La locution en anglaisname and shame (litt. « nommer et couvrir de honte »), traduite par mise au pilori[1], désigne le fait de « déclarer publiquement qu'une personne, un groupe ou une entreprise agit de manière fautive »[2]. Cette pratique, à l'échelle nationale ou internationale[réf. nécessaire], est fréquemment appliquée pour dénoncer des atteintes aux droits de l'homme[3].
Principe
Le naming and shaming à l'encontre de certains gouvernements a pu concourir à améliorer le respect des droits humains[4],[5],[6],[7]. Certains experts étudient si cette pratique a procuré les effets recherchés[8],[7],[6].
En France, la locution est employée telle quelle ; Europe 1 la définit comme l'action de « montrer du doigt une entreprise ou une personne qui se serait mal comportée, et la livrer ainsi au jugement populaire »[9]. D'après Marianne, « les réseaux sociaux ont décuplé l'effet name and shame, jusqu'à se transformer en tribunaux populaires »[10].
Exemples
Désigner des personnes ou des sociétés, dans l'objectif de les embarrasser, peut s'inscrire dans une stratégie publique pour encourager le respect des obligations légales ou pour inciter à réparer une fraude.
Au printemps 2009, au Royaume-Uni, le journal The Daily Telegraph publie l'identité de « députés et ministres qui ont bénéficié de remboursements pour des dépenses non professionnelles », ce qui a conduit à des démissions ; 390 députés ont dû rembourser les sommes perçues[11].
En 2010, le gouvernement britannique instaure un programme pour « citer les entreprises qui ne versent pas le salaire minimum à leurs employés », dans l'objectif de sensibiliser les sociétés quant à cette obligation légale et de dissuader les employeurs qui seraient tentés de violer la loi[12].
France Info qualifie de pratique du name and shame la publication, en février 2020, par le gouvernement français du « nom de sept entreprises françaises, soupçonnées de discrimination à l'embauche »[15].
En 2020 en France, le site du ministère du Travail affiche la liste nominative des entreprises de plus de 1 000 salariés en précisant leur score en termes d'égalité professionnelle femmes-hommes[16].
Réappropriation de la pratique avec les réseaux sociaux[pas clair]
Début 2021, la presse en France mentionne la prolifération de comptes sur les réseaux sociaux (notamment Instagram) : Balance ton cabinet, Balance ta start-up, Balance ton agency, où des employés ou ex-employés dénoncent des pratiques du travail peu éthiques ou illégales dont ils s'estiment victimes[17],[18].
↑(en) Elise Rousseau, « Power, Mechanisms, and Denunciations: Understanding Compliance with Human Rights in International Relations », Political Studies Review, vol. 16, no 4, , p. 318–330 (ISSN1478-9299, DOI10.1177/1478929918768979)
↑Jacqueline H. R. DeMeritt, « International Organizations and Government Killing: Does Naming and Shaming Save Lives? », International Interactions, vol. 38, no 5, , p. 597–621 (ISSN0305-0629, DOI10.1080/03050629.2012.726180)
↑(en) Matthew Krain, « J'accuse! Does Naming and Shaming Perpetrators Reduce the Severity of Genocides or Politicides? », International Studies Quarterly, vol. 56, no 3, , p. 574–589 (ISSN0020-8833, DOI10.1111/j.1468-2478.2012.00732.x, lire en ligne)
↑ a et b(en) Emilie M. Hafner-Burton, « Sticks and Stones: Naming and Shaming the Human Rights Enforcement Problem », International Organization, vol. 62, no 4, , p. 689–716 (ISSN1531-5088, DOI10.1017/S0020818308080247)
↑ a et b(en) Cullen S. Hendrix et Wendy H. Wong, « When Is the Pen Truly Mighty? Regime Type and the Efficacy of Naming and Shaming in Curbing Human Rights Abuses », British Journal of Political Science, vol. 43, no 3, , p. 651–672 (ISSN0007-1234, DOI10.1017/S0007123412000488)