Successeur du sous marin de poche Cyana de 1966, capable de plonger à 3000 m de profondeur, le Nautile est fabriqué en alliages de titane, avec une forme inspirée du mollusque nautile (Nautilida)[2], par une équipe d'ingénieurs et d'ouvriers de la DCN de Toulon (devenue aujourd'hui Naval Group Toulon) ainsi qu'aux ateliers de Creusot-Loire à Saint-Chamond avec pour chef de projet Ifremer (Institut Français de recherche pour l’exploitation de la mer) l’ingénieur Jean-François Drogou, la conception étant du département sous-marins du Service technique des constructions navales dirigé par Gérard Boisrayon.
Le Nautile est mis en service en 1984 par le CNEXO (l'année ou il devient Ifremer) et basé à La Seyne-sur-Mer près de Toulon où se situe le département des systèmes sous-marins de l'Ifremer. Il est armé par Genavir, et utilisé pour des missions d'observation, de mesures, de prélèvement d'échantillons, d'assistance aux sous-marins en difficulté, pour plonger à de grandes profondeurs, principalement pour des travaux de recherches scientifiques sur les grands fonds marins, avec entre autres, les zones hydrothermales et les zones de subductions, aussi que pour la plongée sur épaves...
Le caisson à échantillons peut être remplacé par un ROV de type ROBIN, Victor 6000, ou AsterX, système téléopéré depuis l'intérieur du Nautile, qui permet d'élargir son champ d'action, là où le sous-marin habité ne peut pas accéder. Il peut être opéré à partir des navires de surface tels que l'Atalante, le Pourquoi pas ?, ou le Nadir.
En 2018, l'Ifremer envisage de ne pas conserver ce sous-marin au delà de 2024, l’accusant d'être coûteux et vieillissant[3],[4] ; et en 2019, sa date de retrait de service est fixe en 2025[5]. Mais à la suite du vote d’un amendement porté par le sénateur Philippe Folliot lors des travaux sur la loi de programmation militaire 2024-2030 de 2023, la Marine Nationale est associe à l'Ifremer pour continuer l'exploitation du Nautile jusqu'en 2030 au moins. Ainsi, la marine française récupérera la capacité de protection et de surveillance des infrastructures sous-marines (Notamment des câbles sous-marins) qu’elle avait perdue en 1974 avec le retrait du bathyscapheArchimède[6]. En janvier 2024, l’Ifremer annonce donc la modernisation du Nautile, qui sera menée en plusieurs étapes. En 2024 puis 2026, les bras manipulateurs, les systèmes informatiques et la propulsion seront mis à niveau, puis en 2029, le flotteur arrivant en fin de vie sera remplacé par un nouveau modèle réalisé en mousse syntactique. Le sous-marin pourra ainsi continuer à opérer jusqu’au-delà de 2035, sa sphère de pilotage en titane le permettant[5].
Outre les bras manipulateurs et les paniers à échantillons, le Nautile est équipé d'un arsenal de caméras haute résolution conçues pour fonctionner dans les conditions extrêmes des grands fonds. Ces caméras, capables de capturer des images en 4K, permettent aux scientifiques d'observer en détail la biodiversité marine, les formations géologiques et les phénomènes hydrothermaux. Les données visuelles ainsi collectées sont essentielles pour comprendre les processus biologiques, géologiques et océanographiques qui se déroulent dans les profondeurs abyssales.
Quelques pilotes
Guy Sciarrone est le premier pilote historique du submersible le 5 novembre 1984. Il effectuera la première plongée 6 000 m de l'engin le 17 mars 1985. En tout il aura réalisé 262 plongées dans le Nautile
Jean Michel Nivaggioli a effectué la 100e plongée du submersible le 5 juillet 1986 lors de la mission BATHYROB ainsi que la 1000e le 5 septembre 1995 lors de la mission OCEANAUT 95. Il effectuera 189 plongées dans le Nautile
Pierre Triger, qui a découvert l'épave de la Lune, navire de la marine de guerre de Louis XIII, en mai 1993. Il a effectué plus de 200 plongées dans le Nautile
Jean-Jacques Kaioun a effectué la 1500e plongée du submersible le 7 décembre 2002 lors de la mission PRESTINAUT, il effectuera 227 plongées dans le Nautile
Franck Rosazza a effectué la 2000e plongée du submersible le 8 juin 2021 lors de la mission MOMARSAT21, il a effectué 231 plongées dans le Nautile
Caractéristiques techniques
Profondeur d'intervention : 6 000 m
Masse (pour une plongée à 6 000 m) : 19,50 t
Dimensions :
longueur : 8,00 m
largeur : 2,70 m
hauteur : 3,81 m
Sphère habitée :
équipage : 3 personnes
diamètre intérieur : 2,10 m
matériau : alliage de titane (Ti6Al4V)
hublots : 3 (diamètre 120 mm) en PMMA traité anti UV
Énergie par batteries au plomb ; capacité utile à 6 000 m :
37 kWh en 230 V
6,5 kWh en 28 V
Réglage d'assiette par transfert de mercure : ± 8°
Propulsion principale : 1 propulseur axial orientable (conception Mario Martinez)
Vitesse de déplacement longitudinale : 1,7 nœud (3,1 km/h)
Rayon d'action à 1,5 nœud : 7,5 km
Propulsion auxiliaire :
2 propulseurs verticaux
1 propulseur transversal à l'avant
1 propulseur transversal à l'arrière
Autonomie (travail sur le fond) à 6 000 m : 5 h
Télémanipulation :
1 bras de préhension à 4 degrés de liberté (+ ouverture et fermeture pince)
1 bras de manipulation à 6 degrés de liberté (+ ouverture et fermeture pince)
Centrales hydrauliques : 2
Communications :
téléphone sous-marin en plongée
émetteur-récepteur VHF en surface
Équipements :
1 sondeur d'altitude
1 sondeur à sédiment
1 sonar panoramique Tritech
1 Loch Doppler
1 caméra 4k DeepSea
2 caméras IP/HD
1 APN Nikon D5200 avec objectif 24 mm
9 projecteurs LED Bowtek
1 centrale inertielle Phins de chez Ixblue
1 balise de positionnement acoustique RT9
1 balise de positionnement acoustique RAMSES
1 panier à échantillons
Capacité d'emport pour matériel scientifique : 200 kg
Sécurité :
autonomie supplémentaire de sécurité : 120 h
9 dispositifs pyrotechniques d'allègement de sécurité
1 dispositif de repérage de secours
Notes et références
↑« Cyana », sur mediathequedelamer.com (consulté en )