Musée historique de HaguenauMusée historique de Haguenau
Le Musée historique de Haguenau est un musée situé dans la ville éponyme dans la circonscription administrative du Bas-Rhin et, depuis le , dans le territoire de la Collectivité européenne d'Alsace, en région Grand Est. HistoireLes premières collections furent réunies par la Ville de Haguenau dès le milieu du XIXe siècle. Il s'agissait de collections numismatiques, archéologiques, d'arts décoratifs et de traditions populaires. Il abrite une grande collection archéologique, d’art nouveau, d’art religieux, chrétien et juif, de beaux-arts, des manuscrits, ainsi que des tenues, des insignes et des armes d’histoire militaire. ArchitectureArchitecture extérieureEntre 1900-1905[1], le maire Xavier Nessel décide de construire le Musée historique pour y abriter sa fameuse collection dont il fait don à la ville[2]. Cet édifice de styles néo-gothique et néo-Renaissance est édifié par le cabinet d'architectes strasbourgeois Kuder et Müller (association entre les deux architectes de 1892 à 1906). Deux bâtiments construits à la même période à Strasbourg par ce cabinet d'architectes rappellent le Musée historique : la villa Mathy, 1 rue Herder à La Roberstau (1903) avec le fer forgé, les fenêtres et les pignons[3] ou encore la Palatia, le cercle de la corporation des étudiants, au 6 rue Pierre Bucher (1902) qui dispose des mêmes ferronneries aux grilles[4]. Le bâtiment est destiné à conserver les résultats des fouilles du maire Nessel (le musée), ainsi que les ouvrages et les archives municipales (la bibliothèque), comme l'indique le fronton de l'entrée. À l'extérieur, on trouve à l'angle de l'entrée du musée la sculpture de Frédéric Barberousse du sculpteur Charles Albert Schultz, une céramique au fronton de l'entrée du musée de "la cour de l'empereur" de Charles Bastian sur un modèle de dessin de l'illustrateur Léo Schnug et sous le porche de l'entrée une autre céramique de Charles Bastian représentant l'atelier du copiste Diebold Lauber inspiré d'un dessin de Léo Schnug. Les ferronneries (grilles du portail, des fenêtres) sont de Karl Weiss, ferronnier de Karlsruhe, mais la réalisation a été confiée au Haguenovien Wilhelm Ehrardt. Architecture intérieure
À l'intérieur du musée, on trouve de nombreuses décorations : on peut admirer une statue d'Herrade de Landsberg (dans le hall sous les escaliers) de Charles Albert Schultz, des fresques des entrées de Haguenau d'Auguste Spinner (la Porte de Wissembourg à Haguenau à la date de 1870, la Porte de Strasbourg à Haguenau, le Quai des Pêcheurs à Haguenau, l'église Saint-Nicolas) et des verrières héraldiques d'Auguste Schüler. De ce même peintre verrier Auguste Schüler, on trouve à droite à l'entrée la verrière du jugement de Richard Cœur de Lion par Henri VI (empereur du Saint-Empire) à Haguenau en 1193 qui s'inspire d'un dessin de Léo Schnug. CollectionsCollections archéologiquesLes premiers hommes s’installent principalement en lisière de la forêt de Haguenau, sur les terrasses bordant les rivières de Haguenau et Oberhoffen-sur-Moder en 8 000 av. J-C[5]. Selon le spécialiste et chercheur au CNRS Gilles Gaucher, le Musée historique de Haguenau recèle "une exceptionnelle collection d'objets des arts du Bronze et du Fer"[6]. Au sous-sol, on peut voir des objets de l'Âge du bronze (- 1 800 à - 750) et de l'Âge du fer (-750 à - 50) :
Le cahier de fouilles du maire Xavier Nessel (1834-1918) comporte des descriptions, des plans et des croquis. X. Nessel n’a jamais publié lui-même ses résultats mais ses carnets de fouilles ont été synthétisés par l'archéologue et conservateur du Musée archéologique de Strasbourg Claude Frédéric-Armand Schaeffer avec l'aide de l'archiviste de Haguenau l'abbé Gromer dans deux ouvrages, l'un édité en 1926, Histoire de pierre néolithiques du musée de Haguenau sur l'âge du bronze et l'autre en 1930, Les Tertres funéraires préhistoriques de la forêt de Haguenau sur l'âge du fer[8]. Le cahier de fouilles a été numérisé et est visible sur une vidéo. En face du cahier de fouilles numérisé se trouve une statue de Xavier Nessel réalisée, en 1918, par le sculpteur alsacien Alfred Marzolff à la demande de la municipalité de Haguenau en hommage au fondateur du Musée historique, à l'archéologue et au collectionneur.
