Min Aung Hlaing

Min Aung Hlaing
Illustration.
Min Aung Hlaing, en 2021.
Fonctions
Premier ministre de Birmanie
(de facto, non reconnu internationalement)
En fonction depuis le
(3 ans, 4 mois et 23 jours)
Président de la Birmanie (intérim) –
Président Lui même (intérim)
Prédécesseur Thein Sein (indirectement)
Aung San Suu Kyi (indirectement, conseillère spéciale de l'État)
Président du Conseil administratif d'État
En fonction depuis le
(3 ans, 10 mois et 22 jours)
Président de la Birmanie –
Président Lui même (intérim)
Prédécesseur Fonction créée
Commandant en chef des Forces armées birmanes
En fonction depuis le
(13 ans, 8 mois et 24 jours)
Prédécesseur Than Shwe
Biographie
Date de naissance (68 ans)
Lieu de naissance Tavoy (Birmanie)
Nationalité Birmane
Profession Militaire

Min Aung Hlaing
Premiers ministres de Birmanie

Min Aung Hlaing (en birman : မင်းအောင်လှိုင်, prononcé : /mɪ́ɰ̃ àʊɰ̃ àɪɰ̃/), né le à Dawei (région de Tenasserim), est un général et homme d'État birman.

Il est commandant en chef de l’armée et dirige de facto le pays depuis le en tant que président du Conseil administratif d'État à la suite du coup d'État militaire qu'il mène. Il adopte différentes mesures pour mettre fin aux manifestations qui éclatent, dont le recours à la force, entraînant l'arrestation d'au moins 14 000 personnes et la mort de plus de 2 000 civils[1]. En août 2021, il forme un gouvernement intérimaire dont il est le Premier ministre et doit affronter une rébellion armée composée de divers groupes rebelles.

Biographie

Le père de Min Aung Hlaing est ingénieur civil au ministère de la construction. Min Aung étudie le droit à l'Université des arts et des sciences de Rangoun de 1972 à 1973, avant de rejoindre la Defense Services Academy à la 19e session de 1974. Il occupe des postes de commandement dans l'armée. Il se fait connaître en 2009 pour avoir mené une offensive contre l'armée insurgée de l'Alliance démocratique des nationalités du Myanmar à Kokang[2]. Il est nommé successivement lieutenant général (fin 2009) ; le il devient le nouveau commandant en chef des forces armées du Myanmar, en remplacement du chef de l'État sortant et chef de la junte, le général en chef Than Shwe ; vice Senior General en et enfin Senior General en .

L'importance du général en Birmanie

L’historien Thant Myint-U estime que depuis les années 1990 l'armée a toujours un rôle central dans le pays et qu'il y a toujours un homme fort en la personne de Min Aung Hlaing[3].

La répression des Rohingya

L'ONU et la plupart des pays et observateurs condamnent l'action de l'armée et donc celle de Min Aung Hlaing contre les Rohingyas qualifiée de nettoyage ethnique. Le commandant en chef le nie et déclare « que cette campagne n'était que la réponse aux attaques d’extrémistes Bengalis du 25 août »[4]. Il rencontre le pape le et lui affirme qu’il n’y a pas de persécution dans son pays[5].

Coup d'État

Le , Min Aung Hlaing conteste les résultats du scrutin et appelle à une vérification des listes électorales, sans quoi l'armée interviendrait pour résoudre la crise politique. La commission électorale dément ces accusations[6]. Le , l'armée dément vouloir perpétrer un coup d'État[7].

Le vice-président Myint Swe, membre du PUSD, devient président par intérim et lui transfère, comme l'autorise la Constitution[8],[9],[10],[11],[12] les pleins pouvoirs en sa qualité de chef de l'armée. Il proclame l'état d'urgence pour un an et dissout le parlement[13].

Le 1er août 2021, lors d'un discours ayant lieu six mois presque jour pour jour après le coup d'État, il annonce la levée de l'état d'urgence et la tenue de nouvelles élections en août 2023, et forme un gouvernement intérimaire dont il est le Premier ministre[14].

L'intensification du conflit armé à la suite du coup d’État aggrave la situation économique et sociale du pays. Les combats ont provoqué les déplacements internes de centaines de milliers de personnes, avec des conséquences directes sur l’approvisionnement en nourriture et, singulièrement, la nutrition des enfants. Avant le coup d’État, 2,8 millions de personnes souffraient de carences alimentaires et plus de la moitié de la population ne pouvait disposer d’un régime alimentaire adéquat. En juillet 2021, entre 1,5 million et 3,4 millions de personnes de plus pourraient basculer dans une situation d’insécurité alimentaire[15].

