur faciale) d'un timbre-poste ou d'un timbre fiscal, et d'indiquer également le lieu et la date de son apposition (Départ du courrier, transit, ou enregistrement de l'acte). Notons que ceci correspond à une définition contemporaine.
Fonctions de l'oblitération
L'invention du timbre mobile de port-payé, en 1840, a entraîné la nécessité de l'annuler chaque fois qu'il affranchissait une lettre. Car l'annulation du droit d'usage de tout timbre utilisé conditionnait le bon fonctionnement de la réforme postale de 1840 à l'origine de la naissance du Penny Black : il importait que le timbre-poste, destiné à prouver le paiement du port par l'expéditeur, ne soit pas utilisable une seconde fois. Pour autant les anciennes marques postales n'ont pas disparu et ont désormais été utilisées conjointement avec l'annulation, pour indiquer le nom du bureau et la date de départ.
Dans l'empire d'Autriche, les premiers timbres de 1850 ont été oblitérés avec une information sur le lieu du cachet, poursuivant ainsi une tradition des précurseurs. Ces oblitérations sont très variées en style (voir Cotation des oblitérations des timbres d'Autriche de la période 1850-1867). L'oblitération d'annulation, dite aussi "muette" (parce qu'on ne peut y lire le lieu d'expédition) est très rare[1].
Par la suite, comme pour le timbre, l'oblitération s'est vue investir de nouvelles fonctions accessoires à celle d'annulation :
- Des slogans ou illustrations patriotiques
- La commémoration de souvenirs historiques, scientifiques, etc. Couleurs des oblitérationsAprès l'expérience d'annulation en rouge du premier timbre-poste, couleur contrastée nécessaire sur un timbre aussi foncé que le 1 penny noir, la couleur par excellence des oblitérations postales devint le noir. Dans l'empire d'Autriche, outre la couleur noire de base, le rouge est réservé aux timbres pour recommandés; le bleu, le brun (Levant) et même le vert sont permis, et recherchés[2].
En Hanovre et Oldenbourg, la couleur de base est le bleu. Formes des oblitérationsLes oblitérations ont revêtu plusieurs formes, même si le cachet circulaire allait devenir finalement le plus courant:
Oblitérations manuscritesOblitérations postales manuscritesLes oblitérations postales n'ont qu'exceptionnellement été manuscrites :
Les timbres ainsi oblitérés sont très rares, mais doivent être conservés sur les plis entiers.
Oblitérations fiscales manuscritesCertains timbres fiscaux apposés par des particuliers ont nécessairement reçu des oblitérations manuscrites (cf. Philatélie fiscale). Ce sont :
Oblitérations socio-postales manuscritesSur les cartes d'assurances sociales françaises ou allemandes, les timbres de cotisation devaient être apposés en fin de semaine, et annulés par le cotisant lui-même, par inscription de la date sur chaque timbre. Cachets annulateurs spéciaux ou killers
- Par la suite des cachets composés de barres parallèles très rapprochées constituant un ovale presque entièrement noir ont remplacé cette première oblitération au Royaume-Uni. On a appelé ces oblitérations stamp killers (tueurs de timbre), avant de désigner ainsi, dans les pays anglo-saxons, tous les cachets maculant le timbre.
