Les grands-parents de Michel Verret étaient bouchers dans un village de l'Artois. Son père, Alexandre Verret, d'abord vétérinaire, fortement engagé dans la Résistance au sein du mouvement Libération-Nord et à la SFIO, devint ensuite un haut fonctionnaire, qui termina sa carrière au Conseil économique et social.
Membre du comité de rédaction[3] de La Nouvelle Critique de 1958 à 1967, il y publie de nombreux articles, notamment sous le pseudonyme « Jean Néry ». L'un d'eux, en , « Réflexion sur le culte de la personnalité. Quelques remarques » pointe les aspects particuliers de l'Union soviétique, mais aussi les aspects universels (y compris pour le PCF) des dérives bureaucratiques du communisme[4]. En cela il est en avance sur les réflexions menées à l'intérieur de son parti[5]. Il apparaît alors proche de son « mentor » Althusser, sans appartenir au premier cercle[6], ne serait-ce de par son éloignement provincial.
Au cours de sa carrière d'enseignant-chercheur, il publie sa thèse d'État sur les étudiants (Le temps des études, 1976). Il fonde un laboratoire universitaire de sociologie, le Laboratoire d'études et de recherches de sociologie sur la classe ouvrière (LERSCO) dont il a assuré la direction à l'université de Nantes[7].
Il publie notamment une « trilogie sur l'ouvrier français, 1954-1975 » : L'espace ouvrier, Le travail ouvrier, La culture ouvrière, qui est emblématique de son œuvre de sociologue et des questionnements qu'elle suscite : le dernier volume, contrairement aux deux autres, est refusé par son éditeur universitaire, et il ne doit d'être publié qu'à une petite structure de la Région nantaise, aidé par le CNRS.
Membre du PCF jusqu'en 1978[8], il s'en détache sans éclat et sans renier ses propres aspirations émancipatrices. Marié avec une psychologue, Éliane Berenbaum [9], communiste également, le couple a eu quatre enfants.
↑« Michel Verret : le tracé singulier d'une vie », entretien avec Michel Verret réalisé par Yveline Lévy-Piarroux et Olivier Schwartz, Espaces Temps, volume 49, 1992 [1].
↑Numéro « Spécial dernière 311e » de La Nouvelle Critique, janvier-février 1980, p. 93-94 : Les comités de rédaction de La Nouvelle Critique
↑Frédérique Matonti, Intellectuels communistes. Essai sur l'obéissance politique. La Nouvelle Critique (1967-1980), éditions La Découverte, Paris, 2005. L'auteure estime, p. 63-70, que « la démonstration de M. Verret est sans doute la plus avancée possible, compte tenu des critiques dont le numéro fit l'objet au sein du Comité central. »
↑F. Matonti, op. cit., p. 82 : « Michel Verret et Louis Althusser »
↑Roland Pfefferkorn, « Pour une sociologie de la classe ouvrière », Le Monde diplomatique, .
↑« J'ai quitté le Parti, il y a dix ans, silencieusement, comme on quitte un mort », écrit-il en 1988.
Gérôme Guibert, “Michel Verret, un chaînon manquant”, in Éric Maigret & Laurent Martin (dir.), Les Cultural studies. Au-delà des politiques des identités, Lormont, Le Bord de l'eau, 2020, p. 187-208.