Micral est une gamme d'ordinateurs conçue et commercialisée par le bureau d'études R2E depuis 1973.
Le tout premier modèle de cette gamme, nommé « Micral », possède la caractéristique d'utiliser un microprocesseur, de posséder des dimensions réduites et d'être de prix abordable. Il est ainsi reconnu comme étant le premier micro-ordinateur de l'histoire[1].
En , installé dans une cave à Châtenay-Malabry, François Gernelle met au point son dernier prototype[4]. Fabriqué autour d'un microprocesseur 8 bits Intel 8008, cadencé à 500kHz, ses cartes mémoire de type MOS embarquent 2 Ko de RAM[5].
Il possède une carte de fond de panier nommée « Pluribus » dotée au choix de 11 ou 22 connecteurs de 74 broches, qui est conçue pour recevoir les différentes cartes électroniques de l'ordinateur. Cette architecture lui permet d’étendre facilement ses capacités en ajoutant des cartes ou bien de le faire évoluer en remplaçant d'anciennes cartes par des nouvelles. Il peut comporter une console système optionnelle qui est matérialisée par un panneau frontal muni d’interrupteurs[6]. Cette dernière peut être personnalisée en fonction des besoins de la clientèle.
La programmation de l'appareil se réalise à l'aide d'un téléscripteur[7] ou par modem. Le développeur de l'équipe, Benchetrit, fournit le moniteur résident(en) du Micral stocké dans une ROM, le MOMIC (Moniteur Micral 01) ainsi que son assembleur, l'ASMIC (Assembleur Micral 01).
Le , la commande de l'INRA est honorée[8]. La configuration de ce premier modèle nommée Micral sera commercialisée par la suite sous le nom de « Micral N ».
Le Micral N était vendu à un prix très bas pour l'informatique de l'époque : 8 500 francs en 1972.
La gamme des Micral s'étendra pour suivre l'évolution des technologies. Avec la participation d'Alain Lacombe et de Jean-Claude Beckmann dans la réalisation de nombreuses cartes d'entrées/sorties, le Micral sera capable d'être interconnecté, bénéficiera de microprocesseurs plus puissants ainsi que de l'apparition des disques durs, des écrans et des claviers[5].
Philippe Kahn sera chargé de travailler sur le SYSMIC logiciel système successeur du MOMIC.
Plus tard, Bull déposera le nom de marque « Bull Micral » en [9].
Le SYSMIC évoluera pour devenir le système d'exploitation multitâches en temps réel Prologue. R2E proposera ce dernier sur ses machines aux côtés de CP/M[10] ou de MS-DOS sur Bull Micral compatibles PC.
Le micro-ordinateur portable « Portal » est développé par le bureau d'études. Il fait son apparition en au salon du Sicob à Paris, soit huit mois avant l'Osborne 1 nord-américain ().
Tous modèles cumulés, les ventes de Micral s'élèveront à environ 90 000 exemplaires[11].
La paternité du Micral a été disputée par André Truong à François Gernelle, qui l'a emporté en justice en 1998[12],[13].
En février 2023, l'Association MO5.com annonce[18] avoir fait l'acquisition d'un exemplaire de Micral N.
Le 12 septembre 2024 le Micral N de Paul Allen est vendu pour 126 000$ aux enchères chez Christie's[19]. La vente fait suite à la mort de Paul Allen puis à la fermeture du Living Computers Museum causée en partie par la perte de revenu de ce dernier pendant la pandémie de la covid-19.
Gamme Micral
Époque R2E
1973 : Micral N, premier micro-ordinateur au monde construit par François Gernelle[20],[8].
