Nicolas Régnier, ditRegnier ou encore Niccolò Renieri, né vers 1588 à Maubeuge et mort en 1667 à Venise, est un peintrebaroque influencé par le caravagisme qui a peint une grande partie de son œuvre en Italie, d'abord à Rome puis surtout à Venise. Son lieu et son époque de naissance font de lui un homme à double culture, des "peintres du nord" (et non pas "flamande") et française. Peintre apprécié, il devient aussi collectionneur et entrepreneur à succès et construit une vaste fortune.
Biographie
Formation
Régnier naît à Maubeuge (Comté du Hainaut) vers 1588[1], dans une famille francophone[2]; il a pour demi-frère Michel Desoubleay alias Michele Desubleo, lui aussi futur peintre[3]. Étant né dans les Pays-Bas espagnols, il est hennuyer, ou hannuyer par son lieu de naissance (c'est-à-dire né dans le comté de Hainaut, sujet du roi d'Espagne, car la région ne deviendra française qu'en 1678[1]), et donc de culture française : il reste toute sa vie l'homme d'une double culture[1].
Il se rend à Rome vers 1615, où il suit alors l'enseignement de Bartolomeo Manfredi[4] et entre sous son influence dans le cercle caravagesque[3], auprès de Valentin de Boulogne, Claude Vignon ou encore Nicolas Tournier. Il s'emploie d'abord à imiter fidèlement son maître. Sa lecture de la peinture de Manfredi est brillante et sensuelle, s'attachant à rendre la richesse des parures et tenues dans les portraits qu'il réalise[5].
Il gravit peu à peu les échelons de l'Académie de Saint-Luc, et devient le protégé du marquis de Giustiniani[3]. Il rencontre également Simon Vouet, lui aussi versé dans le caravagisme, qui influence l'œuvre de Régnier et lui permet d'élaborer une peinture plus précieuse (La Diseuse de Bonne Aventure, musée du Louvre), et davantage tournée vers un classicisme d'emprunt, que Régnier trouve également dans l'œuvre de Guido Reni[3].
Période vénitienne
Pour des raisons encore inconnues, il quitte Rome vers 1625 et se rend à Venise, où il ajoute à ses activités de peintre celles de marchand d'art et de collectionneur[3]. Sans pour autant cesser sa production, dont la période vénitienne sera la plus prolifique, son talent semble alors essouffler, et, sous l'influence de la peinture émilienne, arbore un caravagisme plus doux, dans des tableaux historiques et mythologiques, ainsi que dans des commandes religieuses et des portraits. Sa palette s'adoucit, tout en conservant une grande variété de tons ; la touche rapide est également typique de cette influence vénitienne[6]. Les toiles de Régnier sont alors empreintes d'une certaine emphase décorative et gestuelle, peuplées de jeunes filles éplorées, somptueusement vêtues.
Joueurs de dés et diseuse de bonne aventure,1624-1626, huile sur toile, 172 × 232 cm[9]
Rome, Palais Spada : David et la tête de Goliath, vers 1624-1625, Inventaire N°176. Également attribué à Bartolomeo Manfredi
Rome, Chiesa di San Giovanni Battista dei Genovesi (Église Saint Jean-Baptiste des Génois): Il battesimo di Cristo (Le baptême du Christ), tableau d'autel ("pala d'altare") du grand autel, 1627 ? Attribution récente non discutée de Claudio Striniani (La Fondazione Federico Zeri date entre 1620 et 1625 et maintien comme première attribution Tommasso Salini et en seconde Régnier)
Linda Borean, Francesca Cappelletti, Patrizia Cavazzini, Adeline Collange-Perugi, Oriane Lavit, Annick Lemoine et Maria Cristina Terzaghi, Nicolas Régnier (v.1588-1667), l'homme libre : [exposition, Musée d'arts de Nantes, 1er décembre 2017-11 mars 2018], Paris/Nantes, Liénart, , 271 p. (ISBN978-2-35906-218-2).
Chiara Lachi (trad. de l'italien), La grande histoire de l'art : Le baroque et le classicisme, vol. 8, Paris, Le Figaro, , 430 p. (ISBN2-35091-072-5).
Annick Lemoine, Nicolas Régnier (alias Niccolo Renieri) ca. 1588-1667 : Peintre, collectionneur et marchand d'art, Paris, Arthena, , 444 p. (ISBN978-2-903239-37-4).