Nathalie Henneberg, née Nathalie Novokovski le à Batoumi (actuelle Géorgie) et morte le à Paris est une autrice française de science-fiction. Jusqu'à la mort de son époux, Charles Henneberg, en 1959, les romans ont été publiés sous l'unique nom de celui-ci alors qu'il semble que Nathalie en était de fait l'autrice principale[1],[2]. Après la mort de son mari, elle publie d'abord sous le double nom de Charles et Nathalie Henneberg, puis sous son nom seul.
Biographie
Nathalie Novokovski est née à Batoumi (Géorgie) en 1910 de parents russes orthodoxes, Nicolas et Xénia Dimitroy. Sa famille quitte la Géorgie en 1920 avec les troupes du général Wrangel et émigra d'abord en Turquie, puis en Syrie et enfin au Liban. Elle rencontre Charles, sergent-major de la Légion étrangère française[3], en Syrie en . Ils se marient le à Damas[4].
Analyse de l'œuvre
Sous le nom de Charles Henneberg seuls sont parus une série de space operas flamboyants mettant en scène des protagonistessuperhéroïques, souvent des soldats ou mercenaires, et remplis de passions violentes et romantiques. La Naissance des dieux (1954) adaptait les mythologies grecques et nordiques dans un contexte de science-fiction. Échoués sur une autre planète, un scientifique, un astronaute et un poète y découvrent qu'ils peuvent, avec l'aide de leur psychisme, créer la vie et, finalement luttent à qui acquerra la suprématie. Conformément à la philosophie Henneberg, c'est l'astronaute qui est le héros, et le poète le bandit pervers. Le roman gagne ce qui devait devenir le prix Rosny aîné.
Le Chant des astronautes (1958) raconte une bataille contre des créatures faites d'énergie qui viennent du système stellaire d'Algol. An premier, Ère spatiale (1959) évoque le premier vaisseau spatialse déplaçant plus vite que la lumière. Finalement, La Rosée du Soleil (1959) évoque les aventures de quatre membres d'équipage d'un vaisseau spatial échoué sur un monde étranger.
Après la mort de Charles, en 1959, Nathalie commence par signer encore Charles puis finit par écrire sous son propre nom.
Elle demeure dans la veine science-fictive, mais fait de plus en plus intervenir l'imagination plutôt que les éléments de science-fiction. Et c'est ainsi qu'elle devient une précurseure de l'heroic fantasy française moderne.
Les Dieux verts (1961) racontaent le roman d'Argo et d'Atlena pendant l'âge d'émeraude de la Terre, dans le futur, à une époque où l'empire de l'homme est sur le déclin et où le monde est régi par « les dieux verts » éponymes, de puissantes entités du règne végétal.
Le Sang des astres (1963) est une œuvre colorée, explorant le thème des Elms, ou élémentaux – les esprits de la Terre, de l'Air, de l'Eau et du Feu – dans laquelle deux astronautes de l'an 2700 s'intègrent dans un monde médiéval ressemblant à la Terre, en Terre Sainte, dans des circonstances où le Juif errant dirige la kabbale ; ils y tombent amoureux d'une Salamandre femelle.
Le chef-d'œuvre de Nathalie Henneberg est La Plaie (1964), roman tentaculaire de 600 pages qui raconte la bataille désespérée que mènent une poignée d'humains et de mutants semblables à des anges contre une vague de mal à l'état pur qui balaie la galaxie et qui s'incarne dans les corps des « Nocturnes ». Sa suite, Le Dieu foudroyé, est parue en 1976.
Les travaux de Henneberg occupent une place unique dans le paysage littéraire des années 1960. Sa façon d'utiliser la langue française, qui trahit des influences germaniques et russes, convenait de façon exceptionnelle pour créer des personnages héroïques et des épopées romanesques plus grands que la vie elle-même. Elle a su construire des univers baroques authentiques, qu'elle décrit dans leurs détails.
Œuvres
Cette liste par ordre chronologique a été établie d'après celle publiée en 2006 par Charles Moreau[4].
La plupart des œuvres semblent actuellement épuisées. La Plaie (1963) et Le Dieu foudroyé (1976) sont encore disponibles aujourd’hui chez L'Atalante[5].
La revue Galaxies a publié en deux parties, en 2015, le roman Kheroub des étoiles, qui était resté inédit et les éditions Gandahar ont réédité la Rosée du soleil et la Forteresse perdue.
