Diplômé de l'École navale, Michel Barré commence sa carrière comme officier de marine (1938-54), en étant capitaine de corvette, ce qui lui vaut la Croix de guerre 39-45, et l'honneur de diriger la mission polaire en Terre-Adélie (1950-1952)[3].
En revenant à la vie civile, il est ingénieur à la Société française de radioélectricité (1954), puis part en 1958 à la Compagnie générale de la télégraphie sans fil (CSF), dont il devient le directeur du groupement télécommunications, télévision et radio-navigation, puis le directeur des affaires civiles, professionnelles et spatiales, de 1962 à 1969. Après la fusion de Thomson avec la Compagnie générale de la télégraphie sans fil, il fait partie de la petite équipe chargée d'arbitrer dans les doublons résultant de la fusion, alors qu'il est déjà vice-président-directeur général (1969) de la toute nouvelle Compagnie internationale pour l’informatique (CII), dont il devient PDG en 1970[4].
Il fait face au leader français, la Compagnie des Machines Bull, devenu numéro deux mondial[5], dont les effectifs sont en 1970 de 10.500 employés en France, avec 62,6 % du marché français des équipements de deuxième génération, l'année où General Electric lui cède son activité informatique, alors qu'IBM a 65,1 % du marché français de 3e génération[5]. Michel Barré tente alors, sans succès, de convaincre ses actionnaires et l'État que la Compagnie internationale pour l’informatique peut se porter acquéreuse de l'ensemble Bull-GE, qui lui donnerait la taille critique sur le marché européen[6], en particulier sur les systèmes d'exploitation offrant de nouveaux concepts comme le temps partagé et le traitement par lots (batch), alors non-disponible chez IBM, mais présentes dans le "General Electric Comprehensive Operating Supervisor", rebpatisé General Comprehensive Operating System, le futur DPS-7 de la CII.
Malgré les réticence initiales, il parvient à ses fins en créant Unidata avec Siemens, lorsque ce dernier est mis en difficulté par la décision de RCA, son principal fournisseur informatique et l'un des sept principaux concurrents d'IBM, d'abandonner la construction d'ordinateurs. RCA avait en effet été pénalisé par la décision d'IBM d'infléchir sa politique de compatibilité de l'IBM 360[9] tout en cassant les prix.
Jean-Pierre Brulé lui a succédé en 1976, lors de la fusion entre les deux sociétés, Honeywell-Bull et la CII, négociée par l'un des actionnaires de la CII, Ambroise Roux, sans son aval, et à la suite de laquelle il va démissionner[10]. Michel Barré avait rencontré, auparavant, les dirigeants d'Honeywell, au cours de l'été 1974, mais jugé leur stratégie et leurs motivations contraire aux intérêts de la CII[11]. Paul Richard, le PDG de Thomson est, trois mois après, approché par l'autre grand actionnaire, Ambroise Roux, qui le convainc d'écrire le [11] une lettre commune au ministre de l'industrie Michel d'Ornano, pour souhaiter la fusion avec Honeywell, jusque-là rejetée par Paul Richard.
Michel Barré dirige ensuite Gibert Marine (1976-84) puis la société Comapar (1976-84), tout en étant membre du conseil de surveillance de Leroy-Somer (1977-84) et PDG de Philips Systèmes Médicaux (1976-91).
↑Paul-Émile Victor, Les Explorations polaires, tome IV de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 371.