Le monastère Mor Gabriel (en syriaque : ܕܝܪܐ ܕܡܪܝ ܓܒܪܐܝܠ (Dayro d-Mor Gabriel), en turc : Deyrulumur Manastırı), ou monastère Saint-Gabriel, est un monastère syriaque orthodoxe situé près de la ville de Midyat, dans la province de Mardin en Turquie. Il est parfois appelé Monastère de Qartamin[1].
Histoire
Il est fondé en 397 par les moines Mor Shmuel (Samuel) et Mor Shemun (Siméon) de Qartmin[2] sur les ruines d'un ancien temple païen.
Dans ce monastère, la Croix mosaïque s'inscrit sur un fond doré, entourée de feuillage. Cette croix, souvent reproduite dans les absides et lieux de culte de l'aire syro-mésopotamienne, est un signe de la victoire de l'empereur Constantin en 312, à la suite de laquelle il s'est converti au christianisme[3].
Il tira son nom actuel au VIIIe siècle de l'évêque Mor Gabriel de Qartmin (593-668)[4], consacré évêque monophysite par le Patriarche Athanase. Environ 12 000 ecclésiastiques y seraient inhumés.
Au XIVe siècle, l'invasion des Mongols de la Horde d'or entraîna la mort de quarante moines et quatre cents autres chrétiens[5] par suffocation[6],[7], et le monastère occupé pendant quatre ans[8]. Il a connu une certaine renaissance à partir de 1970. Il est aujourd'hui le siège de l'évêché du Tour Abdin et la résidence de son évêque, Mor Iwannis Ephrem Bilgic, et il abrite une petite communauté de sept sœurs et quatre moines[9].
À partir de 1962, Mor Julius Yeshu Çiçek, né en 1942 à Kafro Elayto, dans le Tur 'Abdin, décédé en 2005[11].
Depuis 1971, Mor Samuel Aktas.
Expropriation
De 2009 à 2012, un procès fut en cours contre l'État turc qui souhaitait prendre possession des quelque deux-cent cinquante hectares de terrain du monastère[12]. Le monastère a perdu son procès. Dans un contexte social qui aurait donné lieu à certaines persécutions[13], la Cour suprême turque a confirmé cette expropriation dans son jugement du [14]. Il semblerait que le monastère soit victime à la fois de réseaux d'influence, et d'une peur du retour des chrétiens qui exigeraient que leurs propriétés spoliées leur soient rendues[15]. En , la Cour de cassation de Turquie a donné tort au monastère en l’accusant d’occuper abusivement 24,4 ha de terres[16].
Bibliographie
Sébastien de Courtois, Le génocide oublié, Diyarbakir, Mardin, Midyat, Tur Abdin, éd. Ellipses, 2002, Paris, 317 pages (publications d'archives diplomatiques).
Sébastien de Courtois, Les derniers Araméens, le peuple oublié de Jésus (Tur Abdin), photographies de Douchane Novakovic, éd. La Table Ronde, Paris, 2004 et 2007.
↑François Boespflug, La Crucifixion dans l’art : Un sujet planétaire, Montrouge, Bayard Editions, , 559 p. (ISBN978-2-227-49502-9), p. 69
↑Mor GabrielIn the 7th century, it began to be called the "Monastery of Mor Gabriel" after it's bishop Mor Gabriel (+668). In 6th. century over 1000 monks resided at the monastery at a time.
↑Aramean Genocide of 1915-1918In the autumn of 1917 the tyrant Schendi organised a gang around him and attacked the monastery, he demanded that the sentries would had to leave and invaded the monastery: with his gang he killed the monks and deacons.
↑Mor Gabriel, un monastère chrétien au milieu du désert Aujourd'hui, il sert de résidence à l'archevêque de l'église syriaque orthodoxe du Tur Abdin (le plateau environnant). Il abrite également une petite communauté de sept sœurs et quatre moines dont l'objectif est de perpétuer la tradition chrétienne dans la région en pourvoyant à la formation et à l'ordination de moines venant des environs, d'où la présence d'étudiants dans ses murs.
↑Les moines de Mor Gabriel résistent à l'État turcTout a commencé par une mise à jour du cadastre en 2008 : au motif qu'ils ne sont pas cultivés, 250 hectares, dans l'enceinte du monastère, ont été requalifiés en «forêts» et sont tombés dans le domaine public
↑Turquie : Un ancien monastère syriaque vieux de 2 000 ans vandaliséDans la nuit du 13 au 14 juillet 2010 à Nusaybin dans la région de Mardin, l’ancien monastère syriaque Mor Yakup (Saint Jacob) qui fut la première université au monde, a été dégradé par des graffitis à caractère antichrétien
↑Turquie / l'espoir de Mar Gabriel Les braves villageois kurdes qui ont trouvé ces belles maisons vides, des villages chrétiens abandonnés, ne sont pas les seuls responsables. Ils ont des mentors, liés au régime, et disposant de relais dans les administrations – dont celle du Diyanet, l’administration religieuse –, de réseaux organisés... Des Syriaques d’Europe pourraient revenir et faire profiter de leur expérience à toute une province. Cela a déjà commencé dans plusieurs villages, et c’est peut-être là qu’il faut chercher les raisons cachées de ces procès. La crainte des retours. Celui de devoir partager la terre