La Chine, qui tente d'isoler diplomatiquement la junte birmane, fait pression en octobre 2021 pour faire exclure le général Hliang du sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et y inviter des opposants politiques[16].

Le 22 juillet 2024, le président par intérim Myint Swe lui transfère ses pouvoirs pour raisons de santé[17].

Accusation par l'ONU de crimes contre l’humanité et crimes de guerre

Un rapport de l’ONU, publié le , accuse le commandant en chef de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre[18]. Ce sont les massacres à grande échelle commis par l’armée birmane contre les Rohingya, qui constituent les faits visés[19]. La commission de l'ONU chargée de l'enquête, dirigée par Marzuki Darusman, vise également cinq autres personnes, dont l'adjoint du commandant en chef, le général Soe Win.

À la suite de la publication du rapport de l’ONU le réseau social Facebook annonce avoir banni le compte du commandant en chef de l’armée[20], ainsi que ceux d’une vingtaine d’autres individus et organisations également sanctionnés, comme la télévision militaire Myawady.

Le 27 novembre 2024 un mandat d'arrêt est déposé par le procureur de la CPI pour crimes présumés contre l'humanité[21].

Notes et références

  1. (en) « UN expert calls for Myanmar action as death toll tops 2,000 », sur www.aljazeera.com (consulté le )
  2. (en) David Paquette, « Min Aung Hlaing Appointed Vice-Senior General », Irrawaddy,‎ (lire en ligne)
  3. Arnaud Vaulerin, « Thant Myint-U : «La Birmanie n’a jamais été totalement en paix» », Libération,‎
  4. Thomas Cluzel, « Rohingyas : l'armée birmane assume le nettoyage ethnique », sur franceculture.fr,
  5. Harold Thibault, « En Birmanie, le général Min Aung Hlaing au centre du jeu », Le Monde,‎  :

    « Ses troupes ont beau être accusées de nettoyage ethnique contre les Rohingya par le représentant des Nations unies sur les droits de l’homme, les Etats-Unis et une flopée d’autres acteurs internationaux, le plus haut gradé de la Tatmadaw est « aimé » par plus de 1,3 million de personnes sur le réseau social. »

  6. Bruno Philip, « En Birmanie, des cadres de l’armée font planer la menace d’un coup d’Etat », Le Monde, (consulté le ).
  7. AFP, « Birmanie : l'armée dément les rumeurs de coup d'Etat », Euronews, (consulté le ).
  8. (en) « Statement from Myanmar military on state of emergency », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) « Emergency Powers in Myanmar », sur Melissa Crouch, (consulté le )
  10. (en-GB) « Myanmar latest: NLD calls for Suu Kyi's release », sur Nikkei Asia (consulté le )
  11. (en-GB) « Myanmar coup: Aung San Suu Kyi detained as military seizes control », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Melissa Crouch, « The power and ambition behind Myanmar’s coup », sur The Age, (consulté le )
  13. AFP/Reuters, « Birmanie : Aung San Suu Kyi exhorte la population à « ne pas accepter le coup d’Etat » », sur lemonde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  14. (en) « Myanmar general promises to hold multi-party elections in 2023 », sur www.aljazeera.com (consulté le )
  15. « La Birmanie face au spectre de la malnutrition », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  16. (es) « Por presión de China, la ASEAN excluye al líder de la Junta Militar de Myanmar de la cumbre », sur derechadiario.com.ar,
  17. (en) « The leader of Myanmar's army government is named acting president so he can renew state of emergency », sur AP News, (consulté le ).
  18. Bruno Philip, « Un rapport de l’ONU accuse le chef de l’armée birmane de « génocide » : La pression internationale s’accroît un an après les massacres de Rohingya », Le Monde,‎ , p. 3
  19. Dorian Malovic, « Pour l’ONU, le chef de l’armée birmane doit être poursuivi en justice », La Croix,‎ (lire en ligne)
    La mission de l’ONU, qui n’a pas été autorisée à se rendre en Birmanie, a interrogé 857 victimes et témoins et s’est aussi servi d’images satellites pour évaluer le nombre de villages brûlés et abandonnés. Selon le rapport, « les crimes commis et la manière dont ils ont été perpétrés, sont de nature, de gravité et de portées similaires à ceux qui ont permis d’établir l’intention génocidaire dans d’autres contextes ».
  20. « Birmanie: la page du chef de l'armée fermée par Facebook », Presse océan,‎ (lire en ligne)
  21. « Birmanie: le procureur de la CPI dépose une requête pour un mandat d'arrêt contre le chef de la junte au pouvoir », sur RFI, (consulté le )

Liens externes