La visite de la salle se termine par des armes et des bijoux des Mérovingiens datant du VIIIe siècle. De nombreux monastères sont en effet fondés à cette époque dans la forêt de Haguenau et au nord de l'Alsace, comme à Surbourg ou Seltz. Moyen ÂgeEn 2017, la salle médiévale du rez-de-chaussée a été entièrement refaite. Elle évoque la fondation du château vers 1115 par Frédéric II de Souabe, dit Frédéric le Borgne sur une île de la Moder pour protéger les possessions de son suzerain, l'empereur Henri V du Saint-Empire. Selon la légende, il aurait découvert le lieu au milieu de la forêt en chassant. Il autorise alors son vassal à fonder une ville sur la rive droite de la Moder qui porte le nom de "Hagenau". En 1164, son fils Frédéric Ier de Hohenstaufen, dit Frédéric Barberousse, empereur du Saint-Empire romain germanique, fait 9 séjours à Haguenau et rédige la charte de la ville de « Hagenau » et rénove la chapelle palatine. Ses successeurs Henri VI du Saint-Empire et Frédéric II (empereur des Romains) firent de nombreux séjours dans le château. Quelques vestiges du château montrent le prestige qu'avait cette résidence au XIIe siècle. En 1193, Richard Cœur-de-Lion fut jugé à Haguenau devant le tribunal impérial présidé par Henri VI du Saint-Empire (qui fit 13 séjours à Haguenau) pour avoir abandonné le combat de la Troisième croisade, comme le montre le vitrail à droite du hall d'accueil. La salle du rez-de-chaussée est ornée de vitraux des corporations, d'une représentation de la ville et du jugement de Richard Cœur de Lion présente une très belle collection de documents, de sculptures, de monnaies et d'objets de la période médiévale, on peut y voir:
Époque moderne des XVIIe siècle et XVIIIe siècleAu premier étage, le couloir est orné de pièces de mobilier, d'orfèvrerie et de peintures des XVIIe et XVIIIe siècles. La première salle, rénovée en 2018, présente quelques-unes des 7 270 monnaies d'alliage d'argent et de cuivre datant de 1560 à 1613 et trouvées lors d'une découverte dans un jardin à Preuschdorf en 2005. Dans la même salle, sont exposées des armes et des armures de cette période.
La deuxième salle, entièrement refaite en 2019, est dédiée au XVIIIe siècle. Elle comporte un original d'une carte de Ginter montrant les rues et les bâtiments de Haguenau au XVIIIe. Un dispositif informatique décrit les principaux bâtiments de cette période, comme l'hôpital bourgeois de Haguenau ou Hôpital civil de Haguenau construit en 1757, l'Hôtel Barth, situé au no 59, Grand'rue, achevé en 1760, l'Hôtel du bailli Hoffmann, aux no 55-57, Grand'rue datant de 1770, l'Hôpital militaire et bourgeois de Haguenau, actuelle médiathèque, terminé en 1788. Quelques orfèvreries, comme une horloge montrent le talent des artisans et la richesse du propriétaire. À cette période se diffuse la mode vestimentaire parmi la noblesse et la bourgeoisie : des dessins de robes et de perruques, des tissus, de coiffes et de la verroterie montrent ce phénomène. La ville de Haguenau s'est développée grâce à deux productions industrielles que sont le rouge garance et la faïence. Charles-François Hannong, un Hollandais installé à Strasbourg, obtient l'autorisation d'ouvrir une manufacture de faïence à Haguenau en 1724 en raison de la présence d'argile et de forêt, exploités depuis le Moyen âge par le village de Soufflenheim. Dix-huit personnes travaillent dans la manufacture spécialisée dans l'exportation de faïences blanches à décor bleu. En 1732, son fils cadet Balthazar dirige la manufacture de Haguenau avant de la revendre quelques années plus tard à son frère aîné Paul-Antoine Hannong en 1737. Il introduit la polychromie sur les faïences. Il trouve le secret de la fabrication de la porcelaine de Saxe, mais la Manufacture nationale de