Les monts Mandara sont orientés nord-nord-est/sud-sud-ouest et s'étendent sur 150 km de longueur pour 70 de largeur. Cette zone surélevée du socle précambrien est constituée de granites et d’anatexites. On distingue trois structures[1] :
un ensemble de plateaux au centre ;
des zones très accidentées qui entourent les plateaux et présentent des versants raides sur les plaines extérieures ;
une zone périphérique constituée par les bordures de plaine qui est parsemée des petits massifs (inselbergs).
Les plateaux sont principalement composés d'anatexites, tandis que les zones accidentées sont composées, sauf à de rares endroits, de granites et granites d’anatexie.
La frontière entre le Cameroun et le Nigeria suit la ligne de partage des eaux, le Nigeria, à l'ouest, n'ayant qu'une partie minoritaire du massif.
Plateaux intérieurs
Les altitudes s’étagent entre 700 et 1 000 m. Du nord au sud, on distingue :
le plateau situé à l’est de Mokolo ; parcouru par les rivières Tsanaga et mayo Louti, il présente un paysage de collines ;
le plateau du Haut Mayo Louti à l’ouest de Mokolo, prolongé au sud le long de la frontière par le plateau Kapsiki. C’est le plus vaste et le plus haut ;
le plateau de Bourha-Tchevi, présentant de multiples pointements rocheux.
Zones accidentées
Elles forment des faisceaux entre plateaux et plaines, leur largeur ne dépassant pas 10 kilomètres. Au nord de Mokolo, se trouvent les points culminants : Oupay (1 492 m) et Ziver (1 412 m). Au centre, en pays Kapsiki, les altitudes des sommets varient entre 1 250 et 1 300 m. Le pic Ouroum, avec 1 257 m d’altitude, au sud de Doumo, est le point culminant du sud.
Zone périphérique
Certains inselbergs font plusieurs dizaines de kilomètres carrés et peuvent être constitués de plusieurs massifs accolés comme celui de Popologozum-Bossoum. On trouve aussi de nombreux reliefs résiduels : pitons rocheux de petites dimensions résultant de l'érosion passée.
Au nord, la plaine de Mora se loge dans une échancrure de la montagne ; à l’est, les plaines de Mada et de Gawar et celle de Mayo-Oulo, au sud, entourent les zones d'inselbergs.
Histoire
Les monts Mandara abritent le site archéologique des Diy-Gid-Biy qui ont été construits avant la venue du peuple mafa, et abandonné au moins pour l'un d'entre eux (DGB-1) au XVe siècle[2].
En 1945, le linguiste Jean Mouchet, missionné par l'Institut français d'Afrique noire, effectue des prospections ethnologiques dans les monts Mboku, Hurza, Mora et Udham qui font l'objet en 1947 de plusieurs articles dans le Bulletin de la Société d'études camerounaises.
Le , le groupe insurrectionnel Boko Haram prend le bourg de Gwoza situé dans les monts Mandara ; il y était présent depuis 2003-2004. En 2014, le groupe s'y renforce et étend son contrôle sur une plus grande région[3]. Le , la veille des élections présidentielles, l'armée nigériane annonce avoir repris Gwoza[4].
Ethnographie
Les monts Mandara sont peuplés par un grand nombre d'ethnies fractionnées sur chacune des montagnes et ne comptant généralement qu'une dizaine de milliers d'individus. Leurs langues appartiennent au groupe tchadique de la famille nilo-saharienne.
↑Antoinette Hallaire, « Les caractères généraux des monts Mandara », dans Paysans montagnards du Nord-Cameroun : Les monts Mandara, IRD Éditions, coll. « À travers champs », (ISBN978-2-7099-2499-3, lire en ligne), p. 13–67
(en) Gerhard Müller-Kosack, The way of the beer : ritual re-enactment of history among the Mafa, terrace farmers of the Mandara Mountains (North Cameroon), Mandaras Publishing, Londres, 2003, 408 p. (ISBN0-9544730-0-0) (d'après une thèse, Goethe-Universität) en ligne
Chétima Melchisedek, « Mémoire refoulée, manipulée, instrumentalisée. Enjeux de la transmission servile dans les monts Mandara du cameroun », Cahiers d'études africaines, Vol. 218, no 2, 2015, pp. 303-329.
Chétima Melchisedek, « Par ici l’authenticité ! Tourisme et mise en scène du patrimoine culturel dans les monts Mandara du Cameroun », Téoros. Revue de recherche en tourisme, Vol. 30, no 1, 2011, pp. 42-52.
(en) Judith Sterner, The ways of the Mandara Mountains : a comparative regional approach, Rüdiger Köppe, Cologne, 2003, 317 p. (ISBN3-89645-464-1) (texte remanié d'une thèse de doctorat d'Ethnologie, University of London)
Antoinette Hallaire, Les monts du Mandara au nord de Mokolo et la plaine de Mora : étude géographique régionale, IRCAM, ORSTOM, Yaoundé, 1965, 2 vol.
Antoinette Hallaire, Paysans montagnards du Nord-Cameroun : les monts Mandara, ORSTOM, Paris, 1991, 253 p. (ISBN2-7099-1028-4)
J. Mouchet, « Prospections ethnologiques sommaires de quelques massifs du Mandara (Monts Mboku, Hurza, Mora) », Bulletin de la Société d'études camerounaises, no 17-18, mars-
J. Mouchet, « Prospection ethnologique sommaire dans les montagnes du Mandara (Monts Udham) », Bulletin de la Société d'études camerounaises, no 19-20, sept-déc. 1947