Années 1940
1949
Cécile des anges, nouvelle (publiée sous le nom de Nathalie Hennemont), in 84, nouvelle revue littéraire
Du Sang sur les roses, nouvelle (publié sous le nom de Charles Henneberg), Mystère magazine
1955
Ilse d'Arlberg, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Mystère magazine
1956
La Sentinelle, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Fiction, no 28
(rééd. 1957 et 1977)
1957
L'Évasion, nouvelle (publié sous le nom de Charles Henneberg), Fiction, no 39
(rééd. 1977)
1958
Pavane pour une plante, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Galaxie 1re série, no 56
(rééd. 1977)
Les Non-Humains, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Fiction, no 56
(rééd. 1977)
Le Chant des astronautes, roman (publié sous le nom de Charles Henneberg), Satellite, no 10 et 11
(rééd. 1975)
La Fusée fantôme, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Fiction, no 60
(rééd. 1977)
1959
La Planète pourpre, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Satellite, no 13
(rééd. 1977)
Vert comme espérance, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Satellite, no 16
(rééd. 1977)
Pêcheurs de lune, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Fiction spécial, no 1
(rééd. 1977)
Au Pilote aveugle, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Fiction, no 68
(rééd. 1975, 1988)
La Rose du pays des roses, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Mystère magazine, no 138
(rééd. 1975, 1988)
La Rosée du Soleil, roman (publié sous le nom de Charles Henneberg), « Le Rayon fantastique », Hachette, (Gandahar, 2019)
Exilées, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Satellite, no 22
(rééd. 1977)
An premier, Ère spatiale, roman (publié sous le nom de Charles henneberg), Fiction, no 71, 72 et 73
(rééd. 1972 (Nathalie Henneberg) sous le titre Le Mur de la Lumière)
Les Flammes mortes, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Mystère magazine, no 143
Années 1960
1960
Démons et chimères, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Fiction, no 74
(rééd. 1977, in Démons et chimères (recueil, publié sous le nom de Charles et Nathalie Henneberg), « Le Masque Science-fiction » no 66, Librairie des Champs-Élysées)
Galatée, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Satellite, no 25
(rééd. 1970)
(rééd. 1977, in Démons et chimères (recueil, publié sous le nom de Charles et Nathalie Henneberg), « Le Masque Science-fiction » no 66, Librairie des Champs-Élysées)
La Vallée d'Avallon, nouvelle (publiée sous le nom de Charles Henneberg), Fiction spécial, no 2
(rééd. 1976, in En un autre pays (anthologie, Gérard Klein), « Constellations », Seghers)
Du fond des ténèbres, nouvelle (Nathalie Charles-Henneberg), Fiction, no 81
(rééd. 1977, in Démons et chimères (recueil, Charles et Nathalie Henneberg), « Le Masque Science-fiction » no 66, Librairie des Champs-Élysées)
La Gorgée d'eau, nouvelle (Nathalie Charles-Henneberg), Mystère magazine, no 164
1961
Ysolde, nouvelle (Nathalie Charles-Henneberg), Fiction, no 86
(rééd. 1977, in Démons et chimères (recueil, publié sous le nom de Charles et Nathalie Henneberg), « Le Masque Science-fiction » no 66, Librairie des Champs-Élysées)
Monstre à voix de sirène, nouvelle (Nathalie Charles-Henneberg), Fiction, no 93
(rééd. 1978, in Les Anges de la colère (recueil, Nathalie Ch.-Henneberg), « Le Masque Science-fiction » no 72, Librairie des Champs-Élysées)
Les Anges de la colère, nouvelle (Nathalie Charles-Henneberg), Fiction, no 97
(rééd. 1978, in Les Anges de la colère (recueil, Nathalie Ch.-Henneberg), « Le Masque Science-fiction » no 72, Librairie des Champs-Élysées)
Les Squales, nouvelle (Nathalie Charles-Henneberg), Mystère magazine, no 164
Les Cierges noirs, nouvelle (Nathalie Charles-Henneberg), Mystère magazine, no 167
↑Samuel Minne, « Du Mal au démiurge : les humains en mutation dans La Plaie et Le Dieu foudroyé de Nathalie C. Henneberg », dans Les Dieux cachés de la science fiction française et francophone (1950- 2010), Presses universitaires de Bordeaux, (ISBN979-10-91052-11-5, DOI10.4000/books.pub.12431, lire en ligne), p. 223-232