Sèvres ayant obtenu le monopole, il "délocalise" la production à Frankenthal en Rhénanie-Palatinat. Il laisse la direction de la manufacture de Haguenau à son peintre Adam-Frédéric de Loewenfinck (1714-1754) qui multiplie les décors floraux sur les faïences de Haguenau. La troisième génération, Joseph-Adam Hannong prend la direction de la manufacture de Haguenau en 1762. Il se place sous la protection du cardinal archevêque de Strasbourg, le prince Louis-Constantin de Rohan (1697-1779) et se fait prêter de l'argent pour trouver de nouveaux modèles qui sont coûteux à la fabrication. En 1775, les décors perdent en qualité. À la mort de son protecteur, il doit rembourser ses dettes, ce qui le conduit à la faillite en 1782[9]. Le foisonnement de découvertes scientifiques et de soif de connaissances est montré par la nouvelle carte réalisée à la suite des découvertes géographique du continent austral et par une page de l'Encyclopédie montrant les techniques de l'imprimerie et l'usage des caractères d'imprimerie[10]. Haguenau connaît les troubles de la période révolutionnaire, comme toutes les communes de la France, on y rédige un cahier de doléances, dont l'original de la commune est montré ; on forme une garde nationale (France) ; on assiste à la nationalisation des biens du clergé en Bien national pour rembourser les dettes de la France ; on diffuse l'assignat premier papier monnaie de la Révolution. Le clergé haguenovien se divise entre Église constitutionnelle et clergé réfractaire. La paroisse Saint-Nicolas de Haguenau aura ainsi deux curés jureurs ou constitutionnels et un curé réfractaire, Jean-Baptiste Bouffleur, déporté à l'Île de Ré qui reviendra ensuite dans sa paroisse. La guerre touche la Haguenau : l'Armée de Condé, constituant une Armée des émigrés contre-révolutionnaires, commandée par Louis V Joseph de Bourbon-Condé occupe la ville en octobre 1793. Après la Bataille de Berstheim du 2 décembre 1793 et la Bataille de Wœrth-Frœschwiller (1793), Haguenau est reprise le 22 décembre 1793 par les troupes françaises. Un film retrace la chronologie des événements révolutionnaires avec ses répercussions à Haguenau. Les XIXe siècle et XXe siècleUne salle est consacrée à la production de verre d'Art nouveau avec des exemplaires d'Émile Gallé et des frères Augustin et Antoine Daum (cristallerie) de l'École de Nancy (art) comportant des motifs végétaux, géométriques ou orientaux. Une salle montre la production de céramique Elchinger de Soufflenheim. La salle consacrée à la période historique allant de 1815 à 1945 est fermée, elle est en restructuration et doit ouvrir à nouveau en 2021. On pouvait y voir initialement :
Animations culturellesLe Musée historique participe à la Nuit européenne des musées, à la Nuit de la culture, et organise des expositions temporaires (dans une pièce située en face des archives, à la chapelle du couvent des Annonciades juste en face du musée, à l'Espace Saint-Martin, place d'Armes), des concerts de musique de chambre ou de piano, ainsi que des conférences sur l'histoire locale ou les collections du musée. Des Escape game ou jeu d'évasion grandeur nature, des démonstrations d'armes ou d'artisans permettent de mettre en scène le Musée historique et de faire découvrir les différentes collections à l'occasion des rénovations des différentes espaces ou de la commémoration d'événements historiques.
Les conservateurs du Musée historiqueLe Musée historique de Haguenau a été dirigé par plusieurs conservateurs qui ont mis en valeur les collections dans des salles d'exposition permanente ou temporaire, ont présenté des artistes alsaciens (illustrateurs, céramistes et peintres) ou ont rénové les différentes salles.
Notes et références
AnnexesBibliographie
Articles connexes
Liens externes
|