On a ensuite remplacé celle-ci en 1852 par un numéro dans un losange ou une étoile de points, désignant le bureau de départ. Ce numéro était initialement composé de Petits chiffres (ou PC), puis, de 1863 à , par un numéro dénommé Grands chiffres (ou GC). Mais en cette occasion, de nouveaux cachets à Grands Chiffres ont été créés pour remplacer les premiers cachets Petits chiffres. Il s'ensuit que, compte tenu des nouveaux bureaux créés, la plupart de bureaux français ont utilisé successivement 2 numéros différents, le premier à petits chiffres le second à grands chiffres. À la suite de cette réforme, certains cachets Petits Chiffres ont été redistribués à divers bureaux, nouveaux attributaires de leurs anciens numéros: Les philatélistes les ont surnommés les « petits chiffres des grands chiffres ». À noter que les timbres fiscaux de dimension apposés sur les actes, à partir de 1863 ont été oblitérés eux de « rectangles de points » à numéros. Ces numéros ne correspondent en aucun cas à ceux des losanges de points postaux, puisque le nombre de recettes de l'Enregistrement était différent de celui des bureaux de poste. Comme signalé plus haut, les oblitérations muettes sont rares dans l'empire d'Autriche: celle de Cracovie illustrée figure sur une lettre vendue 9500 FS en 2003[3]. Cachets à date utilisés comme annulateursCachets à date postaux' De 1849 à 1875, on l'a dit plus haut, les grilles d'oblitération, puis les losanges de points avaient été complétés de cachets à date frappés sur les plis, à côté du timbre et qualifiés pour cela de "cachets de lecture". Ce sont ces cachets à date qui, à partir de 1876, ont été apposés sur les timbres et sont devenus eux-mêmes, à partir de cette époque et jusqu'à nos jours, les oblitérations. Mais les cachets à date ont souvent été frappés 2 fois, une fois sur le timbre pour l'annuler, et une fois sur l'enveloppe, pour que le bureau et la date de départ soient bien lisibles. Du moins n'était-il plus nécessaire d'utiliser deux tampons successivement pour chaque lettre. Mais l'économie d'effort restait cependant limitée. Formes des cachetsCertains cachets d'oblitérations ont revêtu des formes originales, comme, en Bavière, des cachets en demi-cercle ou en roue de moulin (voir le « un kreuzer noir »). Probablement le champion des formes est l'empire d'Autriche: cachet linéaires, ovales, encadrés, doubles cercles, muets, etc. Un (tout petit) aperçu figure à l'article Cotation des oblitérations des timbres d'Autriche de la période 1850-1867 déjà cité. Cachets à date fiscaux
Mais ils ont coexisté avec les rectangles de points et non pris leur place, puisque ces derniers subsistaient encore dans certains petits bureaux comme celui de Guines, dans le Pas de Calais, jusqu'en 1942.
Oblitérations conjointes
Ainsi fut inventé un cachet de départ surnommé "Duplex", comprenant un cachet à date et un killer jumelés.
Oblitérations typographiques
Les timbres de journaux émis sous le Second Empire ont normalement été oblitérés typographiquement: Ils devaient être apposés, préalablement à leur impression, sur le papier des futurs journaux. De la sorte, l'impression de chaque journal annulait du même coup le timbre correspondant. Après la suppression des timbres de journaux des timbres-poste normaux ont continué à être apposés pendant quelque temps sur ceux-ci et ont reçu la même oblitération.
Lorsque, au début de la IIIe République, une taxe sur les Affiches a été instituée, les nouveaux timbres fiscaux d'affiches, ont normalement été collés sur le papier des affiches, préalablement à leur impression, et ont ainsi, à leur tour, été oblitérés typographiquement. Par la suite, quand les timbres d'Affiches ont été supprimés, à leur tour, en 1925, les timbres fiscaux généraux qui les ont remplacés, ont continué à être collés sur les affiches avant leur impression et ont reçu, eux aussi la même oblitération typographique. Oblitérations mécaniquesCe sont finalement les machines à oblitérer qui ont permis d'économiser la corvée de frappe des postiers.
- Une flamme française de fabrication américaine ("Bickerdike"), comportant un drapeau hachuré flottant, avec les lettres "R.F." à plusieurs types a été utilisée à Paris départ, puis à l'exposition de 1900. - Une flamme américaine a été utilisée, dans un bureau postal américain pour oblitérer divers plis revêtus de timbres français.
Force probante des oblitérations
Mais pour certaines procédures prévues par la loi, la date de l'oblitération ne peut servir de preuve que sur une lettre recommandée avec accusé de réception. Par précaution, certaines personnes envoient ces recommandés sur une feuille simple et soigneusement pliée, afin d'éviter certaines contestations liées à la théorie de l'enveloppe vide[réf. nécessaire]. En 2007, une note de service de La Poste (datée du ) impose de nouvelles normes d'oblitérations à la branche courrier (différente des branches "Enseigne", "Colis" et "Banque Postale"), officialisant la disparition des lieux géographiques déjà constatée depuis quelques mois sur les oblitérations Neopost et Toshiba.
