La peinture de Sydorenko est figurative et se caractérise par le coup de pinceau énergique[8], l'application d'empâtements de peinture et une palette assez intense. Les traits gestuels de son œuvre se rapprochent de l'expressionnisme et parfois de l'abstraction. Ses sujets de prédilection sont le paysage, le portrait et la composition figurative, traités de manière égale, et toujours à grand renfort d'empâtements, qui sont la marque de son style[9].
« Paysagiste lyrique, {il} peint l’innombrable étendue du corps féminin. Il ne fouille jamais sa psychologie improbable… Il peint l’enveloppante peau diffuse, les poses de hasard, la mouvante enveloppe corporelle. »[10]. L'atmosphère, l'humeur, l’émotion jouent un rôle important dans ses tableaux. Ses « peintures sont comme une poésie. »[11].
Sur le plan technique, Sydorenko utilise à la fois des pigments et de la poudre de marbre. Il ajoute notamment, dans sa térébenthine, des cristaux de dammar qui donnent une glaçure cristalline à la couche de peinture, due à la réfraction de la lumière. Sydorenko mélange ses pigments avec de l'huile déjà en cours de travail, et y incorpore de la poudre pour épaissir la texture de sa peinture. Celle-ci, très en matière, gagne en relief. Il travaille tour à tour au pinceau, à la spatule et use également de ses doigts. Il aime souligner les lignes principales des rythmes, avec des battements et des éclaboussures. « Cependant, en dehors du sujet de la peinture, la recherche de la lumière au sens propre et figuré reste pour moi cruciale. [...] L'émotion, l'atmosphère de l'œuvre - c'est l'essentiel. L'art doit donner de l'espoir. » a-t-il dit dans une interview pour le journal ukrainien Le jour[12].
Réception critique
L’historien de l’art Robert Fohr écrit sur les thématiques dominantes et références des tableaux de l’artiste : « Misha Sydorenko, malgré ses références figuratives et sa grande culture visuelle, n’est pas un artiste académique, du tout. […] {Le style de son œuvre est caractérisé de} ce que les Italiens appelaient « pittura di tocco », une manière de peindre libre faisant ressortir le travail du pinceau et les qualités expressives de la matière. […] Daumier, Monet, Moreau, Monticelli, Sérusier et Bonnard, tels sont les noms qui me venaient à l’esprit […] mais aucune de ces connivences toutefois ne rendait compte de la poésie émanant d’une vision lyrique de la nature, d’une appréhension mystérieusement érotique du corps féminin, d’une empathie avec les visages, qui sont propres à l’artiste. […] Je me suis notamment arrêté devant les différentes versions de « Fontaine Médicis » pour scruter quelque chose de très difficile en peinture, le rendu du reflet de la pierre et des frondaisons dans un miroir d’eau. [...] {Ainsi que} les nus, tels « Les Fleurs du Mal » ou « La Grâce », dans leur relation complexe, distendue, avec ceux de Bonnard ou encore, pour certains, d’œuvres expressionnistes, en particulier d’Edvard Munch et d’Emil Nolde. Dans tout cela je n’ai pas vu un suiveur mais un peintre singulier, tant il est vrai que la création artistique, tantôt inconsciemment, tantôt de manière délibérée, se nourrit de l’histoire de l’art. »[4].
Le critique d'art Christian Noorbergen revient, dans l’ouvrage monographique, à propos du style de l'artiste peintre : « Parfois proche, dans ses sources profondes de Édouard Vuillard ou de Pierre Bonnard, voire des Fauves, il se sent proche d’un impressionniste incandescent ou d’un expressionnisme sensualisé. La peinture abstraite n’est pas très éloignée, quand la picturalité de sa toile se dissocie du sujet peint. La densité de matière, travaillée à cœur, peut rappeler Eugène Leroy, et ses profondeurs chargées.»[5].
Dans le magazine d'art contemporain Univers des Arts, le critique d'art Thibaud Josset écrit : « Misha Sydorenko est un artiste à l’écriture intemporelle et universelle. Son approche de l’histoire des arts dans laquelle il inscrit sa création avec autant de passion que de justesse, le classe dans une catégorie d’artistes à part, qui portent au front la couronne des individus-rois de leur univers en même temps que la modeste marque des serviteurs dévoués de l’art. [...] Ainsi brille dans son sommeil le pouvoir des images et des mots ; il élève, soigne et préserve le réel qui compte et qui souffre, lui que les réalités laides ne peuvent sous sa protection abaisser, blesser ni effacer éternellement. L’artiste avec son grand souffle est là pour le raviver. »[13].
Commentant l’une de ses expositions, le quotidien Ouest France observe : « L’artiste a la facture énergique, la pâte épaisse. Il travaille la texture, la matière, utilise des touches successives pour donner plus de relief à ses tableaux.»[14].
Misha Sydorenko Peintures monographie, Christian Noorbergen (préface) et Martine Boulart (entretien), Éditions Lelivredart, Paris, 2021 (ISBN978-2-35532-370-6)[5]
Anthologie d'art ukrainien : Idées, sens, interprétations des beaux-arts : pensée théorétique ukrainienne du XXIe siècle Roman Yatsiv, Ministère de l'éducation et des sciences de l'Ukraine, Académie nationale des sciences d'Ukraine, 4e vol., pp. 661-672 (980 p), 2021, (ISBN978-966-02-9755-5) (en ukrainien)
Catalogue Misha Sydorenko. Peintures, Introduction: Roman Yaciv Ph.d., Bernard de Wolff, 2016, Kyiv
Anthologie d'art ukrainien : Idées, sens, interprétations des beaux-arts : pensée théorique ukrainienne du XXe siècle R.M. Yatsiv, Académie nationale des Arts de Lviv, Institut d'ethnologie de l'Académie nationale des sciences d'Ukraine, 2e vol., p. 325, 2012, (ISBN978-9-66873-416-8) [30]
Irina Glotova, Travellog. Style Twin Peaks, livre, œuvre de Misha Sydorenko (Sur le pont, huile sur toile) en couverture, 2017 [32]
J.S. Dekkers, Tolerance and Immune Regulation in Rheumatoid Arthritis, livre, œuvre de Misha Sydorenko (Au miroir, huile sur toile) en couverture, 2019 [33]