1974 : Micral G, avec un processeur Intel 8008, 8 bits, cadencé à 1 MHz, 16 ko de RAM[21]
1974 : Micral S, avec un processeur Intel 8080, 8 bits[22]
1977 : Micral C, avec un processeur Intel 8080, 8 bits, 24 ko de RAM, écran intégré, lecteur de disquettes5¼ pouces × 2[24]
1978 : Micral V, avec un processeur Intel 8080, 8 bits, 32 ko de RAM, portable[25]
Époque Bull
1979 : Micral 80-30, avec un processeur Zilog Z80, 8 bits
1980 : Micral 80-20, avec un processeur Zilog Z80A, 8 bits, cadencé à 3 MHz
1980 : Portal, avec un processeur Intel 8085, 8 bits, cadencé à 2 MHz
1981 : Micral P2, avec un processeur Zilog Z80, 8 bits, cadencé à 5 MHz, 64 ko de RAM
1981 : Micral X, avec processeur Zilog Z80, 8 bits, disque dur amovible de 10 Mo (CII Honeywell Bull D140)[26]
1983 : Micral 90-20, avec un processeur Intel 8088, 16 bits, cadencé à 5 MHz
1983 : Micral 90-50, avec un processeur Intel 8086, 16 bits, cadencé à 8 MHz, 256 ko de RAM[27]
Compatibles PC
1985 : Bull Micral 30, avec un processeur Intel 8088 à 4,77 MHz, compatible PC-XT
1986 : Bull Micral 60, avec un processeur Intel 80286 à 6 MHz, compatible PC-AT
1986 : Bull Micral 35, avec un processeur Intel 80286 à 8 MHz
1987 : Bull Micral 40, avec un processeur Intel 80286 à 8 MHz
1988 : Bull Micral 45, avec un processeur Intel 80286 à 12 MHz
1988 : Bull Micral 65, avec un processeur Intel 80286 à 12 MHz
1988 : Bull Micral 75, avec un processeur Intel 80386 à 8 MHz
1988 : Bull Micral Attaché, avec un processeur Intel 8086 à 9,54 MHz, portable
1989 : Bull Micral 200, avec un processeur Intel 80286 à 12 MHz
1989 : Bull Micral 600, avec un processeur Intel 80386 à 25 MHz
En 1989, Bull rachète le constructeur Zenith Data Systems. Dorénavant, la gamme de compatibles PC s'appellera « Zenith ».
Relance de la marque
La marque Micral est relancée en 2016 par l’ingénieur Jean-Thierry Lechein, directeur de l'agence Absomod. Il s'agit du réemploi de la marque qui avait été abandonnée en 1989 par le groupe Bull, dernier fabricant des produits Micral. Il conçoit des Nano serveurs et des solutions Edge computing pour permettre de déployer des services et des applications mobiles dans les zones non couvertes par Internet (zones rurales, milieu industriel…) ou par volonté de sécurité des utilisateurs qui ne veulent pas faire transiter leurs données via la toile[28].
Bibliographie
Roger Bui, « Un miniordinateur pour moins de 8500FF », Zero un informatique, no 228, , p. 1, 5.
Pierre Mounier-Kuhn, « Le Micro-ordinateur : une invention simultanée », Pour la Science, .
« Micral 90-20 », Science et Vie, no 9, , p. 82.
Sciences et techniques, Société des ingénieurs civils de France, (lire en ligne), p. 15.
Notes et références
↑Mais pas le premier ordinateur personnel. D'autres ordinateurs personnels comme le Kenbak-1 ont existé avant, mais n'avaient pas de microprocesseur et donc n'étaient pas des micro-ordinateurs.
↑Un PDP-8 4K coûte en 1972 près de 45 000 FF soit 43 026 euros en 2011, calcul effectué via le site France Inflation.
↑« Rencontre avec François Gernelle », Le Petit Versaillais, no 12, , p. 9-10 (lire en ligne).
↑ a et bRodriguez François (Coord.) et Vignolle Jean (Coord.), Histoire de l'informatique : actes du Ve colloque, Toulouse, 28-30 avril 1998, Cépaduès, (lire en ligne), Présentation par François Gernelle.
↑(en) Réalisations Études Électroniques, Manuel du Micral N, (lire en ligne).
↑G. Bescher, Système de contrôle du stellarator Wega par le micro-ordinateur Micral G, URATOM-CEA, (lire en ligne), p. 12.
↑Réalisation Études Électroniques, Micral S, manuel du micro-ordinateur, (lire en ligne).
↑André Raynaud, « Le microprocesseur Micral », Sciences et Avenir, Les ordinateurs et la vie quotidienne, no hors-série no 24, , p. 96-102 (lire en ligne).
↑(en) R2E of America, Micral C, manuel de l'opérateur système, (lire en ligne).
↑(en) R2E of America, Micral V, manuel de l'opérateur, (lire en ligne).
↑(en) Computerworld, IDG Enterprise, (lire en ligne), p. 89.
↑« Micral R2E 9050 », Micro Systèmes, no 34, , p. 208-209 (lire en ligne).
↑Oscar Barthe et Dominique Filippone, « Micral renait de ses cendres dans l'IoT - Le Monde Informatique », LeMondeInformatique, (lire en ligne, consulté le ).