Le statut des timbres oblitérésNeuf ou oblitéré ?Les philatélistes ont, dès la seconde moitié du XIXe siècle, souvent débattu de ce qu'ils devaient collectionner :
À l'origine, les pères de la Philatélie conseillaient vivement de retirer la gomme des timbres neufs, celle-ci risquant de se craqueler et de compromettre leur état. Ce système a été abandonné, et l'on a admis ensuite comme collectionnables les timbres-poste neufs non amincis portant des traces de charnières (c'est d'ailleurs toujours le cas pour les timbres neufs fiscaux, qui, selon le catalogue Yvert fiscal qui en donne les raisons, sont « de premier choix » s'ils disposent de légères traces de charnières, sur une gomme intacte). Mais de nos jours, pour ce qui concerne les timbres-poste, la majorité des collectionneurs les préfèrent avec une gomme intacte. C'est ce qui a entraîné l'apparition dans les catalogues, pour les neufs, de deux colonnes de cotes, celle avec et celle sans charnières.
La préférence des philatélistes avancés s'est portée de plus en plus sur les timbres neufs remplissant les conditions de qualité évoquées ci-dessus, et ces timbres neufs beaucoup plus demandés que les oblitérés ont atteint des cotes généralement plus élevées que ces derniers. Il y a cependant des exceptions pour certaines catégories de timbres, par exemple pour ceux des colonies allemandes qui cotent beaucoup plus cher oblitérés que neufs. Bien entendu, c'est la rareté qui fait la cote: beaucoup de timbres anciens des États allemands, du Levant autrichien, de Suisse ou de Finlande sont plus chers oblitérés (véritables !) que neufs. Quoi qu'il en soit, pour les jeunes débutants, les nombreux oblitérés coûtent moins cher que les neufs et sont donc plus facilement accessibles. Une vraie gomme des timbres rares anciens devient d'ailleurs un luxe qu'il faut expertiser ; nombreux sont les regommages. Les timbres des états anciens d'Allemagne ont dès lors 3 cotes (neuf avec ou sans gomme, oblitéré). Mieux vaut un neuf sans gomme, qu'un neuf regommé, qui sera détecté et déprécié en vente professionnelle. De nos jours, de nombreux collectionneurs ont les deux types de timbres dans leurs albums : les neufs servent à avoir une collection complète des émissions de son pays, les oblitérés permettent d'avoir une connaissance des émissions étrangères. Néanmoins, face à l'inflation du coût des émissions d'un seul pays, certains collectionneurs français commencent à collectionner leur pays en oblitéré seulement. Il est recommandé de ne pas mélanger les neufs et les oblitérés sur les mêmes pages, vu la grande difficulté de leur cotation (en cas de liquidation, mais aussi par respect philatélique). De plus, les oblitérés peuvent être réinstallés autant de fois que l'on veut par des charnières; chaque (nouvelle) charnière sur un neuf en diminue la valeur. Le collectionneur avisé ne mettra jamais de charnière sur un timbre neuf (il y a pour cela les bandes de protection prégommées dites "cristal"). Sur lettre ou décollés ?Un autre grand débat concerne uniquement les timbres oblitérés : faut-il les collectionner avec la lettre entière, sur un fragment de l'enveloppe ou décollés ? Certains timbres même ordinaires détachés méritent d'être conservés sur documents, pour diverses raisons, telles que les suivantes :
Les lettres et les timbres les plus anciens méritent souvent d'être conservés tels que le collectionneur les trouve, en raison de leur valeur potentielle et des risques de destruction au décollage à la vapeur ou dans l'eau. Pour les timbres actuels, tout dépend du souhait du collectionneur, de son intérêt pour la pièce en question, et de ses moyens en espace de rangement. AutresCertaines collections postales font la part belle aux oblitérations, en complément d'une collection de timbres d'un pays, ou pour renouveler complètement sa façon de collectionner : marcophilie, philatélie spécialisée, philatélie fiscale, philatélie thématique, maximaphilie, Premier Jour. Références
Bibliographie de base(à compléter)
Voir aussi |
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